Je pensais avoir le cul entre deux chaises. Pendant toute ou presque la lecture de Climax de Thomas B. Reverdy (Flammarion), j’avais vraiment cette impression, partagé que j’étais entre un sujet potentiellement intéressant et quelque chose qui n’arrivait pas. Au bout du compte, en refermant le livre, je ressens plus une gêne qu’autre chose.
Il y a pourtant ce thème des conséquences du réchauffement climatique qui renferme tant de possibles romanesques. Il y a pourtant une approche crépusculaire du récit, certes désormais classique et ressassée, mais qui peut toujours donner de belles choses sous réserve de n’en pas faire juste un effet. Il y a aussi, pourtant, quelques pages qui surnagent (dans le chapitre 20, par exemple) et qui laissent à penser que Reverdy pouvait faire mieux. Il y a enfin un personnage, Knut, plus exactement Knut et sa meute, auquel je me suis raccroché faute de mieux. En étant indulgent, il aurait mérité un roman pour lui tout seul, mais écrit par quelqu’un d’autre, par un auteur qui ne l’aurait pas balancé dans un récit dans lequel on ne sait pas vraiment ce qu’il vient y faire. Et c’est tout en ce qui me concerne pour le positif. C’est vraiment tout.
Car il y a d’abord ce parti pris auquel je n’ai pas adhéré du tout : insérer une partie du récit sous la forme de chapitres rédigés à la manière de ces vieux « Livres dont vous êtes le héros ». Sur le principe, pourquoi pas, mais ça ressemble ici à un effet de style qui n’apporte rien à l’ensemble si ce n’est combler le manque de littérature. Il y a ensuite une platitude abyssale, c’est dire, dans le propos. J’ai eu l’impression que Reverdy écrivait fatigué, sans être trop sûr de là où il allait sauf à vouloir enchaîner les poncifs sur l’état catastrophique de la planète. Il y a enfin, et même surtout en ce qui me concerne, le sentiment pendant des chapitres entiers, de ne lire que des articles oscillant entre Wikipedia et Science et Vie Junior sur l’écologie de l’Arctique. Reverdy semble découvrir son sujet et l’ampleur de la catastrophe écologique en cours. Ce n’est bien sûr pas un problème en soi. Le souci c’est qu’il ne fait rien de la documentation qu’il dit avoir nécessairement compulsée préalablement à l’écriture du roman. Il la récite juste. Il y a ainsi tout au long du livre des pages entières qui égrènent, au choix, les différentes espèces d’ours, les multiples expressions liées au loup, le comment les glaciers fondent, les principes de base de la chaîne alimentaire… le tout sans rien apporter au récit, à son rythme, à son intrigue, à son intérêt. Malaise.
J’ai refermé le livre en ne pouvant même pas dire que je n’ai pas aimé le texte tant le sentiment qui domine est vraiment une sorte de gêne à lire quelque chose que je trouve tellement raté. Raté au point que Climax m’a semblé aussi dévasté que le bout du monde qu’il était censé décrire après la catastrophe.
Thierry.
Climax, Thomas B. Reverdy, Flammarion, 336 p. , 20€.