Voilà bien trop longtemps que je ne m’étais pas plongée dans un roman de R.J. Ellory. J’avais oublié à quel point il excelle dans l’art d’établir une atmosphère parfaite pour accueillir des personnages torturés, à quel point il était fort pour harponner ses lecteurs et ne pas leur laisser d’autre choix que de lire chapitre après chapitre avec avidité, voulant s’enfoncer toujours plus loin dans les méandres d’une mystérieuse affaire.
Alors que Jack avait quitté la petite ville minière de Jasperville au Canada 26 ans auparavant comme on fuit pour sa vie en abandonnant tout derrière soi, un fait terrible va le ramener de force à ses origines.
Il nous est sympathique Jack, des flashbacks nous apprennent combien son enfance et son adolescence ont été difficiles, mais l’homme qu’il est devenu loin de Jasperville ou plutôt l’homme qu’il n’a pas pu devenir rend son retour pour le moins difficile et les deux personnes qu’il avait laissées derrière lui à l’époque lui renvoient sa lâcheté en pleine figure.
Il avait fui le désespoir et la violence d’une famille et d’un territoire maudits, il sait qu’il va devoir s’y confronter durement s’il veut pouvoir aider son frère. Enquêter comme il le peut sur une série de morts inexpliquées de jeunes filles dont certaines remontent à près de 40 ans, se confronter à ses vieux démons, devoir accepter le profond malaise que produit sur lui Jasperville : cette fois il n’a plus le choix, il doit mettre fin à toute une vie de peur et d’évitements.
A vous désormais de faire comme moi : enfiler votre plus gros manteau et vos bottes les plus chaudes pour aller vous perdre au fin fond du Canada pour quelques centaines de pages à vous geler le souffle !
Aurélie
Ça faisait bien des années que je n’avais pas lu un roman de RJ Ellory. En fait, depuis que j’avais eu le plaisir d’animer une rencontre avec lui pendant le salon de Lectoure (Gers). La raison en est qu’il y a beaucoup de romans à lire, que j’avais certaines contraintes liées à un festival littéraire dont je faisais partie et qu’il a fallu faire des choix. D’ailleurs j’en profite pour rappeler à tous les saints lecteurs que ce dont a été accusé Ellory, beaucoup d’auteurs le font encore. La seule différence c’est qu’il a été pris. L’hypocrisie entourant ce pseudo scandale dépasse l’entendement surtout quand on connait un peu ce milieu. Pour l’avoir rencontré plusieurs fois, c’est un auteur charmant en plus d’être talentueux. Il fait partie des rares auteurs de thrillers que j’apprécie, peut-être pas tous les romans, mais la grande majorité.
Une saison pour les ombres fait sans aucun doute partie des meilleurs romans de R.J. Ellory.
Le personnage principal n’est pas flic, n’est pas non plus un veuf éploré et ne souffre pas d’addiction, comme on en rencontre dans quasiment tous les thrillers. Non, Jacques est un homme qui revient chez lui pour aider son frère après avoir fui la maison, à peine sorti de l’adolescence. Pour lui, revenir à Jasper, c’est revivre la disparition de sa sœur et de sa mère, c’est retrouver le froid mordant du grand Nord Canadien, c’est affronter ses erreurs et tenter de les réparer.
Alors bien sûr, c’est un polar et il y a une trame policière mais le roman c’est surtout l’histoire de Jacques, contraint de grandir dans une ville minière dans l’obscurité et le froid 8 mois par an. C’est une communauté qui préfère ne rien voir, ne rien savoir.
C’est un excellent roman noir de cette rentrée littéraire hivernale.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Étienne Gomez.
Laulo.
Une saison pour les ombres, R.J. Ellory, Sonatine, 408 p. , 25€.
A reblogué ceci sur Amicalement noiret a ajouté:
Ca sera ma prochaine lecture