L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
La ballade du feu, Olivier Mak-Bouchard (Le Tripode) – Fanny
La ballade du feu, Olivier Mak-Bouchard (Le Tripode) – Fanny

La ballade du feu, Olivier Mak-Bouchard (Le Tripode) – Fanny

Photo: Fanny.

Parfois tu vas chercher un roman qui arrive radicalement au bon moment.

« La ballade » est, je cite: « un poème de forme libre, d’un genre familier ou légendaire » te dit Robert. Je te rajoute que c’est une sacrée balade au cœur du Lubéron et, vé, pas celui des touristes, celui de l’hiver, à humer l’humeur des crêtes, faire voler la poussière des ocres et vivre avec trois fois rien.

Après Le Dit du Mistral et Le temps des grêlons, Olivier Mak-Bouchard nous régale d’une fantaisie, ce genre histoire complètement attachante, multiple, incroyable, que tu auras décidément du mal à quitter.

La construction du roman, tel un oiseau rejoignant un courant ascendant, te happera jusqu’à la dernière feuille. Voici un conte mêlant mythologies, mangas riches en couleurs, légendes populaires, coupeurs de feu, problématique toute contemporaine et sensibilisation ornithologique.

La ballade du feu est ce genre de lecture te redonnant de l’espoir ensoleillé, de quoi avoir envie d’aller batifoler dans un champ des possibles parsemé de coquelicots et de lavandin.

Il était une fois un héros bien malgré lui, notre narrateur, vivant en compagnie de son frère Doumé au sein d’un lotissement, bien loin de l’image d’Épinal du petit village accroché à flan de colline, peuchère. Tu vas l’adorer ce p’tit gars qui, le jour premier de sa folk song, se fait entendre dire par Mr Bricolage que son C.d.d. ne sera pas renouvelé.

Le soir même de « cette journée de mégapoisse », un chat arrive.

« (…) Il y avait un chat là où je garais d’habitude kangouroux. J’ai fait ronfler le moteur pour qu’il dégage: il s’écarta de mauvaise grâce de deux ou trois mètres, juste la place pour me garer, pas un centimètre de plus. (…) Je ne l’avais jamais vu auparavant. Blanc et noir, comme s’il s’était mis en smoking pour un dîner chic. »

Avec un sens du rythme façon fulguropoing de Goldorak, Olivier Mak-Bouchard nous embarque dans une épopée te faisant autant rire que verser quelques larmes d’émotion.

Le chat est nommé Ikki, il est ce félin qui, comme le Hussard de  » Le dit du Mistral « , en sait aussi long que ses sept vies.

Photo: Fanny.

Et là, au gré des petits cailloux semés par l’auteur, je retrouve l’ingénieuse espièglerie qui fait tout le charme de ses romans.

Parce qu’au milieu de la relation entre frères, du gars qui ne se sent jamais à la hauteur, d’une passion jamais assumée, d’une histoire d’amour couplée à cette aigle blessée redéployant ses ailes, tu trouves d’amusants clins d’œil entre La ballade du feu et le manga Saint Seiya.

Dans ce manga – également appelé Les chevaliers du Zodiaque -, Ikki a le pouvoir de résurrection [coucou minou], c’est aussi le grand frère de Shun surnommé Andromède… et Andromeda est le nom donné à l’aigle recueillie par Marjan, la vétérinaire pétillante de notre roman. Oui, parce que maintenant, c’est « le nôtre ».

Tout comme Masami Kurumuda ou Shin’ichiro – réalisateur de « Samurai champloo » dont notre narrateur et son frère sont friands -, Olivier Mak-Bouchard s’inspire de diverses mythologies pour enchanter un quotidien.

Lire La ballade du feu, c’est s’offrir un appel d’air.

Les chaînes empêchant notre héros de s’épanouir –« (…) des strates et des strates de » J’aurais voulu « . Des couches et des couches de » Dans la vie on fait ce qu’on peut ». Des, amas et des amas de « Tout le monde ne peut pas devenir ingénieur ». Des filons et des filons de « Ne penses-tu pas que tu vises un peu trop haut » (…) « – vont devenir, par la grâce des rencontres, une puissante force.

Pour cela, point besoin de bouclier surpuissant car un simple pain d’argile suffit à réenchanter notre monde.

Lance-toi dans cette Ballade du feu afin d’en percer les mystères et de t’abreuver de sa belle lumière.

Prends donc de la hauteur [punaise je me transforme en maître Yogi], laisse toi aller aux émotions multiples de ce conte moderne drôlement rock and roll qui, comme le nom donné au logiciel de géo-localisation Freebird, titre emblématique de Lynyrd Skynyrd, commence telle une ballade pour finir en cavalcade.

C’est le 🔥 et te voilà parti-e sur le sentier des santons pas piqués des hannetons, un pur délice de lecture.

Avec une couverture de feu, aussi, signée par la géniale artiste Phileas Dog.

Fanny.

La Ballade du feu, Olivier Mak-Bouchard, Le Tripode, 260 p. , 20€.

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