« Ça swingue en titi » pour cet incroyable Plongeur de Stéphane Larue.
Amateur-trice de littérature francophone « dans son jus », de cuisine, d’illustration, de Metaaaaalllll (lml) : ce livre est fait pour vous ! Un roman dont je suis ressortie sur les dents et enthousiaste.
C’est un roman tentaculaire qui, comme le poulpe dessiné en couverture, se déploie, se résorbe, vous pose ici, vous retient là, vous ramène là-bas. Le rythme est pris et ne vous lâche plus jusqu’à la dernière page.
2002, Montréal, Stéphane est dans une sacre de mauvaise passe : accro aux jeux d’argent, son esprit part en vrille, il en devient complètement addict. Un ami, Malik, lui ordonnera de se reprendre en main en acceptant ce poste de plongeur dans un restaurant nommé« La Trattoria ».
Mais c’est loin d’être la « dolce vita » dans cette brigade de grandes gueules, et un joueur reste un joueur ….
« Le taxi filait vers le nord, passant parfois trois feux verts de suite, la voiture donnant l’impression d’aller sur l’eau, portée par une longue houle au milieu de la ville blanche, endormie sous l’ambre glacé, et je me suis laissé somnoler, en route vers le bout de rien du tout, de rien du tout.«
Sur un rythme aussi endiablé qu’un air de Maiden, voici une histoire qui électrise et vous rend, à sa manière, dépendant. Le style est vif, hyperréaliste, dramaturgique, survolté. Vous y verrez des enseignes clignotantes, des néons agressifs, des gyrophares allumés, voici l’univers de la nuit dans un Montréal fait de grandes bouffes, de parties, de gang, d’alcool, de musiques puissantes et d’addictions multiples.
Le plongeur est un roman noir ultra citadin qui ne mâche pas ses mots ni ne cache son genre. Stéphane Larue est là pour vous provoquer des sensations et cela fonctionne magnifiquement.
Laissez-vous aller à la pulsation de sa vie, faites corps avec une brigade qui enchaîne les shifts et les doubles, entrez dans la danse du poulpe, retenez votre respiration et plongez !
Cet ouvrage est désormais en format poche, chez Points,(en sélection du Prix du meilleur roman Points 2019 d’ailleurs) et était paru en grand format, tout aussi graphiquement beau, en octobre 2016 chez l’excellente maison d’édition québécoise Le Quartanier.
Fanny.
Le plongeur, Stéphane Larue, Le Quartanier / Points, 576 p., 22€ / 480 p., 8.30€.