Hervé Le Corre / Après la guerre
Le livre de tous les prix !
Tous les prix de littérature policière évidemment.
Voilà pourtant LE roman noir qui aurait mérité une sélection dans une liste de goncourables. Mais en France, il y a La Blanche et les autres littératures…
Après la guerre est une histoire de vengeance dans le Bordeaux des années 50. Pas le Bordeaux léché et encaustiqué que l’on connait aujourd’hui, mais celui encore hanté par les fantômes de l’Occupation. Les murs sont aussi sales, aussi noirs que le sont les âmes des protagonistes ; à l’instar du commissaire Darlac, fasciste convaincu, qui règne sur la ville grâce à sa connaissance du milieu et des secrets les plus inavouables des notables du coin.
Hervé Le Corre, ancien prof de lettres, est un esthète. Il va mettre autant d’application à écrire ses dialogues de film noir (il connait son Audiard par cœur) qu’à mettre en image une terrible scène de torture (ou de guerre, celle d’Algérie, aussi très présente dans le récit).
Tout le talent d’Hervé est dans ce livre. Ce savoir-faire qui lui fait miraculeusement associer une prose délectable et presque poétique à des thèmes d’une noirceur absolue.
Dennis Lehane / Un pays à l’aube
Me concernant, l’arrivée de Lehane chez Rivages est liée à un évènement bien personnel. Un matin de février 1999, je suis à peine arrivé dans nos bureaux du boulevard Saint-Germain qu’un appel m’arrive de Rennes : ma compagne (qui demeurait alors à Rennes), enceinte de neuf mois tout juste, va donner naissance à notre fils dans les prochaines heures. Juste le temps d’attraper ce bouquin récemment arrivé dans nos locaux et au titre intrigant, Un dernier verre avant la guerre, et je file à la Gare Montparnasse afin de grimper dans le premier train en partance pour l’ouest et la paternité.
Si j’ai souvenir d’avoir fini le bouquin à la maternité (le travail fut un peu long), je me souviens aussi l’avoir refermé sans en avoir imprimé la moindre bribe et oublié l’intrigue le lendemain même. Un peu normal vu que ce fameux lendemain je me réveillerai responsable d’un petit bonhomme d’un peu plus de trois kilos.
Néanmoins, ce premier volume des aventures de Kenzie et Gennaro restera un livre totem pour moi. C’est à la lecture du second opus, Ténèbres, prenez-moi la main, que j’ai pris une claque, et aussi conscience qu’un auteur nouveau et sacrément alléchant s’était installé dans l’écurie de François Guérif.
François, lui, savait.
Quand, à peu près à la même période, notre PDG de l’époque, Jean-François Lamunière, ce grand homme, quelque peu impatient posera cette question à Guérif : « François, à quand un nouvel Ellroy ? », celui-ci lui répondra serein : « Vous ne le savez pas, Jean-François, mais il est déjà là. ».
Je fêtais les trois ans de mon fils quand arriva Mystic River, qui définitivement consacra Dennis Lehane. La suite est connue. L’adaptation magnifique de Mystic River par Clint Eastwood, puis celle de Gone, Baby, Gone, par Ben Affleck, les nouvelles aventures du duo Kenzie et Gennaro, avec Sacré et Prière pour la pluie, jusqu’à Un Pays à l’aube.
Le Grand roman de Dennis Lehane (même si Mystic River demeure pour moi un livre immense). Roman fleuve, roman historique, d’une documentation titanesque et d’une puissance inouïe. La densité du livre (850 pages, quand même) est sa réussite première. Jamais de longueurs, jamais de répétitions (si ce n’est volontairement lors d’une épique partie de baseball), l’écriture de Lehane est pesée, scénarisée, éclairée d’une telle manière que le lecteur est immédiatement transporté dans un film, un péplum hollywoodien de la grande époque (je parle d’un temps d’avant les blockbusters à la sauce Marvel). Les personnages sont multiples (dans le sens nombreux, vraiment nombreux !), mais chacun à droit à son espace temporel sans que jamais cela ne nuise à la fluidité du récit. La patte Lehane.
C’est une histoire de rêves anarchistes, de destins brisés, de syndicats qui déjà se corrompent et trahissent autant leurs adhérents que leurs idéaux. C’est l’histoire des Noirs américains que l’on congédie pour faire place aux soldats (blancs) de retour de la Première guerre mondiale. C’est l’histoire du racisme comme l’Amérique nous la raconte depuis toujours. C’est aussi l’histoire de la police de Boston, et de sa première grève, en 1919. De Danny Coughlin, membre de cette police, qui suit les traces de son père, capitaine de police emblématique, et qui s’émancipera à chaque page un peu plus de cette rigidité étatique pour s’impliquer complètement dans ce premier syndicat de flics.
C’est enfin l’histoire de l’Amérique de la fin de la Première guerre, l’Amérique de la prohibition, des premiers buildings, d’un capitalisme naissant, d’idéaux qui, déjà, se fissurent, mais aussi d’un pays qui s’élève.
Magnifique photographie d’un pays qui s’éveille, comme son titre français, ( dont je ne sais pas qui en a eu l’idée ), le souligne sublimement et subtilement.
Elmore Leonard / Vadez arrive !
Elmore Leonard, un géant de la littérature américaine qui aura inspiré des générations d’auteurs mais aussi de cinéastes.
Dans un bref essai distribué gratuitement lors d’une opération commerciale, Mes dix règles d’écriture, le « Dutch » évoquait dix pièges dans lesquels tout écrivain en herbe ne devait pas tomber sous peine de perdre son lecteur en route. Un petit bijou d’humour et d’autodérision devenu un collector aujourd’hui et dont je tanne régulièrement Jeanne Guyon (éditrice RN) de le rééditer un jour sous une forme ou une autre.
Valdez arrive ! est un peu loin dans ma mémoire (et aussi un peu brouillé par le souvenir d’une adaptation ciné pas très réussie) pour que je l’évoque dans les détails. Il y est question d’assassinat, de culpabilité, d’humiliation et de vengeance. Tout ce que traversera Valdez, un marshal métis à la fleur de l’âge, confronté à un sinistre despote, trafiquant d’armes et raciste.
Et c’est là où Elmore Leonard s’applique à lui-même ses dix règles d’écriture, quand, dans un récit épuré de tout juste deux cent pages, il multiplie les thématiques sociales, dénonçant le racisme, les privilèges, les notables lâches et veules, tout en évoquant la place des métis, des indiens, des soldats noirs, et aussi celle des femmes dans la société américaine.
« Comment devenir un bon auteur ? Règle numéro un : Ne commencez jamais un livre en parlant de la météo. »
Valdez arrive ! est un magnifique plaidoyer antiraciste.
Et quand Valdez arrive, c’est les flingues à la main et certainement pas pour nous causer de météo !
William McIlvanney / Laidlaw
Mettons le cap sur Glasgow et les années 70 pour évoquer l’inspirateur premier (il le clame volontiers) d’Alan Parks : l’immense William McIlvanney et son personnage Jack Laidlaw.
Premier volet d’une quadrilogie (Laidlaw, Les papiers de Tony Veich, Big Man et Etranges loyautés) qu’il est fortement recommandé de lire dans l’ordre, Laidlaw met en scène un Glasgow des grands ensembles, des quartiers ouvriers, une ville en déclin économique et en misère sociale qui font le lit en draps de soie de la pègre locale.
Jack Laidlaw, est un flic dépressif et passablement alcoolique, en opposition intense avec l’hypocrisie et la corruption de ses collègues et supérieurs. Il enquête sur le meurtre abominable d’une enfant dont le père, pourtant pas un modèle parental, va se tourner vers le parrain local, patriarche de la pègre protestante, pour rechercher le meurtrier de sa fille et appliquer la loi du talion.
Littéraire, juste, toute en finesse, et d’une noirceur incontestable, l’œuvre de McIlvanney est aussi une subtile étude psychologique et politique de la société écossaise d’il y a cinquante ans. Un auteur d’influence, autant encensé par Ross Mc Donald et Peter May que Ian Rankin et Pierre Lemaitre.
Andrée Michaud / Bondrée
Bondrée, c’est Boundary Pond, le nom francisé d’un lac à la frontière des Etats-Unis et du Québec.
Bondrée, c’est le polar des grands espaces. Des grandes forêts. Roman d’atmosphère ou la qualité de la plume sensuelle d’Andrée Michaud vous fait ressentir la brume du lac et la chaleur de l’été.
Un livre tout en sensation et en même temps, tout en tension. Intrigue oblige : le meurtre de deux très jeunes filles.
Bondrée, c’est la tragédie des familles, la souffrance de ceux qui restent et qui ne peuvent plus rien faire. La colère des pères, impuissants et hantés par la perte des leurs.
Andrée Michaud met son écriture raffinée au service d’atmosphères angoissantes et de subtiles explorations psychologiques.
Il y a du Twin Peaks dans Bondrée !
Thomas Mullen / Darktown
Atlanta, 1948. Sous le mandat présidentiel de Harry Truman, le département de police est contraint de recruter ses premiers officiers noirs. Mais dans l’Amérique des lois Jim Crow, imposant la ségrégation raciale, un flic noir n’a le droit ni d’arrêter un suspect, ni de conduire une voiture, ni de mettre les pieds dans les locaux de la « vraie » police, la police blanche. Quand est découvert le cadavre d’une femme métisse dans un terrain vague, deux de ces nouveaux flics vont mener une enquête officieuse.
Somme toute assez classique dans sa forme, la trilogie Atlanta de Thomas Mullen (Darktown, Temps noirs, Minuit à Atlanta) n’est pas sans rappeler, de par sa documentation et son scénario rédigé comme un script d’une possible série Netflix, le meilleur de Dennis Lehane.
Au moment ou j’évoque ceci, notre petit monde sait à peu près que ce dernier va publier son prochain livre ailleurs. Ca me désole pour les vingt-quatre ans de travail avec cet auteur, même si, soyons sincère, Après la chute, son dernier titre, publié il y a cinq ans, était franchement pas bon.
Lehane, désormais installé à Los Angeles et pris par le cinéma et les séries TV, annonce que ce sera là son dernier livre. Si cela me désole qu’à cette occasion il le publie ailleurs (le monde de l’édition est aujourd’hui ainsi fait), je demeure plus peiné par la position de François Guérif que par celle de l’auteur.
Bon, mais là n’est pas le sujet ! Et Thomas Mullen, mais aussi Alan Parks, Noëlle Renaude, Alexandra Schwartzbrod ou encore Benjamin Fogel, toutes et tous recru(e)s de ces dernières années, sont les dignes héritiers de la griffe Guérif.
Thomas Mullen sera à Quais du Polar cette année. Une année que nous débutons avec la publication de son premier roman, écrit en 2006, La dernière ville sur Terre. Un texte à l’ADN totalement compatible Rivages Noir et sacrément rassurant sur l’avenir de la collection.
Stuart Neville / Les fantômes de Belfast
Un roman que je place dans mon top 10 !
Grand polar que Les fantômes de Belfast. Déjà, parce que je suis un dingue de toutes les littératures qui tournent autour de ce conflit en Irlande du Nord. Réminiscence peut-être d’une lecture et d’une rencontre épique avec son auteur, Ripley Bogle, de Robert McLiam Wilson.
Après Ripley Bogle, et Eureka Street, publié peu après, j’ai eu un flash suivi d’un amour dingue pour la littérature irlandaise et tout ce qui traitait du conflit Nord-Irlandais.
Bon, comme beaucoup, je me suis plusieurs fois cassé les dents sur Ulysse, et ai finalement constaté qu’il était nettement plus facile d’aller me bourrer le citron dans les pubs de Belfast plutôt que tenter de défricher le monologue de Léopold Bloom pour cerner un temps soi peu la mentalité de mes cousins irlandais (je suis breton).
Mais je m’égare.
Dans Les fantômes de Belfast, Gerry Fegan est un ex tueur de l’IRA. Méchamment alcoolique et hanté par les fantômes des douze personnes (hommes, femmes, enfants) qu’il a assassinées sur commande lors des Troubles.
Sorti de prison, devenu plus ou moins un héros pour n’avoir jamais balancé qui que ce soit, il vit mal le présent après les accords de paix d’avril 1998. L’IRA a alors déposée les armes et nombre des commanditaires des crimes de Gerry sont devenus respectables, voire leaders politiques.
Hanté, habité par les visions de ses victimes passées, Gerry ne trouvera qu’un semblant de rédemption qu’en éliminant un à un les commanditaires de ses crimes passés.
Dix ans après, Gerry remettra le couvert, redeviendra assassin, et le lecteur, sans vraiment prendre garde, va prendre fait et cause pour ce tueur impitoyable. C’est là tout le génie de Stuart Neville, nous amener à craindre pour la vie d’un tueur de femmes et d’enfants.
Un coup de maitre pour un thriller politique, roman d’action, de vengeance et de rédemption, et d’une efficacité clinique.
Jean-Hugues Oppel / Six-Pack
Passé Ellroy, période Lloyd Hopkins, et Thomas Harris, j’ai vite été fatigué par le serial killer omniprésent dans le thriller des années 90.
Et encore plus par le thriller français à la sauce tueur en série.
Allez ! On dira que son humour (à l’image de la définition du titre), et son idée d’importer le serial killer américain, sauvent ce roman de Jean-Hugues Oppel, auteur inspiré et nourri aux lectures de Pierre Siniac. Même si nous sommes loin d’un Seven, sorti au cinéma deux ans plus tôt, et qui semble avoir influencé l’auteur.
Hugues Pagan / Profil perdu
En 1997, année ou j’intègre Rivages, Pagan publie le magnifique et sombre Dernière station avant l’autoroute. Livre couronné du Prix Mystère de la critique.
Je croise le bonhomme, ses Ray-Ban, son complet croisé et ses bottines vernies dans les locaux de Rivages qu’il connait alors mieux que moi. Je sais son passé de flic, une congrégation administrative avec laquelle je suis plutôt loin d’être compatible.
Être puis Pagan disparait. Ou plutôt, s’en va vers d’autres horizons, le cinéma, les séries tv.
Vingt ans plus tard, en 2017, Hugues Pagan pousse à nouveau les portes des Éditions Rivages avec sous le bras un nouveau manuscrit, Profil perdu. Mon poste n’est plus le même. Chargé des relations libraires, je suis maintenant en contact direct avec les auteurs…et j’ai toujours aussi peu d’affinité avec la Maréchaussée.
En même temps, je me dis qu’un type qui a à son catalogue deux romans aux titres reprenant ceux de chansons de mes deux chansonniers préférés (Dernière station avant l’autoroute, de Thiéfaine et Je suis un soir d’été, de Brel) doit suffisamment avoir une âme de poète pour que je me fasse violence et oublie un moment mes allergies à la volaille.
Pagan revient donc avec Profil perdu, polar somme toute classique sur fond de drogue et de corruption, doublé d’une histoire amoureuse qui apporte un peu de lumière dans un récit sombre et morose comme il est de coutume chez l’auteur.
Pagan revient, et avec lui, Schneider. Schneider, ce flic sans prénom et sa Lincoln Continental 1969, voiture aussi intemporelle que l’est son propriétaire, sorte de héros à la Delon période Melville. Schneider, l’intemporel car c’est bien le même flic mort dans un précédent roman, La mort dans une voiture solitaire, qui nous revient. Pas de voyage dans le temps toutefois chez Pagan, qui place son intrigue en amont de ce roman à la fin tragique pour son héros.
Intrigue qui démarre au 31 décembre 1979. Date qui rend le récit lui-même intemporel si on s’amuse à relever quelques anachronismes ayant apparemment échappés à la relecture de l’auteur, de l’éditrice, et de la stagiaire : la Lambada est un peu en avance sur son temps, tout comme Chris Isaak que l’on écoute dix ans avant tout le monde, ou encore Stephen King dont on peut lire une nouvelle qui ne sera publiée que bien des années plus tard. Rien, toutefois, qui ne vient gêner le plaisir de la lecture.
Surtout, Pagan revient avec sa maitrise de l’écriture, de l’intrigue, des dialogues. Une écriture travaillée, ciselée, incisive, mise au service d’une ambiance réaliste (nombre de scènes sentent le vécu) et au doux parfum rétro.
Depuis, il y a eu Mauvaises nouvelles du front, excellent recueil de nouvelles, et puis évidemment, cette année, Le Carré des indigents, qui accumule les prix (et les ventes !).
Depuis, l’auteur et moi avons écumé quelques salons et visité quelques librairies. Parfois, Hugues Pagan m’appelle « Fils ».
Alan Parks / Janvier Noir
Janvier Noir est le premier opus mettant en scène l’inspecteur McCoy dans le Glasgow des années 70. Un Glasgow crasse, pas encore touristique, celui des pubs miteux, des gangs, que fréquente alternativement et assidument notre inspecteur. McCoy est l’un de ces flics classiques du roman noir.; solitaire, border line, accroc à la bibine. Un flic aux amitiés douteuses, évidemment rebelle à l’autorité, et terriblement tenace. Bref, ces flics que l’aime. Ses enquêtes tournent autour de meurtres sordides, sur fond de trafics de drogue et de proxénétisme.
Outre McCoy, Glasgow est l’autre personnage principal des romans d’Alan Parks. Un Glasgow intime, tout en nuances de gris. Celui de l’enfance de l’auteur.
Alan Parks, après une carrière dans l’univers de la musique (il a managé Lloyd Cole and The Commotions) est venu tard à l’écriture. Un peu par accident, raconte-t-il. Surtout pour meubler ses temps de trajet entre Glasgow, où il vit, et Londres, où il travaillait encore il y a peu.
Par deux fois ces dernières années, j’ai accompagné Alan lors de tournées librairies et festivals en France. C’est un urbain, il adore la ville. C’est aussi un grand marcheur et c’est en battant la semelle au fil de ses souvenirs d’enfance dans sa ville natale que lui est venue l’idée de transcrire cela sur du papier. Comme il a transmis à McCoy son côté flâneur et observateur solitaire.
Mais je vous rassure, Alan boit beaucoup moins que son personnage !
Lors de sa première venue en France, j’avais organisé un diner dans un restaurant parisien spécialisé en whisky (le cliché auteur écossais = whisky !). Le truc où, entre l’apéro et le digestif, au scotch évidemment, sept à huit whiskys différents accompagnent votre menu. Et si certains des libraires présents ce soir là s’en souviennent encore (ou pas !), j’avais pu constater que notre invité principal n’avait pas bu une goutte de ce breuvage et qu’il ne jurait que par la bière. Et raisonnablement.
David Peace / 1974
David Peace, c’est un peu comme Ellroy, Le Corre ou Benotman : la grosse claque dont tu ne te remets vraiment jamais. Ces auteurs qui marquent, qui te marquent.
Décembre 1974. Une troisième gamine vient de disparaitre sur le chemin de son école, dans la région de Leeds. Un jeune journaliste, Edward Dunford, va alors sillonné les routes du Yorkshire afin d’élucider les meurtres des trois fillettes. Son enquête va vite l’emmener à découvrir « quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre ». En quête de vérité et de justice, Dunford plongera lui-même dans un paroxysme de violence et de folie. Ses recherches lanceront la tétralogie 1974, 1977, 1980, 1983.
Sous influence assumée et revendiquée d’Ellroy, Peace est dans sa noirceur le digne et direct héritier de Robin Cook.
Beaucoup a déjà été dit sur l’écriture de Peace. On aime ou pas. C’est assez radical. Comme chez Ellroy, période White Jazz, la langue est maltraitée, les phrases hachées, le récit paraitrait presque parfois confus.
Confusion volontairement entretenue par l’auteur, par son style dépouillé, son rythme tendu et nerveux.
L’immense Rouge ou mort aura définitivement installé Peace parmi ces auteurs « impressionnants ». Ceux qu’on ne tutoie pas de suite, à qui on ne pose pas immédiatement une main sur l’épaule. Par ailleurs, le gars vit au Japon depuis près de trente ans. Le détail qui, un peu plus, t’installe le bonhomme sur un piédestal iconique…
Cela pour dire que je n’en menais pas large l’année passée quand David Peace est venu en France promouvoir Tokyo revisitée, qui clôturait une trilogie entamée en 2007. Hommage, au passage, au formidable travail de traduction de Monsieur Jean-Paul Gratias. Il y eu alors Lyon et Quais du Polar, et quelques librairies, à Bordeaux, Toulouse, Auxerre ( Grégoire Courtois, de la librairie Obliques, maitrise l’œuvre de Peace sur le bout de ses doigts ), et donc des kilomètres ferroviaires parcourus l’un face à l’autre, des hôtels partagés, des petits déjeuners, des déjeuners et diners en commun. Au fil des jours, nos échanges, timides et impersonnels des premiers jours, ont vite basculés vers des conversations plus intimes. Nos enfants, du même âge, leur éducation en tant que père divorcé, leurs études, nos parents…
En fait, un bonhomme aussi humble qu’attentif à l’autre. Et toujours monstrueusement passionnant.
Peu de temps après son séjour en France, alors en Angleterre, David aura perdu son père.
Il y a quelques jours, il m’adressait ce message : « 2022, pour moi, n’aura pas été une grande année. Avec beaucoup de tristesse. Mais les jours et soirées en France auront été les meilleures de l’année, alors merci encore pour ta compagnie, ta patience et ta gentillesse. Je garde d’excellents souvenirs de notre temps et de nos voyages ensemble. »
De quoi se sentir tout petit. Je n’ose même pas me dire que nous sommes amis. Est-on ami avec un génie ?
Noëlle Renaude / Les Abattus
Celui-ci, il aura intrigué, voire déstabilisé beaucoup de monde. Un roman noir bien sordide dont on me parle encore régulièrement. De sa couverture, en particulier, et de ce qu’elle signifie. Ben, ce n’est pas ici que se résoudra ce mystère : oui, la photo est belle, oui, elle n’a aucun rapport avec le texte, et non, je n’ai aucune explication à apporter quant à ce choix, même deux ans après sa publication.
Les Abattus, c’est un texte de commande. Idée lumineuse de Valentin Baillehache que d’aller chercher Noëlle Renaude, dramaturge, autrice de plusieurs dizaines de pièces de théâtre.
Ce premier roman retrace deux décennies de la vie d’un anti-héros. Deux décennies que, par indices savamment abandonnés au fil du récit (l’apparition d’un mal mystérieux frappant la communauté homosexuelle masculine, par exemple), nous situerons des années 60 aux années 80. L’action se déroule dans une petite ville de province jamais nommée, et le personnage principal, narrateur par ailleurs d’une bonne part du récit jusqu’à sa disparition aussi soudaine qu’inexpliquée, restera lui-même à jamais anonyme.
Le roman est scindé en trois parties se complétant. La première se faisant donc, par le biais de son journal, la chronique de ce jeune homme désincarné. La seconde adoptera les points de vue des différents acteurs ayant gravité du principal protagoniste, une fois sa subite disparition actée. Le troisième acte verra l’auteure confier les rênes du récit aux fantômes (les nombreux morts des précédents chapitres) pour une conclusion aussi surprenante que terrible.
Si Noëlle Renaude s’affranchit des codes du polar, son écriture nerveuse, abrupte, laisse deviner une grande lectrice des classiques du genre.
Même si son inventivité et son audace pourraient déstabiliser les purs et durs, la lecture des Abattus reste une expérience aussi enrichissante que rafraichissante.
James Sallis / Willnot
J’adore Sallis !
J’étais déjà grand fan de ses écrits initiaux, la série Lew Griffin (chez Gallimard, oups !) et de la biographie de Chester Himes (chez Rivages / Ecrits Noirs, cette collection mythique !). Ça forme un tout et c’est du grand art.
Puis j’ai rencontré le bonhomme lors de sa venue à Quais du Polar en 2019 et découvert un personnage unique. Poète, musicien (guitariste, mais pas que, pour ce que j’en sais), éditeur de SF ( le mec a rencontré la majorité des auteurs de SF des années 60, 70 et 80, simplement l’âge d’or du genre, quoi !), traducteur de Raymond Queneau ,(Oulipoiste, ça doit pas être si évident), d’une érudition incroyable, et, surtout et avant tout, d’une humilité et d’une accessibilité inouïes. Grand, grand homme !
Après, je ne vais pas être faux-cul, je ne suis pas complètement fan de Drive ou encore de Le tueur se meurt, romans aux personnages sans noms et sans CV (qui ont fait des émules).
Mais j’ai beaucoup aimé Willnot. Roman aussi atypique que déroutant. Chronique d’une petite ville américaine vue par les yeux du médecin local, Lamar, (vivant en couple avec un homme), connaisseur de la majorité des habitants, et surtout de leur intimité. Le toubib est appelé, au début du roman, à faire le légiste suite à la découverte d’un charnier dans les environs de Willnot (c’est le nom de la ville).
L’intrigue aurait alors dû tourner autour de ce fait premier et principal, ainsi que peut-être sur l’apparition soudaine d’un vétéran de la guerre d’Irak, Bobby Lowdes, passablement perturbé, mais Sallis, tout en douceur et en naturel, va mettre un calque sur ces faits sanglants et intéresser son lecteur au quotidien de Lamar, celui de son compagnon professeur de littérature, voire celui de son père, écrivain de SF, ou encore évoquer les humeurs de Dickens, le chat du couple.
Récit intime, où on comprend assez vite que l’auteur se fiche de l’intrigue et de sa résolution, chorégraphie de destins d’américains moyens, faux roman noir, disgression philosophique, Willnot est d’une virtuosité incroyable, à la musicalité évidente (Sallis est aussi un amoureux du jazz), et d’une magie envoutante.
La définition de la littérature, quoi !
Pierre Siniac / Femmes blafardes
Siniac, dont je ne connais pas toute l’œuvre, c’est le Chabrol du roman noir.
Dans Femmes blafardes, comme chez Chabrol, l’intrigue se déroule dans une ville de province avec sa bourgeoisie prospère, ses notables biens sous tout rapport qui tiennent la ville bien comme il faut. Comme chez Chabrol, bonne chère et bonne bouffe ont leur importance dans le scénario.
Là, dans cette ville bourgeoise bien tranquille, sévit un étrangleur de femmes (qui laisse près du corps de ses victimes un éventail, d’où son surnom Jack L’Éventeur) et qui n’agit que lorsque le chef cuistot du fameux restaurant local Aux trois fourchettes affiche un lapin chasseur au menu. C’est-à-dire le jeudi soir.
C’est parfois absurde, parfois grotesque, souvent très drôle, et avant tout très ironique. Une satire de la bourgeoisie provinciale d’une inventivité surprenante pour un livre écrit dans les années 70.
Un peu oublié de tout le monde, Siniac serait mort en mars 2002, ses voisins faisant appel aux pompiers un mois plus tard, importunés par l’odeur qui se dégageait de l’appartement de l’écrivain.
Une fin chabrolienne.
Jim Thompson / Nuit de fureur
Là, mon ami, tu me poses une colle.
Nuit de fureur est l’un des rares ( peut-être seul ?) Thompson que je n’ai pas lu !
Et oui ! Sur les 1114 titres édités en Rivages Noir à ce jour, j’en étais, à l’occasion de mon dernier décompte effectué pour passer le temps lors du premier confinement, à un peu plus de 750 lectures. Aux alentours de 800 sans doute aujourd’hui.
Je trouve rassurant de savoir qu’il me reste quelques jolies découvertes pour mes vieux jours !
Je connais toutefois relativement bien le synopsis de ce titre du Maitre Jim Thompson, sa trame, ses personnages de l’Amérique profonde, et surtout son tueur atypique d’un mètre cinquante, tuberculeux et aux dents pourries.
Ce, grâce à la bande-dessinée de Miles Hyman, scénarisée par Matz (Alexis Nolent) et publiée par la coédition Casterman-Rivages Noir dans les années 2000.
L’occasion donc d’évoquer cette collection d’adaptations en BD de titres parus en Rivages Noir.
Initiée par Alexis Nolent, écrivain (il est auteur de La nuit du vigile chez Rivages Noir), scénariste de BD (la série Le Tueur) et de jeux vidéos, traducteur (Donald Westlake, Mike Hodges, Jerry Stahl, toujours en Rivages Noir), la collection aura vécu cinq ans et publié près de trente volumes. Se voulant « un prolongement graphique à la collection Rivages Noir ».
Bien entendu, François Guérif en était le directeur éditorial et superviseur en chef !
Une collection inégale mais qui aura eu le mérite d’exister, et qui aura exciter nombre de grands noms de la BD comme Miles Hyman, Baru, Loustal, ou encore Christian De Metter…
Durant ces courtes années d’existence, c’était toujours avec impatience et fébrilité qu’était attendue chaque nouvelle adaptation dans les locaux de Payot & Rivages.
Marc Villard / La Vie d’artiste
La dernière fois que j’ai croisé Marc Villard, c’était à Penmarc’h, en juin dernier, à l’occasion du festival du Goéland masqué, où Jean-Bernard Pouy était aussi de la partie.
Je ne sais plus trop avec qui j’ai évoqué le pilier qu’était Marc Villard chez Rivages Noir avec dix-sept titres publiés depuis 1992, et son arrivée au catalogue avec Démons ordinaires.
Dix-sept volumes dont trois avec son compère Jean-Bernard Pouy. Dont un, Zig-Zag je crois, qui irrémédiablement évoque en moi un souvenir tout à l’image des deux personnages.
Durant l’été 2005, un peintre avait rénové quelques bureaux de nos locaux d’alors, boulevard Saint-Germain. Dont notre salle de réunion qui servait aussi de salle de réception pour nos festivités bien connues et de lieu d’accueil pour nos auteurs venant signer leur service de presse. A cette occasion, notre cheffe-comptable, qui faisait aussi plus ou moins office de DRH, avait décrété l’application stricte de la loi Evin concernant la cigarette dans nos couloirs et bureaux. C’est à dire l’interdiction totale de fumer dans l’entreprise. Par ailleurs, le bureau du service comptable était mitoyen de la salle de réunion.
La veille, à 10h du matin, j’avais accueilli Monseigneur Gaillot, venu signer son SP d’un livre de réflexions publié chez Payot. Comme habituellement, j’avais proposé à l’auteur un verre d’eau, un café, un thé ou un jus de fruit. L’homme d’église avait poliment opté pour un thé et s’était attaqué à ses dédicaces tout en remarquant que les lieux sentaient encore le neuf et la peinture fraiche.
Quand, le lendemain à la même heure matinale, s’installèrent les deux compères, Pouy et Villard, je ne manquai pas de réitérer ma proposition d’un thé ou d’un café. Réponse immédiate : « – Du thé ! Tu ne vas pas nous la faire à l’envers et nous dire que, chez Rivages, il n’y a pas une ou deux bouteilles de blanc au frais ! ».
Je m’empressai alors de les équiper de deux verres et d’une bouteille de ce fameux Château Yvonne qui faisait la réputation de la maison.
Une heure, et une seconde bouteille plus tard, quand notre cheffe-comptable pénétra furax dans mon bureau, irritée de cette forte odeur de tabac désormais bannie mais qui se propageait doucement dans les couloirs alentours, je l’informai que non, ce n’était pas Monseigneur Gaillot qui s’esclaffait haut et fort derrière sa cloison, tout en trinquant et fumant à tout va.
A l’évocation des noms des deux lascars en présence, elle préféra se cloitrer sagement dans son bureau.
Vers midi, François Guérif arrivait et emmenait déjeuner les deux complices. Non sans avoir partagé avec eux une troisième bouteille en guise d’apéro !
Donald Westlake / Dégâts des eaux
Par politesse, et discrétion professionnelle, je ne citerai pas les deux autres, mais Westlake est sur le podium de mes auteurs favoris chez Rivages Noir.
C’est vraiment un des auteurs majeurs de Rivages, ainsi que des grandes années de la Série Noire.
Je l’idolâtre !
C’est certainement l’auteur que je relis le plus souvent. Et Dégâts des eaux, un de mes livres de chevet. Pour moi, le summum des aventures rocambolesques et foireuses de Dotmunder et sa clique de Pieds nickelés !
Le livre que j’ai le plus offert aussi sans doute dans ma vie. A l’époque de sa parution, en 2003, je circulais encore à Paris en transport en commun ; ce qui me permettait un temps de lecture régulier difficilement compatible avec la conduite de mon scooter aujourd’hui. Et, moi qui suis habituellement d’une nature plutôt discrète et réservée, je pouffais et m’esclaffais sans retenue toutes les deux pages de ce monument d’humour. Et, phénomène assez constant, j’étais alors souvent interrogé sur cette lecture qui déclenchait chez moi, et en public, cette manifestation exacerbée de mes zygomatiques !
Alors, plutôt que rentrer dans une explication trop improbable et certainement trop longue pour un trajet de métro parisien, j’offrais avec plaisir l’exemplaire de mon livre à l’inconnu(e) qui m’avais abordé.
J’y ai probablement laissé mon quota de SP ! Westlake est un auteur-moteur des relations sociales.
J’ai abandonné un nombre considérable d’exemplaires de ce livre à des inconnu(e)s, dont j’espère encore aujourd’hui qu’ils, elles, en ont pris exemple et fait de même par la suite.
Dégâts des eaux, c’est du pur plaisir, du fou rire assuré, de l’antidépresseur concentré, et de l’incontinence urinaire probable.
Lecture obligatoire !
Daniel Woodrell / Un hiver de glace
Ce livre m’a bouleversé.
Bouleversante est la quête de cette gamine, Ree, partie à la recherche de son père disparu subitement et qu’elle doit absolument retrouver pour ne pas perdre la maison que ce dernier a hypothéqué.
Bouleversant, l’instinct de survie, la ténacité de cette grande sœur qui va affronter les difficultés, grâce à une force souvent puisée au fond du désespoir, pour protéger ses deux frères et leur mère à demi folle.
L’atmosphère est glauque, les paysages des Ozarks sont glauques, le clan familiale lui-même est glauque, et bien évidemment secret.
Portrait d’une jeune fille fascinante de dureté et de ténacité, vision hallucinante d’une Amérique profonde sans foi ni loi, mélange subtil de noirceur et de sensibilité, Un hiver de glace est un roman qui vous remue et vous hante longtemps.
Et le petit bonus proposé par Thierry :
François Guérif, Philippe Blanchet / Du polar
Rendons à César ce qui appartient à Philippe !
Et rétablissons la vérité vraie, car ce livre débute par deux mensonges.
Le premier est clairement affiché en couverture de l’édition originelle, titrée en majuscules : FRANCOIS GUERIF, DU POLAR, et, en minuscules : Entretiens avec Philippe Blanchet. Or, (je reviendrai un peu plus loin sur la genèse du livre), l’auteur principal est bien Philippe Blanchet, et François le témoin principal. Les entretiens, enregistrés puis retranscrits, le choix des textes, l’élagage, la mise en page et autre boulot éditorial, auront été gérés par Philippe.
Boulot que François reconnaîtra évidemment en demandant à ce que les deux noms soient affichés à l’identique lors de la version poche.
Blanchet, pour les novices, est un journaliste de la presse rock qui aura traversé les années 70, 80, 90, en collaborant à la plupart des magazines musicaux de ces époques (Jazzmag, Sono, Rock & Folk et autre Backstage…), et qui par ce biais aura côtoyé (souvent plusieurs fois) la majorité des groupes (rock, punk, disco, métal, indés…) de ces années-là. Blanchet, c’est le mec qui, là, entre la poire et le fromage, au hasard d’une conversation a ce souvenir qui se manifeste : « Ah ! Tiens, ça me rappelle cette soirée avec Mick; Keith était là aussi, et David aussi… », et vous raconte alors, on ne peut plus naturellement une fin de soirée en compagnie de Mick Jagger, Keith Richards et David Bowie !
Une autre fois, la soirée se déroulera en compagnie de Bono, Jim Kerr ou Neil Young. De plus, Blanchet est drôle. Très. L’un des mecs les plus marrants dans le métier. Avec Pierre Fourniaud, évidemment.
Le second mensonge arrive dès la première phrase de la préface de Philippe Blanchet : « Durant l’année 2012, nous nous sommes régulièrement rencontrés, François Guérif et moi, dans son bureau du boulevard Saint-Germain, pour parler du roman policier. »
Si je ne dis pas que ce bureau aura été utile à la finalisation du livre, il faut savoir que la quasi-totalité des entretiens qui auront servi de base au texte final auront été enregistrés lors de (longs) déjeuners dans un estaminet du 6e arrondissement où Guérif avait alors sa table. L’idée du livre était née de Benoite Mourot, alors Directrice Générale de la maison et amie de longue date de Philippe Blanchet. Deux à trois vendredis par mois, les deux compères se retrouvaient dans le mastroquet ; Philippe questionnait, François parlait, les pichets de rouge défilaient, le magnéto enregistrait, Benoite validait les notes de frais.
Vers 15h, 15h30, les deux complices, on ne peut plus joyeux, revenaient au bureau de François, le fameux de la préface. Il m’arrivait alors régulièrement de me joindre à eux.
Au bout d’un moment, arrivait irrémédiablement cette phrase de François (phrase qui résume on ne peut mieux l’alliance du rock et du polar) : « C’était un peu salé, non, Philippe, le plat tout à l’heure ? ». Le signal que le boss n’était pas contre l’ouverture d’une bouteille de blanc, histoire de se réhydrater et bien terminer la semaine.
Il y eut des vendredis ou le plat était vraiment très très salé.
Après quelques mois à ce régime, et de notes de frais en adéquation, Benoite demandera à Philippe de commencer à mettre en page cette accumulation de souvenirs.
Blanchet y consacrera alors plusieurs mois, coupant, triant, élaguant, pour aboutir à cette bible indispensable à tous les amateurs de roman noir.
Indispensable parce que François y explique pourquoi Ellroy, pourquoi Lehane, pourquoi James Lee Burke, pourquoi David Peace, pourquoi Hervé Le Corre et tellement d’autres…
C’est déjà une œuvre revisitée. Et quand on sait que Philippe Blanchet n’a retranscrit là qu’environ un tiers de ses enregistrements, on se met à rêver d’un volume deux au titre obligé : Du cinéma, voire d’un volume trois : De la musique…
Quand vous dites il y a la blanche et les autres littératures, je croyais que l’ on avait dépassé ces frontières de lectures. Je suis allée écouter Hervé le Corre au festival « Mots pour mots « .Suite à la présentation de » Traverser la nuit », viennent les échange avec le public. » je ne lis pas de romans policiers. Ne pensez-vous qu’il serait utile qu’ils abordent des sujets de société tels les violences faites aux femmes, le harcèlement dans les entreprises… ». Hervé Le Corre a simplement répondu à cette dame de lire » Traverser la nuit » et d’aller à la rencontre de Marin Ledun, présent au festival. Je n’ ai pas voulu intervenir mais j’aurais bien voulu dire à cette dame que Nicolas Mathieu, prix Goncourt, également invité, avait été aussi au festival Paris Polar avec ses premiers titres.
A America, alors que je marche dans l’allée ombragée vers le festival François Guérif et Ellroy, seuls. Je n’ ai pas osé aller leur parler.
Quant à Donald Westlake, il y a une autre aventure de Dortmunder dont je garde le souvenir pour avoir ri dés le début du roman. Celui où lui et sa bande se retrouvent prisonniers dans un magasin parce qu’ils n’ arrivent pas à ouvrir le rideau de fer pour en sortir. Un autre titre d’une histoire pas marrante, Le Couperet.
j’ ai un message pour Thierry Courvoisier. Est-il possible qu’il suggère à Denis Lehane que Patrick Kenzie et Angela Gennaro retrouvent leur clocher pour mener de nouvelles enquêtes.
Sinon merci pour nous rappeler tous ces auteurs et leurs titres qui son désormais des classiques du polar.
Merci Sylviane pour ces commentaires et souvenirs ! En ce qui concerne Lehane, celui-ci a suivi François Guérif quand il est parti chez Gallmeister. Il me semble de plus que Lehane présente son prochain titre à paraître (Le silence, en avril chez Galmmeister) comme son tout dernier roman. Je crains donc que votre voeu ne puisse être exaucé alors que, moi aussi, j’aurais bien retrouvé ce couple dont j’ai adoré suivre les aventures. Yann.
A reblogué ceci sur Amicalement noiret a ajouté:
❤️❤️❤️❤️
Je partage entièrement le choix des auteurs bien plus riche en qualité que le précédent article. Juste une réserve… Andrée A. Michaud n’a – cela n’est que mon avis – rien affaire ici. C’est lui faire trop d’honneur en comparaison des autres auteurs cités. Elle n’est pas l’égale de Pagan, Le Corre, Lehanne, Woodrell, Peace, McIllvanney et consorts.
C’est votre avis mais je ne le partage pas. Néanmoins, merci de nous lire et bon dimanche. Yann.
Oh lala…. D’abord, je suis heureuse de trouver plein de lectures qui m’ont transportée, D’un pays à l’aube en passant par Woodrell, Sallis et Le Corre, bref, sur cette présentation, il m’en reste encore à découvrir. C’est peut être la seule chose que je sache : je ne crèverai jamais de faim côté lecture. Je crèverai plutôt en regrettant de ne pas avoir pu tout lire. Merci Yann