En Mars, jetez-vous dans l’Atlantique Nord, sur les territoires reliés à de belles gens dont l’instant de vie est mouvant.
Romane Bladou « explore l’éphémère et les lieux que l’on traverse ».
Le talent de cette primo romancière est de donner immanquablement une âme forte à ses personnages et aux lieux choisis.
Quatre regards.
Camille sur la péninsule de Bonavista à Terre-Neuve.
William sur l’île de Mull en Écosse.
Lou dans le village de Skagastrond en Islande.
Célia entre Concarneau, Morgat, Douarnenez et la Pointe du Van.
Reconnaître ces lieux, en ressentir une émotion vive, s’attacher à ces quatre personnages remués par les flots et l’air du large.
Romane Bladou a cette écriture insulaire, à te constituer des îlots pour y nicher ton imaginaire, à te donner des personnages comme amers et remarquables, sensibles et vivants.
Ce roman te donne envie de relier par des points les distances qui les séparent, et de continuer le voyage, encore plus loin.
En couverture, le lompe illustré par Mariery Young. Ce poisson, très répandu sur les deux rives de l’ Atlantique, pêché pour ses œufs, est celui fréquentant chaque destin, à sa manière de s’accrocher aux rochers avec ses ventouses, d’y contrer les courants, d’évoquer l’habitat marine d’Atlantique Nord.
En lisant passionnément Camille, William, Lou et Célia, tu respireras, entre leurs pages, un calligramme, formé comme un poisson ou une voile, évocation de l’ Ailleurs.
« (…) C’est dans un chuchotement que Sean raconte ses histoires à son petit-fils, ces histoires vraiment vraies, ces histoires que l’on respire. Il s’agit de choses que l’on ne voit pas si l’on ne prend pas le temps de les regarder. Un coussin qui se regonfle doucement après le passage de quelqu’un, qui se remet, comme on respire, de cet affaissement, c’est une histoire vraiment vraie. Les traces que la marée laisse dans le sable quand elle se retire lentement, ces chemins aquatiques qui lient le sec à l’océan, ce sont des histoires vraiment vraies. Il ne faut pas marcher dessus mais entre elles.(…) »
Romane Bladou recherche des instants forts, précise un mouvement, te fait vivre une émotion particulière.
C’est ainsi que ses personnages prennent vie avec clarté, car tu ne t’embourbes pas, tu t’accroches sincèrement à elles, à eux. Et tu n’auras que cette envie, celle de revenir à l’aventure, de continuer la lecture de ce roman pluriel, résolument attachant et totalement dépaysant.
Gros coup au .
Fanny.
Atlantique Nord, Romane Bladou, La Peuplade, 264 p. , 20€.