Un p’tit grain de fantaisie, voici ce qu’est ce roman-récit de Pierre Terzian.
Terzian est un enfant d’Issy-les-Moulineaux, tombé un jour en amour d’une Québécoise.
« Qu’elle est belle, et forte, ma Québécoise. Même endormie tu vois qu’il ne faut pas la faire chier. Crisse de punk.(…) ». Voilà, le ton est donné dès les premières pages mais attention car « Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu » n’est pas un roman d’amour fleurant bon la baguette fraîche dans l’érablière (ou l’inverse, c’est toi qui vois), que nenni!, c’est avant tout un récit, une portion de vie de notre auteur, une expérience inédite et chaleureuse au sein des garderies montréalaises.
Terzian aime le « populaire » qui le lui rend bien. Notre homme a monté des spectacles au Théâtre du Peuple à Bussang, a travaillé à Pantin, Roubaix puis Montréal. C’est un personnage qui porte en lui une œuvre socialement engagée.
Il fait du bien ce livre chaleureux et caustique, mêlant souvenirs auprès de « ses » gamins – sans compter leurs pensées toutes à la fois abstraites, poétiques et crues – et l’engagement social de ceux et celles qui veillent au grain… ou pas.
« Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu » est une phrase de la petite Héléna, elle côtoie celle d’Elizabeth: « Globalement, chez les pauvres, y’a pas d’allergies. Et ça dort. », ou celle de Sébastien: « J’ai tout le temps envie de taper. Faut que je respire. » ou celle de Milan: « Moi je suis déguisé en Flash Mac Couille ».
Entre ces envolées lyriques défilent les portraits des petites et grandes gens, de la garderie d’Hochelaga à celle du Plateau, c’est à dire du bas du panier au haut du panier. Avec une nette préférence pour la gouaille du premier, de ceux et celles qui réclament avec véhémence et obstination la démission d’un certain Couillard, ministre de son état, mettant à mal le budget déjà minimum des Centres de la Petite Enfance.
J’ai refermé ce livre avec un pincement au cœur qui m’a fait dire que j’y serais bien restée un peu plus longtemps dans ce joyeux vacarme littéraire qui nous livre un témoignage tendrement décalé de ces espaces colorés où tendresse, fantaisie, colères, dérapages non contrôlés, trop d’amour, manque d’amour, révolte, soumission, rêves toujours farfelus et coups de fou, font bon ménage et nous donne à voir un éclatant portrait de société.
Craquant coup au ❤️🤘
Fanny.
Ca fait longtemps qu’on s’est jamais connu, Pierre Terzian, Quidam, 242 p. , 20€.