Il est même sacrément noir ce mois de janvier 1973 ! Écumez les pubs et les bordels de Glasgow sur les pas de l’inspecteur McCoy. Mais attention, ne le suivez pas de trop près quand même, il flirte avec certaines méthodes loin d’être orthodoxes qui peuvent éclabousser quelque peu…
Dans les bas-fonds d’une ville en souffrance, dans son atmosphère désenchantée et particulièrement sombre, vivez une enquête à la dure menée par un homme dont la part d’ombre met en relief une moralité parfaitement adaptée aux circonstances.
Sélectionné pour l’édition 2020 du prix « Rivages des libraires », Janvier noir est arrivé en poche début février, au moment où paraissait en grand format L’enfant de février, dans lequel le lecteur retrouvera avec plaisir l’indiscipliné inspecteur McCoy, son adjoint Wattie et leur chef Murray.
Lorsqu’est découvert sur le toit d’un immeuble le corps mutilé d’un joueur de football professionnel, au début d’une belle carrière, Mc Coy est chargé de l’enquête. Apprenant que la victime devait épouser sous peu la fille d’un grand ponte du trafic de drogue local, l’inspecteur et son adjoint Wattie auront très vite un suspect à se mettre sous la dent… Mais un second corps sera bientôt découvert.
Si le premier volume avait d’abord séduit par son cadre (Glasgow dans les années 70) et un personnage principal haut en couleurs, (trop) proche de certains des malfrats qu’il est censé traquer, marqué par de lourdes tendances à l’auto-destruction, Alan Parks parvient avec ce second volume à garder un rythme enlevé tout en se penchant au plus près de ses protagonistes, McCoy en tête, bien sûr mais pas seulement … On revient ainsi sur ses liens avec Cooper et certaines expériences communes vécues dans leur enfance, apportant ainsi un nouvel éclairage sur cette amitié trouble et tendue. C’est dans l’épaisseur qu’il donne à ses protagonistes que Parks se montre particulièrement convaincant, livrant des portraits nuancés, jamais dépourvus d’une bonne dose d’humanité. Ce supplément d’âme donne indéniablement un caractère plus savoureux aux rapports entre McCoy et ses collègues et s’annonce d’excellent augure pour les volumes à venir.
Au-delà de cet aspect psychologique autant qu’humain, L’enfant de février reste un polar plutôt classique dont la trame et la construction n’offrent rien de renversant, pas plus que l’écriture de Parks, plutôt sobre et classique. Il n’en reste pas moins que la violence et la noirceur omniprésentes ici contribuent à faire de ce deuxième opus une véritable réussite, plus marquante, sans doute, que Janvier noir, grâce aux qualités évoquées plus haut. On ne peut que souhaiter que la suite soit du même acabit et que, tout en développant les rapports entre ses personnages, Parks nous offre une fresque ténébreuse dans ce Glasgow de 1973, année que l’inspecteur McCoy risque de trouver longue …
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis.
Janvier noir, Alan Parks, Rivages / Noir et Rivages Poche, 365 p. / 520 p., 22€50 / 10€.
L’enfant de février, Alan Parks, Rivages / Noir, 410 p., 23€.