Dans ce texte, celle qui se révèle en premier lieu c’est Gaëlle Nohant : à chaque nouveau livre, on sent la fougue qui l’a habitée pendant la phase d’écriture, le long travail de recherche qui la mène à chaque fois vers un équilibre parfait entre des vérités historiques à mettre en lumière et un souffle romanesque très fort.
Ici, c’est un personnage double qu’elle nous propose. Eliza quitte Chicago et c’est Violet qui arrive à Paris à la fin des années 40. Elle ne l’a pas voulue mais une nouvelle vie faite de nombreuses inconnues s’ouvre à elle. Son seul allié pour tout recommencer : son appareil photo dont la bride ne quitte jamais son cou.
À Paris, il lui faut se cacher mais aussi tout reconstruire, jonglant entre ses peurs et ses convictions les plus profondes. 20 ans plus tard, Chicago lui ouvrira ses portes à nouveau, lui permettant de laisser Eliza remonter à la surface de sa vie.
Voilà pour la partie romanesque qui enveloppe le trésor de ce texte : une plongée dans la lutte pour les droits civiques dans une Amérique d’après-guerre minée par le racisme, le libéralisme et le spectre d’une nouvelle guerre interminable, celle du Vietnam. À travers sa vie personnelle mouvementée, Eliza/Violet était la mieux placée pour, à travers son objectif, sa sensibilité, révéler au lecteur les dessous d’une époque où tant de choses se sont jouées.
Bravo à l’autrice pour ce nouveau roman qui nous fait voyager aussi bien intimement qu’à travers l’espace et le temps. Violet s’est aménagé une place dans mon coeur et je ne doute pas qu’il en sera de même pour tous les lecteurs qui attendaient son arrivée en librairie avec impatience.
Aurélie.
La femme révélée, Gaëlle Nohant, Grasset, 381 p., 22€.
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