« À l’armée, il avait toujours été parmi les meilleurs. Il était dans les paras. Il avait subi la formation pour entrer dans les SAS et était sorti major de sa promo. On l’avait choisi pour un commando d’élite chargé de missions spéciales. Il avait eu droit à sa médaille et à ses citations. Une époque sympa, et en même temps abominable, avec le stress, les privations, les mensonges et la brutalité. Malgré tout quand il avait quitté l’armée, la police n’avait pas été très chaude pour le prendre. Maintenant, il comprenait que certaines personnes n’avaient pas apprécié que les militaires fassent pression pour lui obtenir son poste. Les mêmes qui depuis n’avaient cessé de lui balancer des peaux de bananes. »
À Edimbourg, des enfants disparaissent et sont retrouvés étranglés. Dans le même temps, l’inspecteur John Rebus reçoit des paquets contenant des petites croix fabriquées avec trois fois rien et des nœuds. Les médias en font des tonnes, la peur gagne la ville, la pression ruisselle de la hiérarchie policière jusqu’aux inspecteurs.
Dans la littérature policière, il y a une belle cohorte de flics récurrents qui se sont taillés une place au soleil. Les Wallander, Walt Longmire, Harry Hole et Harry Bosch, les Adamsberg, Dave Robicheaux, Maigret et San Antonio, Fabio Montale, Mario Conde, Mike Hammer, et bien sûr la triplette magique d’origine, Marlowe, Spade et Archer. Évidemment, Hercule Poirot et Sherlock Holmes ne sont pas en reste. Ouaip, je sais, ça manque de femmes.
Ce roman, est le témoin de la naissance d’un autre de ces flics coriaces qui va revenir souvent dans les librairies, il s’agit de l’inspecteur John Rebus. L’étrangleur d’Edimbourg est écrit en 1987, une époque où sévissent en France des romanciers tels que Jean-Patrick Manchette, Didier Daeninckx ou Jean-Claude Izzo. En quelque sorte, John Rebus est un précurseur. Il picole pas mal pour oublier la merde qu’il brasse chaque jour, sa vie de famille part à vau l’eau et il est difficile de lui donner des ordres. Ajoutez à cela une tendance à la lassitude, au cynisme et au sexisme et vous avez un tableau assez complet du bonhomme. Si vous avez lu l’exergue, vous savez d’où vient le type. Un dur à cuire de chez les militaires, le haut du panier des militaires. Mais peut-être a-t-il cuit un peu trop longtemps pour ne pas en avoir conservé quelques séquelles bien cachées, mais qui sont tout de même là.
Rebus est un solitaire, il a peu d’amis, peu de collègues avec qui il s’entende. Cependant, ses qualités de limier sont reconnues. Notre homme aime errer dans sa ville chérie, Edimbourg, il la connaît comme sa poche. Ses quartiers lugubres, ses rues un peu trop sombres, sa pluie qui tombe froide et silencieuse. Sa corruption. Il affectionne quelques bonnes adresses où il est toujours possible de biberonner une bière de qualité ou un alcool plus fort aux relents de malt.
Ian Rankin est un tout bon, son Edimbourg je l’ai aimé, j’ai ressenti la lourdeur du climat, pas spécialement estival, et j’ai pigé la géographie des rues, le rythme de la ville. C’est important ça, le rythme d’une ville, car selon les battements de son cœur, les choses prennent des tournures différentes. Regarde Bosch à Los Angeles, tu l’imagines ailleurs ? Bien sûr que non.
Je ne vais pas te raconter l’histoire. Je vais simplement dire qu’elle est plutôt originale, qu’elle tient la route. Tu auras ton lot de surprises, tu auras des moments de perdition dans les bars et les pubs, il y aura une femme, forcément. Disons que pour une entrée en matière, ça va, pour une première enquête, ça va. L’inspecteur John Rebus est bien né. Depuis, on sait qu’il a confirmé.
Rebus a des tas de défauts, et je crois qu’il va te plaire.
Seb.
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Frédéric Grellier.
A reblogué ceci sur Amicalement noiret a ajouté:
Un auteur incontournable 😁👌