Justine Niogret…
Voilà.
Le pitch le plus court de l’histoire de mes courts pitches…
Je déconne.
Tu vas pouvoir lire ce que je pense de la Dame (majuscule) à travers les chroniques qui vont suivre ou précéder celle-ci.
Quant à ce roman, complètement différent de ceux que j’ai pu croiser jusqu’à présent de cette auteure (ou autrice, je sais plus comment dire), j’imagine qu’il va te faire sortir de ce que d’aucuns appellent ta « zone de confort ».
Les personnages, finalement, et nonobstant le fait qu’il s’agit d’un récit, historique et vrai, n’ont pas cette importance quasi vitale des personnages de romans habituels. Ils sont là, sans doute, pour nous prouver à quel point la nature, dès que tu t’écartes des sentiers balisés en jaune et bleu, peut être violente et mortelle.
Explorer le froid te fait toucher la solitude et la peur.
Seule la volonté va permettre d’avancer, encore, jusqu’au bout du voyage.
De faire le pas suivant, puis encore celui d’après.
Trébucher, mais avancer, encore.
Perdre un compagnon, au fond d’une crevasse, et avancer, encore.
Apercevoir la mort, et lui hurler au visage pour lui dire qu’on est vivant, et avancer, encore.
Considérer les chiens qui tirent le traîneau comme des amis, d’abord, des compagnons de route, puis comme le seul moyen de survivre quand on n’a plus rien à manger…
Justine Niogret est présente dans mon Panthéon depuis ses premiers romans. Et ce n’est pas avec celui-ci qu’elle va descendre des marches.
Quelle que soit le « genre » auquel elle se frotte, son écriture est immédiatement connue, et reconnue. Elle est une conteuse, à part entière, qui nous dévoile, entre deux épées qu’elle forge, une facette nouvelle de son talent si singulier.
Elle fait partie de ces écrivains qui inscrivent leurs mots sur les tables de la littérature, gravés au couteau, et qui te font prendre conscience que l’écriture, c’est juste des tripes posées sur le clavier.
Juste pour préciser le contexte, l’expédition a bien eu lieu, durant trois années, entre 1911 et 1914. Elle s’appelait « Aurora » et il s’agissait de cartographier l’Antarctique inexploré.
Marcher 560 kilomètres, jusqu’à la terre de Oates.
Ils s’appelaient Mawson, Ninnis, et Mertz.
Et Justine Niogret nous offre un huis-clos qui pourrait servir d’exemple dans n’importe quel cours de littérature. Un huis-clos où les hommes et les chiens sont face au froid, et aux quelques mètres que la nature leur laisse apercevoir, avant de se fondre dans le blanc imperturbable de la neige et du brouillard.
Décrire la souffrance, qu’elle soit physique ou psychologique n’est pas chose facile. Les mots de la plupart des romanciers sont souvent incapables de nous les offrir.
Justine Niogret est à part.
Je te parle souvent d’écriture à l’os. Ce roman en est l’illustration parfaite. Écrire à l’os, c’est peser chacun des mots pour qu’il ait le sens d’une phrase entière.
L’un des personnages nous donne un semblant de réponse aux questions que ces moments de bravoure nous poseront, forcément.
« Seul l’acte d’avancer a un sens, le retour n’existe pas. »
C’est tout ce que j’ai à dire sur ce roman.
Nicolas.
Quand on eut mangé le dernier chien, Justine Niogret, Au Diable Vauvert,211 p. , 19€.
Encore un bouquin pour ce week-end pluvieux. En ce qui concerne la souffrance, Sandrine Colette a quelques points notamment dans Nœuds d’acier et aussi Six Fourmi blanches. Merci pour cette belle recommandation.
Merci à toi de nous lire ! Quant à Sandrine Collette, les titres que tu cites (et d’autres) ont été chroniqués par ici.
Ah… Sandrine Colette… des phrases qui restent et des émotions qui ne peuvent plus jamais partir… je m’en vais relire On était des loups. Merci pour ce gentil commentaire.
Bon…Eh bien me faudra deux vies, au moins pour combler mes lacunes. Forcément je vais lire ce livre, bientôt j’espère. Merci