L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
« Il est temps que je te dise, lettre à ma fille sur le racisme », David Chariandy (Zoé éditions) – Fanny
« Il est temps que je te dise, lettre à ma fille sur le racisme », David Chariandy (Zoé éditions) – Fanny

« Il est temps que je te dise, lettre à ma fille sur le racisme », David Chariandy (Zoé éditions) – Fanny

Qu’il est beau ce texte de 111 pages, un pur bonheur de lecture, d’une tendresse et d’une intensité émouvantes à lire.
J’y ai reconnu des choses, j’ai aimé son ton, les ellipses, les identités du passé et du présent, l’amour, surtout, d’un père pour sa fille.

« I’ve Been Meaning to Tell You : A Letter to My Daughter » de David Chariandy, traduit par Christine Raguet (« La » traductrice de feu Richard Wagamese), devient « Il est temps que je te dise, lettre à ma fille sur le racisme ».

Je rapprocherai la puissance d’« Il est temps que je te dise » à celle du « Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe » de Chimamanda Ngozi Adichie (traduit par Marguerite Capelle). Chariandy y parle de la violence du racisme quotidien, Adichie y parle de la violence du sexisme quotidien. La puissance de ces textes tient, pour moi, au fait que racisme, sexisme, habitudes sociétales, sont dénoncés à la fois avec grande intelligence et grande bienveillance.
C’est dans ce contexte de lecture qu’on « écoute », je trouve, le mieux, qu’on lit et comprend de manière plus intense ce qui a été -et est toujours- insupportable.
Et dans leurs lignes, j’y ai ressenti quelque chose de plus vaste encore, l’envie de transmettre aux nouvelles générations, l’essence sublime des mots « égalité » et « liberté ».

L’histoire de David Chariandy est passionnante parce que, de ses origines afro-asiatiques, il nous adresse à tout à chacun(e), un portrait humaniste de notre société mélangée.
C’est de la douceur de lire ce texte.

Chariandy nous raconte ses blessures qui furent, à un moment de sa vie, quotidiennes, les remarques sur sa peau, ses origines. Il y avait des mots échappés provenant des habitudes crasses ou ces mots malsains destinés à atteindre délibérément leur cible. L’auteur tacle alors intelligemment l’indélicatesse, tout autant qu’il essaye de comprendre l’imbécile. Puis il s’émerveille du chemin parcouru – nous avec – et adresse à sa fille cette phrase magnifique:
« Tu n’es pas ce qu’ils voient et disent que tu es. Tu es plus que ça. »

C’est tout cela ce manifeste, c’est l’héritage de qui il était, ce qu’il est devenu : de ce passé, lointain ou non, qu’il a intégré, et de ce futur qu’il construit en regardant ses enfants.
Ce racisme qu’a subi Chariandy, il n’en fait pas une lutte mais une invitation à se définir libre, quelque soit sa couleur de peau, son sexe ou sa religion.

« Il est temps que je te dise » est un appel à la tolérance par le biais du marquage à l’intolérance, c’est ne pas nier cette douleur mais garder, de ce traumatisme, la graine de la résistance qui germa en lui en la faisant partager à sa fille, issue de son union avec une femme issue de la grande bourgeoisie canadienne blanche.
Lire ce manifeste, c’est combattre la bêtise, le jugement, l’aigreur, lire ces 111 pages, c’est aller vers le respect, c’est écouter une histoire et partir à la découverte de l’Autre.

Voici un manifeste coup au ❤️

Fanny.

Il est temps que je te dise – Lettre à ma fille sur le racisme, David Chariandy, éditions Zoé, 112 p. , 14€.

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