Cent quarante deux pages pour un roman vif et éclatant. Cent quarante deux pages pour nous donner à lire l’essence d’un monde.
Stéphanie Hochet portraitise un kamikaze de la Guerre du Pacifique. En peintre des mots, elle brosse un regard, une attitude, une éducation, une vision du monde. Ses phrases sont précises, affutées, le personnage prend des contours de plus en plus précis, s’étoffe.
Me voilà dans ce Pacifique où virevoltent des centaines de Kikusui ou « Chrysantèmes volants », cette jeunesse nipponne éblouissante se suicidant dans leur cercueil volant, piquant sur les navires américains ennemis.
Isao est un enfant de l’Empire du Soleil Levant, élevé par une grand-mère descendante de samouraï, portant haut l’honneur d’une nation. Isao, l’enfant déjà soldat, qui te raconte son éducation, ses croyances et ses doutes.
J’ai aimé ce ton clair qui communie avec la foi militaire du personnage, tout comme ces envolées poétiques qui introduisent la faille magnifique, celle laissant entrer les questions et l’absurdité de ce monde.
Parce qu’évidemment Stéphanie Hochet nous emporte au-delà d’une mission suicide et c’est toute la saveur de ce roman conté.
Sous le sceau impérial du Japon, Isao déploie ses pétales, est-ce à dire son histoire qui aurait pu se finir au fin fond d’un océan. J’ai aimé l’habilité de l’auteur à capter une époque, un lieu, une atmosphère et l’exploration d’un personnage pris dans l’étau de sa propre histoire et la vacuité de sa vérité.
D’une apparente simplicité, Hochet nous porte vers un rivage inattendu avec grande finesse, c’est surprenant et éblouissant comme un lever de soleil.
Coup de ❤️ façon katana.
Fanny.
Pacifique, Stéphanie Hochet, Rivages, 141 p. , 16€.