Encore un titre poétique et intrigant aux éditions de l’Aube, dans la collection noire.
Quelques mots de l’histoire suffisent à lancer mon imaginaire dans un décor fait de houle, d’embruns et de silences.
Le corps d’une femme est retrouvé sur son voilier, près d’un village perdu de Gaspésie. Il en faut plus pour mettre les habitants en émoi, peu enclins à disserter sur leurs ressentis ou les vieilles histoires.
Mais le nouvel inspecteur débarque, prêt à découvrir la vérité.
Sur une intrigue somme toute assez commune, l’écriture de Roxanne Bouchard et ses partis pris emmènent vers un récit plus subtil et plus riche qu’il n’en a l’air. Car comprendre ce qui est arrivé à cette femme est surtout un moyen de saisir les relations et les fonctionnements de ces lieux loin de tout. L’habitude de ne pas laisser des gens de l’extérieur intervenir, le silence comme règle d’or car rien ne regarde qui que ce soit, les règles propres au village et ses habitants. Et puis les répercussions du passé, les non-dits et les rivalités.
Nous étions le sel de la mer est un vrai roman d’atmosphère. On y est avec eux, à chercher qui a fait quoi et pourquoi. On questionne, comme cette touriste en vacances, les vieux et les habitués du café. On peste sur les évidences que tout le monde cache au nouveau venu, bien empêtré dans une vie privée complexe.
Et surtout, on profite de cette mer, qui est le personnage principal de ce roman. Celle qui nous rappelle que d’un simple geste, la vie peut être bouleversée à jamais.
Nous étions le sel de la mer, Roxanne Bouchard, L’Aube / Noire, 336 p. , 19€90.