Les manifestations tatouent l’esprit parce qu’elles entrecroisent, à la fois, les vérités intimes, la solitude, les croyances mystiques, les élans de vie, la créativité forcenée et l’étrange hasard.
Encore un roman québécois qui bouscule, émeut, racle l’âme.
Le fil rouge est cette famille qui se disloque. Sarah, la mère, part chercher une vie plus riche, plus excitante, là, maintenant, tout de suite. Ophélie, la jeune fille hypocondriaque, s’observe, se cherche, se consulte, obsédée par cette « Dying Lucy », sorte de programme de téléréalité macabre. Paul, lui, se sent « plate » depuis le début. Éteint pour ne pas avoir trop mal, il se réfugie dans l’histoire de Sherbrooke au XIXe siècle et dans son histoire personnelle, se rapprochant de sa mère en perdition.
Autour des trois personnages, des épisodes s’entrecroisent: les séances spirites de Victor Hugo à Jersey, André Breton et ses sessions d’écriture automatique, Marcel Duchamp et ses performances. Eux, les gars qui bousculent, ne se gênent pas pour expérimenter, revendiquer, se créer leur propre mythe.
Et nous dans tout ça… et bien j’ai ressenti tout ce qui se lie et délite, se charme, se fourvoie, s’annule, se recrée et c’est là, la puissance de Patrick Nicol.
Ce roman vient toquer à la porte des habitudes, des colères, des envies de notre « moi » profond. Il vient asticoter notre notion du temps, de la vieillesse, de l’ennui, de la réalité sans artifice car celle des « autres » parait toujours plus intense.
Nicol nous fait évoluer au sein de son tissage existentialiste, il met à nu ses personnages, nous apprend des choses, nous susurre que l’on n’est jamais fini… même au plus profond d’une assiette de poutine.
Il suffit de trouver sa quête, de ne pas jouer l’absence et de croire, encore et toujours, à son chemin.
Alors, oui, Les manifestations ne joue pas dans la cour des « feel-good » mais c’est un remarquable roman expérientiel qui va gratter l’essentiel de qui nous sommes, toujours en chemin vers un quelque part.
Bref, un roman à vivre!
Coup de ❤️ avec les tripes.
Fanny.
Les manifestations de Patrick Nicol – Ed. Le Quartanier – 21 euros –