L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Le Coeur à l’échafaud, Emmanuel Flesch (Calmann-Lévy) – Aurélie
Le Coeur à l’échafaud, Emmanuel Flesch (Calmann-Lévy) – Aurélie

Le Coeur à l’échafaud, Emmanuel Flesch (Calmann-Lévy) – Aurélie

On passe les portes du palais de justice dès la 1re page du roman en compagnie de Blaise. Convoqué, il va être l’un des jurés choisis pour un procès à la cour d’assises où un certain Walid Z. sera jugé pour viol.

On n’est pas en 2021 mais dans un futur proche où l’État a glissé lentement mais sûrement vers une xénophobie assumée et où les droits de l’Homme ont fortement reculé.

La peine de mort a été rétablie et Walid pourrait y être condamné s’il est reconnu coupable du viol de sa belle-mère et si celui-ci est aggravé par la démonstration d’un racisme anti-français.

C’est dans une atmosphère glaçante qu’on déroule le destin de ce jeune homme brillant ayant réussi à s’extraire de sa cité pour être admis à Sciences-Po puis à devenir thésard à la Sorbonne. Une succession de lois visant à réduire la liberté des citoyens français d’origine maghrébine remet pourtant assez vite en cause l’ascension de Walid.

C’est un homme hagard et désabusé qu’on retrouve dans le box des accusés. Témoins privilégiés de ces heures cruciales dans la salle du tribunal, nous accédons notamment aux pensées de deux des jurés, du juge, de l’avocat de la défense, de Claire (sa belle-mère) et d’Héloïse (sa fiancée). Plus on découvre les rouages de cette France ayant évolué vers le rejet de l’Étranger, plus on doute que le procès puisse être équitable.

La tension qui habite ce roman est de plus en plus forte, chaque personnage révélant ses failles dont on aimerait qu’elles profitent à Walid tant notre attachement à lui devient viscéral. On aimerait pouvoir ouvrir les yeux à la cour ou, encore mieux, forcer les pages du roman et faire nous-mêmes partie des jurés.

Énorme réussite que ce texte qui nous projette dans une réflexion subtile sur l’évolution possible des valeurs de notre République. On tremble pour un homme mais on tremble aussi pour le futur et l’équilibre de toute notre société.

Aurélie.

Le coeur à l’échafaud, Emmanuel Flesch, Calmann-Lévy, 285 p. , 18€90.

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