Il arrive souvent qu’une chronique me décourage de lire un livre. Il arrive aussi, parfois, qu’à en lire une, je sois certain que je vais être touché par le texte chroniqué.
Il y a quelques mois, dans le supplément livres du Figaro, j’ai découvert la sortie de Que sur toi se lamente le Tigre d’Émilienne Malfatto.
Je ne connaissais ni l’autrice, ni même l’éditeur.
J’ai pourtant su, allez savoir comment, que je serais touché.
À la lecture, ce fut le cas. Je ne savais pas, par contre, que je serais bouleversé.
Ce court roman est une tragédie au sens antique du terme. Un moment de lecture lumineuse au milieu du plus sombre de l’humain où une jeune femme, enceinte hors mariage et dont le compagnon meurt au combat, explique l’inexorable de sa mort en route.
Son assassinat à venir nous est raconté par les voix intérieures de chacun des personnages. Elle sera tuée de la main de son frère aîné avec l’accord tacite de toute sa famille, dont son autre frère, lâche, sa belle-sœur et aussi sa mère qui laissera donc un de ses enfants tuer une autre de ses enfants. Au prétexte qu’il ne peut en être qu’ainsi.
Plus que de destin, il s’agit de dire un monde qui change à chaque seconde mais qui n’évolue pas du fait des poids des mentalités, de l’interprétation des religions, de notre propension à faire l’horrible, de notre infinie capacité à ne pas nous dresser contre l’inertie du mal humain, du fait surtout de dire là-bas comme ici cette folie absolue des femmes comme forcément fautives, coupables et exutoires à l’incapacité des hommes à être autrement.
Brillant.
Sublime.
Et terrible, si terrible.
Thierry.
Que sur moi se lamente le Tigre, Émilienne Malfatto, Elyzad, 77 p. , 13€90.
Une des lectures qui m’a le plus touché !
C’est manifestement le cas de Thierry aussi, je crois qu’il est le seul de l’équipe à l’avoir lu. Merci de nous lire et bonne journée ! Yann.
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