Sabrina a une vie bien réglée. Entre son boulot d’ATSEM et ses deux fils à gérer, la fatigue et la lassitude cimentent un quotidien morne mais ne l’empêchent pas de donner encore un peu de temps à une asso locale et à ses amies, sa générosité contrebalançant les coups durs qu’elle continue d’encaisser.
Quand elle croise la route d’une jeune fille blessée ayant visiblement besoin d’aide, elle ne réfléchit pas et l’emmène avec elle dans son appartement.
Au même moment, deux hommes originaires des pays de l’est sillonnent le quartier et posent des questions, promettant une récompense à qui pourra les aider à retrouver une jeune femme blonde…
Comme dans chacun de ses précédents romans faisant partie de l’ambitieux projet de ses Chroniques de la Place Carrée, Tristan Saule s’approche au plus près de ces Français de l’ombre, ceux qui triment ou aimeraient pouvoir le faire, qui se débattent dans un environnement et une actualité toujours plus hostiles. Il les met en lumière grâce à sa maîtrise impressionnante des codes du roman noir et d’une sensibilité remarquable concernant des problèmes sociétaux qui sont finalement peu traités en littérature.
Ce 4e opus peut, comme chacun des précédents, se lire de façon totalement indépendante. L’auteur nous propose de passer quelques journées intenses juste avant le 1er tour des élections présidentielles de 2022 alors que les réfugiés ukrainiens affluent et que le prix de l’essence ne cesse d’augmenter.
Dans ce roman, notre cœur palpite dès les 1res pages dans une fuite qui assoit d’emblée l’excellent suspense du texte, il fond pour l’entraide et la tendresse qui adoucissent le gris des jours, il durcit devant les scènes et les comportements les plus détestables. Bref, on glisse un œil entre ces pages et on en est prisonnier avant même de s’en rendre compte !
Aurélie.
Et puis on aura vu la mer, Tristan Saule, Le Quartanier, 341 p. , 23€.