J’avais un peu peur de le lire ce roman, j’avais tellement aimé Le Garçon, il m’avait tellement impressionnée que je me demandais comment Marcus Malte allait bien pouvoir nous éblouir à nouveau.
Voilà qui est brillamment réussi avec Aires, qui prend un chemin littéraire totalement différent et confirme le génie d’une des plus grandes plumes de notre temps.
Roland, Maryse, Claire, Frédéric, Catherine… de nombreux automobilistes s’entrecroisent sous nos yeux sur l’autoroute. Des instantanés de vie bourrés d’humour, de tragédie, de cynisme, entrecoupés de slogans publicitaires tombant à propos dans la narration, de points historiques, statistiques, de faits divers. La construction du roman est proprement hallucinante !
Chacun pense aller vers ce qui l’attend au bout de la route : un conjoint malade, une nouvelle vie, des vacances, de nouveaux projets professionnels… Mais le narrateur nous le dit très vite sans ambage, peu de nos protagonistes auront la chance de prendre une bretelle de sortie vivants.
Alors on s’accroche, on prend de la vitesse avec eux, on voit défiler leurs existences, leurs petits secrets, leurs qualités comme leurs pires défauts. Le suspense nous tient et ne nous lâche plus : quels liens peuvent exister entre ce chauffeur de poids-lourds, cette grande patronne, ce petit prof, ce couple de retraité, ce père acheteur compulsif, ces jeunes amoureux ?
À travers ces destins, Marcus Malte tisse un texte extrêmement engagé. Son humour ravageur souligne avec grande acuité les dérives de notre société, sa course aveugle vers le profit qui nous emmène droit dans le mur.
Aires est déjà présent sur les tables de vos libraires, foncez !
Petit conseil de lecture : si comme moi vous avez la chance de pouvoir lire en voiture, essayez de profiter au moins d’une partie du roman sur l’autoroute !
Aurélie.
Aires, Marcus Malte, éditions Zulma, 488 p., 24€.