Voilà maintenant plus de trois ans, je succombais au charme du précédent roman de Sebastian Barry, Des jours sans fin.
Quel bonheur de pouvoir retrouver les personnages qui m’avaient tant touchée. Pour autant, on ne peut pas vraiment dire que ce texte est la suite du précédent. Thomas McNulty et John Cole sont toujours présents mais c’est Winona Cole, jeune indienne qu’ils avaient adoptée qui tient cette fois le devant de la scène.
Quelques années après la fin de la guerre de Sécession, elle profite dans une petite ville du Tennessee d’une vie besogneuse mais paisible avec les gens qu’elle aime autour d’elle. Malheureusement, l’animosité des hommes blancs du Sud envers les Noirs affranchis et les Indiens connaît un regain inquiétant et cette atmosphère va être le terreau parfait à un drame qui va toucher Winona au plus profond de sa chair et de son âme…
Dans une langue merveilleusement rendue par la traduction de Laetitia Devaux, on partage pour quelques mois l’existence d’une jeune femme au caractère bien trempé dans une communauté toujours menée par des préjugés tenaces et pouvant mener au pire. Vivre avec elle les conséquences de ses décisions hâtives ou ses périodes d’indécision mélancolique, son passage plus que délicat de l’adolescence à l’âge adulte, cela n’a pas de prix et m’a fait grandement regretter de ne pas pouvoir l’accompagner au-delà de la dernière page du roman. J’ai vraiment eu l’impression de lâcher la main d’une personne précieuse que je souhaitais protéger encore un peu.
Aurélie.
Des milliers de lunes, Sebastian Barry, Joëlle Losfeld, 236 p. , 21€.