C’est l’histoire d’un roman familial, de la somme de ce que l’on est, de ce que l’on se transmet comme secrets, non-dits mais aussi comme mensonges et petites lâchetés.
J’y ai aimé la sincérité du ton, le dévoilement des failles au sein de la famille Garde, sans commisération ni pathos.
J’ai senti la fierté de la trajectoire familiale, l’héritage terni par cet oncle, Marcel, envoyé aux antipodes, l’auteur qui cherche à renouer un fil cassé depuis plus d’un siècle.
François Garde tisse comme celles et ceux qui ne savent pas vraiment, juste des bribes, l’amas de souvenirs des uns et des autres. Et te voilà emporté-e dans tout ce qui fait une histoire palpitante, provençale, émouvante, incroyable, parce qu’il ne faut pas oublier Marcel. Un écrivain ce n’est pas là pour laver le linge sale en famille mais bien pour te transporter d’un bout à l’autre d’un récit palpitant.
« On peut perdre un gant, ou ses clefs de voiture. Mais un oncle ? Une sorte d’ombre légère venait d’apparaître et nuançait de gris l’histoire des générations précédentes. Rien qu’une ombre, mais dont la seule présence portait comme une menace, ou un discrédit. L’idée même d’un parent inconnu, délibérément dissimulé, introduisant dans le récit familial un rien d’irrationnel. Un léger souffle d’aventure dans une trame jusque là pour moi sans relief particulier. (…) »
Et tu y vas dans cette aventure de vie, auprès du patriarche Gustave, dès 1900. Tu sens l’air chaud d’Eyragues, les volets fermés d’Aix et tu te demandes comment cela a commencé dans ce paisible coin du Vaucluse. Puis, au détour d’une conversation, l’auteur reprend le fil d’une vérité qu’il pensait à tout jamais enfouie.
« Depuis sept ans j’avais édifié toute la vie imaginaire de mon oncle d’Australie sur du sable. »
La déflagration.
Mon oncle d’Australie est une odyssée éternelle, splendide et décadente. Elle touche au cœur, car les secrets familiaux sont légion, et emporte dans cette intimité universelle.
Fanny.
Mon Oncle d’Australie, François Garde, Grasset, 240 p. , 20€.