L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Entretien avec Hervé Le Corre – Nicolas
Entretien avec Hervé Le Corre – Nicolas

Entretien avec Hervé Le Corre – Nicolas

Photo : Ianis Giakoumopoulos pour L’OBS.

Bonjour Hervé Le Corre, tout d’abord, qui êtes-vous ?

Je m’appelle Hervé Le Corre, j’ai 68 ans, j’ai été pendant 38 ans prof de lettres en collège. J’ai commencé à publier en 1990 à la Série noire (Gallimard).

Comment êtes-vous arrivé à l’écriture ?

Je suis arrivé à l’écriture par la lecture passionnée de grands romans. Comme beaucoup, j’ai tâtonné, noirci des pages indigentes, jusqu’au moment où j’ai pu oser envoyer ce que j’écrivais à un éditeur.

Quels livres ont été marquants ou important quand vous étiez môme ?

Photo : Quentin Houdas /REA.

Quand j’étais enfant, je lisais surtout des encyclopédies, je m’intéressais à tout. Mais j’ai adoré lire Croc-Blanc, des romans d’aventures de Paul Féval, par exemple. Vers 13 ou 14 ans, j’ai commencé à lire les romans d’Émile Zola…

Quel est votre livre de chevet, s’il y en a un ?

Non, pas de livre de chevet. Des tas de livres à mon chevet, plutôt.

Comment finit-on par écrire de la fiction ?

On finit par écrire de la fiction parce qu’on aime en lire, parce qu’on a envie d’inventer des situations, faire vivre des personnages, etc.

Quel est le plus difficile dans l’écriture ? La première page, ou les suivantes ?

Toutes les pages sont difficiles, et chacune, une fois terminée, appelle la suivante et procure un grand plaisir.

Comment décider de passer d’un genre à l’autre ? Est-ce que tous les genres (noir, social, etc) ne sont pas liés comme le pensait Jean Patrick Manchette ?

Passer d’un genre à l’autre ? je n’en sais rien. Le seul genre qui m’intéresse, c’est le roman, quelle que soient sa forme et ses codes. Tout roman, quel qu’en soit l’auteur, quelles qu’en soient les formes, délivre une vision du monde : philosophique, morale, politique, sociale…

Quelle quantité de documentation pour « Qui après nous vivrez » ?

Le Garden City Polo Club de Bangkok à l’abandon. © CATERS/SIPA

Je me suis peu servi de documentation pour « Qui après nous vivrez », puisque j’ai inventé une époque qui n’existe pas. Je me suis contenté de lire, écouter, regarder les informations, les rapports, les débats, pour essayer d’imaginer comment tout cela pourrait (mal) tourner un jour. Ma documentation, c’est l’époque folle dans laquelle nous vivons.

Le point de départ de ce roman ? Une colère, un reportage ? Un ras-le-bol ?

Le point de départ de ce roman, c’est la colère, l’incompréhension, la peur devant ce que nous voyons se défaire semaine après semaine sur la planète.

Qui raconte l’histoire, l’écriveur ou les personnages qui vivent dans ce roman ?

Celui qui raconte, c’est le narrateur, ici celui qui écrit, c’est-à-dire moi. Même dans un récit à la première personne, c’est toujours l’auteur qui raconte, animant la marionnette du personnage dont on entend la voix.

Combien de relectures a-t-il fallu avant la version définitive ? Et en êtes-vous satisfait ?

Je me relis constamment. Une ou deux relectures finales puis des corrections de détail avec l’éditrice

Pourquoi ce roman, finalement, est-ce un avertissement ?

Ce roman ne sera un avertissement que pour celles et ceux à qui l’état de notre monde, les alertes partout criées et sonnées n’auront pas été suffisantes. Pour les autres, il ne fera que leur donner un aperçu partiel et sans doute maladroit de ce qui peut se produire dans l’avenir.

Comment lier les différentes époques ? Et pourquoi décider de ne donner aucun repère (têtes de chapitres ou autres) au lecteur ?

J’ai lié les différentes époques du récit par les personnages féminins dont je raconte l’évolution, les difficultés, les espérances, les luttes.

Aviez-vous conscience du risque de perdre le lecteur ?

Je fais confiance à l’intelligence des lecteurs pour ne pas se perdre. Je focalise mon récit sur les personnages et les lectrices et lecteurs sauront les reconnaître et suivre leur cheminement au fil des années.

Pourquoi avoir choisi le regard de personnages féminins pour décrire ce monde (post) apocalyptique ?

J’ai choisi ces regards féminins parce que dans les périodes de guerre, de crise, de chaos, ce sont toujours elles qui sont les principales victimes, qui souffrent le plus. Mais ce sont elles qui se relèvent et rallument un foyer, fût-il constitué de quatre branches brûlant sous une casserole cabossée.

Le monde que vous décrivez est particulièrement effrayant. Comment avez-vous vous vécu au quotidien l’écriture de ce livre ?

Oui, j’ai écrit des choses effrayantes, mais j’ai très bien vécu ça, merci de vous en inquiéter. J’ai la chance d’avoir un très bon sommeil.

Connaissez-vous le film « Cloud Atlas », puisque votre roman m’y a immédiatement replongé ?

Cloud Atlas ??? Jamais entendu parler.

Warner Bros. France

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