L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Retour à la nuit, Éric Maneval (La manufacture de livres) – Nicolas
Retour à la nuit, Éric Maneval (La manufacture de livres) – Nicolas

Retour à la nuit, Éric Maneval (La manufacture de livres) – Nicolas

La quatrième, elle dit ça :

Un soir, Antoine voit apparaître dans une émission de télé traitant d’un fait divers – le meurtre d’un enfant – un portrait-robot qui le replonge vingt-cinq ans en arrière. Un journaliste le persuade qu’un homme emprisonné pour avoir sauvagement assassiné ce jeune garçon, à l’époque de son agression, n’est pas vraiment le coupable. Pour le journaliste, le véritable meurtrier est là, et toujours en liberté. Et c’est lui qui est également responsable de l’agression qu’a subie Antoine, vingt-cinq ans auparavant. Mais la mémoire est une chose étrange… Antoine n’est toujours sûr de rien. Quelle est la part de vérité et de reconstitution dans les souvenirs qui le submergent ?

Tu es sans aucun doute au courant, puisque tu suis l’actualité littéraire de la littérature. Pierre Fourniaud vient d’obtenir le prix du « Meilleur éditeur de l’année» de 2023. C’est donc La manufacture de livres, au final, qui a été éclaboussée de cette jolie récompense. Alors quoi ?

Alors je disais il y a quelques années, une dizaine environ, que quand un éditeur fait son travail d’éditeur, c’est-à-dire qu’il nous offre des vrais livres à lire, faut l’encourager.

Faut l’encourager parce qu’il y en a pas des masses.

C’est lui qui a fait des livres avec Franck Bouysse, par exemple. Avec Antonin Varenne, avec Fred Gevart, avec Patrick K. Dewdney… Tu vois le style ?

Je les ai lus, relus pour certains. Pas le choix. Chez les gros, y a peu de monde qui m’intéresse.

Donc, Retour à la nuit. Un des premiers édité par la maison dont il est question au-dessus. Peut-être même le premier. Je suis pas sûr.

Une merveille.

Un texte écrit avec un cutter.

Antoine, il est veilleur de nuit. Un veilleur de nuit, ça vit la nuit, forcément. Il bosse dans un foyer pour des gosses difficiles. Tu connais ? Tu sais ces foyers où on met les gamins « qu’ont eu des problèmes »…

Ses problèmes à lui, ce sont ses trous de mémoire. Il se souvient de quelques petites choses, mais pas de tout. Quand il était gosse, il lui est arrivé un truc pas net.

Un type, blond et barbu, lui a expliqué que c’était pas bien d’avoir voulu mourir en se jetant dans la rivière. Il l’a recousu, lui-même, et puis l’a emmené chez un toubib.

Il l’a soigné. En tout cas Antoine il le croit. Le type, il était bizarre, et ça, Antoine s’en souvient.

D’ailleurs Antoine aussi, les autres le trouvent bizarre, parce qu’il a des cicatrices, partout, comme un tableau de maître qui aurait été peint sur son corps.

Les cicatrices, c’est comme quand t’es black et blond.

Ça intrigue.

Puis il y a Ouria. Elle est chouette Ouria. Un peu déjantée, mais chouette.

Le souci c’est que tu peux pas créer une relation avec une môme de 17 ans quand t’es veilleur de nuit dans l’institution où elle a été placée et que t’as deux fois son âge.

C’est très mal vu, et même, c’est interdit.

C’est le Mal. Alors tu peux pas, et alors Antoine, il écrit.

Tu sauras pas quoi, je te dis pas.

Il regarde des films aussi. Quand tu vis la nuit, t’as le temps.

Mais tu sauras pas quoi non plus.

Maneval, il te dit rien. Il te raconte juste. Mais putain,  il te raconte bien.

Vraiment bien.

Tu sais jamais où il veut t’emmener, mais t’y vas. Tu le suis. Tu peux pas lâcher son bouquin.

Parce que c’est un vrai grand roman noir.

Tellement rare que tu dois aller chez ton libraire.

Si tu trouves que c’est cher un bouquin, arrête de manger des cochonneries et des plats préparés.

Tu vas y gagner.

Ton corps s’en portera mieux, et toi aussi.

Oublie pas un truc.

Le livre, c’est la mémoire des gens.

Faut pas le négliger.

Sinon, comment tu saurais ce qu’il a écrit Villon ?

Tu me fais confiance ?

C’est tout ce que j’ai à dire sur ce roman.

Un moment de douceur, on l’a bien mérité…

0 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur Aire(s) Libre(s)

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading