L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Les Orageuses, Marcia Burnier (Cambourakis) – Hélène
Les Orageuses, Marcia Burnier (Cambourakis) – Hélène

Les Orageuses, Marcia Burnier (Cambourakis) – Hélène

C’est d’abord le titre qui a attiré mon attention. Les orageuses. Comme une promesse de colère, de grondement, de collectif et de poésie . Ce texte est tout ça.
Lucie, Mia, Lila et les autres ont toutes vécu la même expérience : elles ont subi un viol, parfois sans même que le coupable ne se rende compte de la gravité de son acte. Chacune a connu des répercussions sur sa vie, aucune n’est plus tout à fait la même. Alors quand la justice et celleux qui sont censés vous protéger et vous défendre ne font rien ou presque, qu’est-ce qu’il vous reste?
Un premier roman envoûtant sur la force de la colère et du collectif et sur l’auto-justice. Un premier texte à la langue un peu râpeuse, un peu poétique qui questionne la violence. Peut-elle être légitime ? Peut-elle être nécessaire pour dépasser un traumatisme? Les femmes peuvent-elles s’autoriser à être violentes, comme s’interroge Lucie « pourquoi est-ce qu’on est privée de cette violence-là, pourquoi est-ce qu’on ne fait jamais peur, qu’on ne réplique jamais ?« 

« A-t-on le droit de se venger » serait une manière peu flatteuse de raccourcir le sujet de ce texte. Il s’agit bel et bien d’interroger les violences faites aux femmes, comment elles sont vécues dans la chair et dans la tête. Et ce qu’on fabrique, seule ou en groupe, pour s’en sortir. Les essais pour se relever et affirmer sa place dans l’espace public et la société.

Un roman assez intime sur un groupe de femmes, qui met en lumière la force de la sororité et la volonté ancrée de ne plus être qu’une victime, de réclamer son dû, d’ouvrir les yeux sur ceux qui nous entourent. La construction du roman, faite d’allers-retours sur l’histoire de chaque femme, renforce les mots précis de l’autrice sur ce qui a conduit chacune à agir. L’action et le regroupement comme armes de réparations. En quelques pages seulement, une des réussites de ce texte, l’autrice dit tout.

« Elles avaient décidé de refuser qu’on les qualifie de folle, de mythomane, qu’on leur reproche de détourner la réalité, de la dramatiser. Ce qu’elles voulaient, c’était des réparations, c’était se sentir moins vides, moins laissées-pour-compte. Elles avaient besoin de faire du bruit, de faire des vagues, que leur douleur retentisse quelque part ».

Hélène.

Les orageuses, Marcia Burnier, Cambourakis, 141 p. , 15€.

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