« When the legend becomes fact, print the legend » (« Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende« ). Tirée du film de John Ford, L’Homme qui tua Liberty Valence, cette célèbre phrase illustre à merveille le destin des frères Dalton au sujet desquels nombre d’erreurs et d’approximations furent dites. C’est d’ailleurs le point de départ du scénario d’Antoine Ozanam, cette volonté du dernier survivant du gang de rétablir, autant que faire se peut, la vérité sur l’histoire de la plus célèbre fratrie de l’histoire des États-Unis.
Premier volume d’une série qui s’annonce plus que prometteuse, Mauvaise réputation attire immédiatement le regard grâce à cette splendide couverture due au talent d’Emmanuel Bazin.
« Le problème, c’est que les gens bien comme il faut veulent bien des types comme nous pour faire le sale boulot, mais après ils ne veulent pas nous voir. Ils ne veulent même pas savoir qu’on existe. »
Ces quelques mots prononcés par Emmett appuient là où ça fait mal et éclairent le singulier destin des frères Dalton, anciens marshalls passés de l’autre côté de la loi. En revenant sur quelques épisodes clés de leur existence aussi courte que mouvementée, l’ancien hors-la-loi montre comment l’injustice et le manque de reconnaissance peuvent changer des hommes qui ne cherchaient rien d’autre qu’un travail honnête qui suffise à leur permettre de gagner leur croûte.
Contacté par John Tackett, producteur de cinéma ayant pour projet un film sur les frères Dalton, Emmett, qui tente de vivre dans l’anonymat, va finir par accepter la proposition qui lui est faite. Poursuivi par des cauchemars alimentés par le whisky qu’il ingurgite en grandes quantités, Emmett va revenir sur l’histoire de sa vie et de celle de ses frères.
Chronique d’une chute, La véritable histoire d’Emmett Dalton propose l’instantané d’une période mouvementée de l’histoire des États-Unis en même temps que le portrait d’hommes aux prises avec une société qui semble les avoir refusés, marginalisés jusqu’à ce que la ligne rouge soit définitivement franchie. Ce premier volume constitue indéniablement une très belle réussite et apporte un contrepoint nécessaire à l’image des Dalton véhiculée ici par Lucky Luke depuis des décennies, aussi sympathique soit-elle.
Yann.
La véritable histoire d’Emmett Dalton, tome 1 : Mauvaise réputation, Antoine Onazam et Emmanuel Bazin, Glénat, 68 p. , 15€50.