Lisa demande à Alice d’être son avocate pour le procès qui arrive. L’homme condamné à 10 ans pour son viol a fait appel de la décision.
Elle avait 15 ans au moment des faits, 20 aujourd’hui. Et elle veut changer d’avocat.
Ce roman m’a mise fort mal à l’aise. Car il questionne la place de la victime et celle de l’accusé. Car il raconte l’histoire d’une adolescente qui a menti, qui a envoyé un homme en prison alors qu’il est innocent de ce dont elle accuse.
Comme Adèle, un des personnages fugace du roman, je me suis dit au début « ah mais non, pas une histoire de fille qui ment sur un viol, on a déjà du mal à accorder du crédit à la voix des victimes aujourd’hui ». Comme si ce roman portait sur ses épaules la responsabilité de la vision de la société sur les victimes. Évidemment que non mais toute œuvre joue un rôle dans nos a priori, nos croyances possiblement, nos réflexions, nos perceptions conscientes ou non. Et ce roman ne se veut pas être le reflet de tout ce qui se joue sur la question des violences faites aux femmes mais une histoire parmi tant d’autres. Ce roman m’a mise mal à l’aise car il m’oblige à questionner mon rapport à la fiction. Toutes les histoires ont-elles le droit d’être racontées? Quel est le rôle de la littérature ? Et plus largement de la fiction?
Au-delà de ces questions passionnantes, ce roman m’a fascinée grâce aux personnages de Lisa et celui d’Alice. Qui essaie de comprendre pourquoi Lisa a menti. Qu’est-ce qui se joue dans ce mensonge? Le rôle de l’avocate (je suis fan des fictions judiciaires) prend toute son ampleur dans les mots qu’elle choisit pour sa plaidoirie.
« Elle leur dirait qu’on est pas coupable quand on ment à 15 ans. Que le plus dérangeant dans toute cette affaire, n’est pas tant de savoir pour quelles raisons Lisa a menti, mais pourquoi tant de gens ont eu envie de la croire. »
Et c’est exactement ce que raconte cette histoire lue d’une traite.
Hélène.
La petite menteuse, Pascale Robert-Diard, L’Iconoclaste, 220 p. , 20€.
J’ai trouvé ce livre important et nécessaire, pour par exemple parer les emballements médiatiques, les tribunaux populaires qui jugent sans savoir… et j’ai choisi exactement la même citation que toi.
Oui, je me suis laissée surprendre par toutes les pistes de réflexion qu’il aborde. Je trouve où ta chronique? Ça m’intéresse de la lire.
Elle est ici http://tetedelecture.com/2022/11/25/la-petite-menteuse-de-pascale-robert-diard/