C’est très rare pour moi d’être séduite à ce point par un texte qui n’est pas fictionnel.
Disparaître, « refaire sa vie », tout effacer pour recommencer ailleurs. Mais recommencer quoi ?
Dans ce livre à double entrée, le journaliste Evan Ratliff partage avec nous une expérience hallucinante. Il est l’objet d’un concours pour le moins original : à l’heure où le numérique nous traque en permanence, il doit disparaître un mois des radars, la personne qui arrivera à le retrouver gagnera 5000 dollars. On se rend vite compte des limites d’un tel projet. Même extrêmement bien préparé, même avec une nouvelle identité, même « pour de faux », un stress immense et une paranoïa forte s’installent. Une meute d’anonymes part en chasse et dissèque chaque recoin de son intimité.
Une fois cette traque menée à sa fin, il reste au lecteur à retourner le livre et à lire un 2e texte où l’auteur enquête sur la tentative de disparition d’un Américain de 42 ans qui avait pourtant sur le papier tout pour être heureux. Laisser une montagne de soucis derrière soi pour finalement en escalader une toute aussi haute, quel est vraiment le prix à payer quand on veut tout effacer ?
Je termine en ajoutant que la qualité des textes est mise en valeur par un objet livre ultra réussi : une superbe couverture tant au niveau visuel qu’au toucher et des chapitres entrecoupés de photos qui nous permettent de suivre les transformations d’Evan tout au long de sa cavale.
Traduction de l’anglais (États-Unis) de Charles Bonnot.
Aurélie.
Disparaître dans la nature, Evan Ratliff, éditions Marchialy, 128 p. , 17€.