C’est un monde après Homme, monde vivant, monde palpitant respirant végétal et animal, monde gardant encore décombres et vestiges de civilisation destructrice.
J’arrête là l’envolée « à la Denis Infante » puisque le primo romancier marque son paysage littéraire en dépouillant son histoire – que j’ai ressenti proche de la nature primitive d’un Douanier Rousseau – d’articles définis et indéfinis.
En adoptant ce rythme particulier, tu te prends en pleine face des images de forêts, de déserts, de feux, de crocs, d’éblouissements, d’apaisement, de rencontres, de célébration du Vivant.
Un charme fou.
Rousse est une renarde qui décida un jour d’explorer le monde à la manière d’une Candide de Voltaire portant fourrure soyeuse et suivant fleuve immense d’une nouvelle Pangée.
Au sein de ce conte animaliste touchant au genre dystopie post apocalyptique, Rousse se pose là, confiante, aventureuse.
« Terre est créature immense, puissante vivante, terre est guérisseuse, terre est ventre fécond de multitude de peuples. Alors Écorce de Hêtre garde confiance et espoir. »
Arbres, oiseaux, mammifères, insectes, créatures de l’air, de l’eau et de la terre vivent ensemble dans un monde dont le cœur sauvage continue et continuera de battre.
Et tu l’entends résonner, ce cœur, depuis que les » faces plates » ont arrêté de faire tout ce bruit autour d’eux.
Denis Infante décentre notre humanité, sème la beauté du lien, puis fait prendre le « je » en apothéose. « Je suis Rousse, je suis renarde et je n’ai pas peur ».
C’est cela aussi Rousse, garder en soi sa part ensauvagée, l’élan, la joie et l’indéfectible courage.
Fanny.
Rousse, Denis Infante, Tristram, 132 p. , 16€50.