Pierre-Henry Gomont s’est définitivement imposé sur la scène de la BD française avec ses trois derniers albums, Pereira prétend (Sarbacane – 2016), Malaterre (Dargaud – 2018) et La Fuite du cerveau (Dargaud – 2020). Il y conjugue l’art de raconter des histoires et un talent graphique certain.
S’attaquant cette fois à un registre plus léger, pour ne pas dire burlesque, il propose avec cette Fuite du cerveau un album résolument vif et fantaisiste, rythmé par des péripéties drolatiques.
Le 18 avril 1955, quelques heures après la mort d’Albert Einstein, Thomas Stolz est chargé d’autopsier le célèbre physicien. Décidant délibérément de passer outre aux dernières volontés d’Einstein qui souhaitait être incinéré afin que nul ne puisse idolâtrer ses ossements, Stolz retire et pèse le cerveau puis le découpe, en garde quelques morceaux et en donne d’autres à des pathologistes reconnus afin d’essayer de percer l’origine du génie allemand.
S’appuyant sur ces faits historiques avérés, Gomont choisit le ton de la comédie survitaminée : les protagonistes s’engueulent, les portes claquent, le FBI s’en mêle et, cerise sur le gâteau, Gomont ressuscite Einstein qui va accompagner Stolz dans ses pérégrinations à visée scientifique. Faisant de Stolz un personnage porté par l’ambition et une intelligence parfois limite, il livre un récit sans temps mort dans lequel chacun cherche à mettre la main sur le cerveau dérobé.
On se réjouira du plaisir manifeste qu’a pris Pierre-Henry Gomont à la réalisation de cet album, tant par l’allure effrénée du scénario que par la fluidité de son dessin, que l’on sent plus libre, moins « soigné », peut-être, que dans ses précédents albums mais tout aussi efficace. La cohérence entre forme et fond fait de cette Fuite du cerveau un petit bonheur de lecture que l’on a l’impression de partager avec son auteur.
Yann.
La Fuite du cerveau, Pierre-Henry Gomont, Dargaud, 192 p. , 25€.
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