Voici un grand roman qu’on croirait tout droit venu d’Amérique du Nord tant la plume de Marie Charrel épouse son sujet telle une seconde peau.
Jack travaille dans les grands espaces canadiens, il est creekwalker, un de ceux dont le travail est de compter les saumons pour établir les quotas de pêche. Son histoire personnelle en fait un homme en accord total avec la nature, solitaire invétéré et grand connaisseur des mythes autochtones.
On est en 1946, la guerre est terminée depuis peu. Bien malgré lui il va avoir la responsabilité de veiller sur une mystérieuse japonaise ayant survécu à l’attaque d’un ours.
Du silence qui s’installe entre eux, du temps qui s’étire et nous entraîne de la fin des années 20, en 1940 et même en 1956, le lecteur va apprendre beaucoup sur un sujet peu connu en France : la façon dont ont été perçus les Japonais au Canada et plus particulièrement en Colombie-Britannique pendant des dizaines d’années et les terribles épreuves qui leur ont été imposées dans les années 40.
Marie Charrel nous livre un texte très documenté mais surtout habité d’une atmosphère profondément littéraire. On parle peu en ces pages mais une grande sensibilité transpire de ces êtres ouverts au sacré et on referme le roman en ayant l’impression d’avoir été en communion avec eux.
Si vous voulez vibrer intensément en vous laissant submerger par un romanesque manié avec grand art, je vous suggère d’ajouter très vite ces fabuleux Mangeurs de nuit à votre liste de lectures !
Les Mangeurs de nuit, Marie Charrel, L’Observatoire, 295 p. , 16€.
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