La Coupe du monde a braqué un projecteur sur le scandale des ouvriers maltraités pour construire des stades au Quatar. Mais évidemment, le problème est beaucoup plus large que ça, et pas que géographiquement parlant.
Deux journalistes ont mené une longue enquête auprès des migrants sur place mais aussi dans les pays d’origine des travailleurs pour comprendre et rendre compte de ce qui se passe. C’est beaucoup plus effrayant, révoltant et dur qu’on nous le dit. C’est beaucoup plus politique aussi (mais ça on s’en doutait, le pétrole tout ça). Et surtout ça revient sur cette notion de migration économique qu’on a tendance à balayer un peu trop vite du revers de la main.
Mais lire dans ces pages les témoignages de gens qui ont perdu un enfant en sachant qu’ils laisseront partir le second parce qu’ils n’ont pas le choix, lire les conditions de travail et de vie quotidienne des migrants sur place, lire les séquelles (souvent niveau santé mais pas que) de tout ce que cela engendre est une sacrée baffe dans la tronche de la petite personne privilégiée que je suis.
Sébastien Castelier et Quentin Müller interrogent également des habitants du Golfe pour avoir leur point de vue (évidemment qu’ils mettent en avant les améliorations, insuffisantes, peu respectées mais quand même là).
Bref, un vrai bon travail journalistique précieux (avec des sources).
Encore une publication réussie chez Marchialy. La septième, et comme je continue à les acheter depuis que je ne suis plus libraire (avant je subtilisais tous les SP), il m’en reste encore quelques-uns à lire. Et je suis joie.
Hélène.
Les esclaves de l’homme-pétrole, Sébastian Castelier et Quentin Müller, Marchialy, 400 p. , 21€10.