Après un drame ayant marqué son enfance, Odran entre au séminaire en Irlande dans les années 70. Sa mère a décrété qu’il avait la vocation et, docile, il la suit.
Dans une série de va-et-viens allant des années 60 à 2013, l’auteur construit une trame romanesque de haut vol où le personnage principal savamment mis en avant est le Silence. Odran évolue comme une ombre au sein de l’Église irlandaise, s’y sentant chez lui mais préférant rester à distance d’une certaine agitation qui enfle. Le respect que son col inspirait dans les années 80 s’est mué en dégoût au fur et à mesure où les affaires de pédophilie rejaillissaient sur tout homme portant une soutane.
Droit dans ses bottes, il traverse tant bien que mal la tourmente mais on découvre peu à peu en même temps que lui que tout cela pourrait le toucher bien plus personnellement qu’il n’y paraît.
John Boyne nous tient sur la corde raide et réussit à traiter un sujet extrêmement difficile avec une grande pudeur et un équilibre parfait.
Après Les Fureurs invisibles du coeur que j’avais adoré il y a quelques années, je retrouve ici le mélange de tendresse et de saine analyse dans le regard qu’il porte sur Dublin et le peuple irlandais.
Un grand, grand roman traduit brillamment de l’anglais (Irlande) par Sophie Aslanides.
Aurélie.
Il n’est pire aveugle, John Boyne, J.C. Lattès, 412 p. , 22€90.