Au moment où le blog fête sa deuxième année d’existence, l’heure du bilan a sonné. Si 2021 n’a pas forcément été à la hauteur de nos attentes (bel euphémisme), on pourra néanmoins se réjouir de quelques lectures bienvenues, attendues ou pas, qui nous ont permis de voyager un peu ou d’oublier pour quelques heures le marasme ambiant. L’équipe d’Aire(s) Libre(s) s’est donc prêtée avec plaisir à la désormais rituelle sélection de l’année. Il s’agit là de livres lus en 2021, sans tenir compte de leur date de publication. On y retrouvera nombre d’éditeurs dont nous aimons et suivons le travail avec attention, de nouvelles voix et de vieux briscards. Bref, de quoi démarrer 2022 tranquillement en attendant les nouveautés qui se bousculent au portillon et parmi lesquelles on a déjà repéré quelques textes qui devraient apporter un peu de lumière en ces temps obscurs (oui, c’est grandiloquent mais l’époque s’y prête). Merci à vous de nous lire, Aire(s) Libre(s) saison 3, c’est parti !
Yann
Pour moi, cette année aura été placée sous le signe de la nouvelle, avec pas moins de trois recueils sur 10 titres retenus. De nouvelles voix dont chacune m’a marqué à sa façon, déstabilisé ou amusé, intrigué ou bouleversé. À ce titre, Indice des feux est réellement une des plus belles lectures de ces dernières années et la nouvelle titre m’a pris au ventre avec une intensité rarement rencontrée en littérature. On trouvera finalement dans cette sélection peu d’auteurs confirmés mais il aurait été difficile de ne pas y faire apparaître Richard Powers, Lance Weller ou James Sallis qui parviennent à nous toucher à chaque livre. Pour faire simple, 2021 est à nouveau une belle année de lecture et il faudra s’en réjouir tant le besoin d’évasion s’est fait ressentir durant les douze derniers mois.
Indice des feux d’Antoine Desjardins (La Peuplade)
Western Spaghetti de Sara Ànanda-Fleury (Le Quartanier)
Les oiseaux du temps d’Amal El-Mohtar et Max Gladstone (Mu)
Francis Rissin de Martin Mongin (Tusitala / Pocket)
Le cercueil de Job de Lance Weller (Gallmeister)
Sidérations de Richard Powers (Actes Sud)
Sarah Jane de James Sallis (Rivages / Noir) – Chronique à venir
Lorsque le dernier arbre de Michael Christie (Albin Michel / Terres d’Amérique)
Presqu’îles de Yan Lespoux (Agullo Court)
Les plus observateurs d’entre vous auront noté que seuls neuf titres apparaissent sur la photo. Le 10ème est une bande dessinée exceptionnelle qui s’est hissée sans mal au-dessus du lot cette année. Il s’agit de Carbone et Silicium de Mathieu Bablet, chez Ankama.
Mélanie
Sidérations de Richard Powers (Actes Sud)
Au printemps des monstres de Philippe Jaenada (Mialet-Barrault)
La carte postale d’Anne Berest (Grasset)
Ultramarins de Mariette Navarro (Quidam)
Memorial Drive de Natasha Trethewey (L’Olivier)
The white darkness de David Grann (Éditions du sous-sol)
Les enfants de la Volga de Gouzel Iakhina (Noir sur Blanc)
Là où nous sommes chez nous de Maxim Leo (Actes Sud)
Et puis ça fait bête d’être triste en maillot de bain d’Amandine Dhée (La Contre-Allée)
Par instants la vie n’est pas sûre de Robert Bober (P.O.L.)
Seb
Tempête Yonna de Cyril Herry (In8) – Chronique à venir.
Le continent de Raphaëlle Riol (Le Rouergue)
L’ancêtre de Juan José Saer (Le Tripode)
La certitude des pierres de Jérôme Bonnetto (Inculte)
Julius Winsome de Gérard Donovan (Le Seuil)
La route de Cormac McCarthy (L’Olivier)
Une confession de John Wainwright (Sonatine – 10/18)
Tordre la douleur d’André Bucher (Le Mot et le Reste)
L’homme incendié de Serge Filippini (Libretto) – Chronique à venir.
Le pouvoir du chien de Thomas Savage (Gallmeister / Totem)
Aurélie
Division avenue de Goldie Golbloom (Bourgois)
Un bref instant de splendeur d’ Ocean Vuong (Gallimard)
Le Coeur à l’échafaud d’Emmanuel Flesch (Calmann-Levy)
Hamnet de Maggie O’Farrell (Belfond)
Indésirable d’Erwan Larher (Quidam)
Le silence selon Manon de Benjamin Fogel (Rivages / Noir)
Les Contreforts de Guillaume Sire (Calmann-Levy)
La Porte du voyage sans retour de David Diop (Le Seuil)
Nous sommes les chasseurs de Jérémy Fel (Rivages)
Shuggie Bain de Douglas Stuart (Globe)
Fanny
Pour ma pomme, cette année 2021 fut marquée, notamment, par la littérature autochtone et québécoise. Voici les invité-e-s de cette table idéale de discussion 🙂
En attendant Shimun de Laure Morali (Boréal). Un chemin poétique en Côte Nord, au sein du pays de Papakassik. L’auteure, d’origine bretonne et grande amie de Joséphine Bacon, te parle, dans sa langue sensible, de ce peuple qu’elle chérie tant, de cette terre Innue. C’est une échappée, belle comme un chant de liberté.
Peuplement de Mahigan Lepage (Leméac). Gaspésie, années 70, une gang d’amies porte des rêves de vivre ensemble, au plus proche de la terre. Une galerie, plus qu’attachante, de personnages hauts en couleurs portés par une plume magnifique. Un très grand petit livre.
La rivière de Peter Heller – traduction Céline Leroy – (Actes Sud). Haletant ! Un feu fou furieux courant après des personnages qui peuvent en cacher d’autres… c’est diabolique et grandiose. Le maître Peter Heller à son meilleur.
Notre cœur bat à Wounded Knee – L’Amérique indienne de 1890 à aujourd’hui de David Treuer – traduction Michel Lederer -(Albin Michel). J’aurais franchement adoré avoir David Treuer comme prof d’histoire ! Voici un monument d’érudition ou comment aborder, avec une facilité désarmante, la question de la réalité autochtone américaine et prendre les chemins de traverse qui rendent l’aventure encore plus palpitante. Love it !
Mononk Jules de Jocelyn Sioui (éd. Hannenorak). Coup de cœur partagé avec l’équipe de la librairie Hannenorak de Wendake. L’auteur, dramaturge et marionnettiste, revient sur un sacré personnage de sa famille: Jules Sioui. Et ça déménage sévère avec cet humour mordant qui caractérise un Jocelyn passionné passionnant. Un récit nécessaire, drôle, plein de charisme, d’intelligence et parfois… d’effroi.
Auassat – à la recherche des enfants disparus d’Anne Panasuk (éd. édito). In-dis-pen-sa-ble, et une chronique à venir en Aire(s) Libre(s). J’ai été bouleversé, littéralement. Avec sa plume précise et vive de journaliste et d’anthropologue, l’auteure mène l’enquête sur les enfants Innus disparus dans diverses communautés de la Côte Nord aux mains, au début des années 70, des pères Oblats. Une claque. Pour moi, ce livre devrait être lu et expliqué dans toutes les écoles de Québec, du Canada, de France et de Belgique pour entamer un punaise de gros débat (ouaich ça grogne au dedans) sur notre aveuglement, entre colons et colonisés. Je le réécris: indispensable.
Celui qui veille de Louise Erdrich – traduction Sarah Gurcel – (Albin Michel). Je l’aime d’amour depuis longtemps Louise Erdrich; voici l’un de ses romans les plus flamboyant et personnel. 1953, Dakota du Nord,un homme d’âge mûr et une femme d’âge tendre, deux générations, deux caractères unis par leur idée de la liberté d’être au Monde, une même communauté, celle de Turtle Mountain; ça commence comme dans un film et c’est époustouflant. Du grand Erdrich où tu comprendras toute l’ambivalence et la perversité de la politique blanche à l’égard des réserves indiennes.
Tiohtiá:ke de Michel Jean (Libre Expression). Sur l’hexagone, tu as peut-être entendu parler du très beau succès de « Kukum » et « Maikan » ?(« Le vent en parle encore », titre québécois). « Tiohtiá:ke », signifiant « Montréal« , lieu historiquement connu comme site de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations, est ce roman où se retrouvent ceux et celles rentrés détruit-e-s des terribles pensionnats autochtones. Inuit, Cris, Atikamekw, Anishinabés, Innus, pas de ségrégation dans la douleur, et c’est Élie qui nous portera aux confins de son combat. Un foudroyant roman te faisant dépasser les clichés, porté par cette plume vive et toujours aussi humaniste.
Le peuple rieur – Hommage à mes amis Innus de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque (Lux). Au début des années 70, tout jeune anthropologue, Serge Bouchard arrive à Ekuanitshit (Mingan). Sur de nombreuses années, il nous confie ses rencontres marquantes sur le territoire Innu nommé Nitassinan. Et là, le bonhomme est passionnant. Son récit fluide, t’emporte, sa plume, généreuse, te fait ressentir toute une Humanité, celle avec un grand H.
Kuei, je te salue – conversation sur le racisme de Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard (éd. écosociété). Une relation épistolaire moderne entre une romancière-poétesse Innue et un romancier québéco-américain. Tu apprends, tu comprends, tu agis autrement. De l’intelligence et de la sincérité, quoi de mieux en ce moment pour combattre ce racisme affreusement ordinaire.
Born in the Usa – traduction Nicolas Richard – (Fayard). Tu as alors cette impression d’être dans cette ferme du New Jersey aux 1000 guitares, à feuilleter l’album de famille de deux copains, Bruce Springsteen et Barack Obama… what else ?;) Je ne suis résolument pas objective donc je vais t’éviter la montagne de superlatifs. C’est juste « super chouette », voir « exquis ».
Enjoy your meal ! et Belle année à toi !
Véro
Ohio de Stephen Markley (Albin Michel / Terres d’Amérique)
Pastorale Américaine de Philip Roth (Folio)
Croire aux fauves de Nasstasja Martin (Verticales)
Désert solitaire d’Edward Abbey (Gallmeister / Totem)
My absolute Darling de Gabriel Talent (Gallmeister / Totem)
Impossible d’Erri de Luca (Gallimard)
Une année à la campagne de Sue Hubell (Folio)
Carnets d’explorateurs de Lewis-Jones et Herbert (Paulsen)
Petite sœur, mon amour de Joyce Carol Oates (Philippe Rey / Points)
Indice des feux d’Antoine Desjardins (La Peuplade)
Méridien de sang de Cormac McCarthy (L’Olivier)
Gaëlle
Le démon de la colline aux loups de Dimitri Rouchon-Borie (Le Tripode)
Jours de Sable d’Aimée de Jongh (Dargaud)
D’or et d’oreillers de Flore Vesco (L’École des Loisirs)
Ma tribu Pieds-nus de Stéphane Nicolet (Casterman)
Se faire virer de Manon Delattre (Éditions du Commun)
Les roses fauves de Carole Martinez (Gallimard)
Impasse Verlaine de Dalie Farah (Grasset / Mon Poche)
La folie de ma mère d’Isabelle Flaten (Le Nouvel Attila)
Villebasse d’Anna de Sandre (La Manufacture de Livres)
Ultramarins de Mariette Navarro (Quidam)
Blizzard de Marie Vingtras (L’Olivier)
Pleine terre de Corinne Royer (Actes Sud)
Mortepeau de Natalia Garcia Freire (Bourgois)
À la folie de Joy Sorman (Flammarion)
Hélène
– Boccanera, Michèle Pedinielli (Éditions de l’Aube)
– Changer d’air, Jeanne Macaigne (Les Fourmis Rouges)
– Paresse pour tous, Hadrien Klent (Le Tripode)
– Mathilde ne dit rien, Tristan Saule (Le Quartanier)
– Le Silence des carpes, Jérôme Bonetto (Inculte)
– Les Messagères, Christophe Lambert (Slalom)
– Les Fossoyeuses, Taina Tervonen (Marchialy)
– Jours de sable, Aimée de Jongh (Dargaud)
– Les Étincelles invisibles, Elle McNicoll (L’École des Loisirs)
– L’âge du fond des verres, Claire Castillon (Gallimard)
Et bien, c’est varié ! Ma wish a un peu grossi, mais je suis restée raisonnable 🙂
Hé hé hé … C’est vrai qu’il y a du choix et de la diversité ! Merci de nous suivre et meilleurs voeux ! Yann.
Non, non, pas merci !! Mon banquier est en crise ! PTDR
Bah, ça ne me tuera pas, au point où j’en suis… 🙂