L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Dans l’écho lointain de nos voix, Brandon Hobson (Terres d’Amérique) – Fanny
Dans l’écho lointain de nos voix, Brandon Hobson (Terres d’Amérique) – Fanny

Dans l’écho lointain de nos voix, Brandon Hobson (Terres d’Amérique) – Fanny

Dans l’écho lointain de nos voix de Brandon Hobson, traduit par Stéphane Roques, vient nous chercher au plus profond de nos âmes, c’est d’une beauté fulgurante, pour moi, inoubliable.

Brandon Hobson convoque voix du passé liées à celles du présent, manie à la perfection ce balancement narratif, du rêve vers la réalité, et inversement.

Ce roman choral est une plongée dans l’âme Cherokee, d’un drame intime il en fait un chant ouvert aux mondes, ancien, présent, futur, animiste, historique, dystopique, dans tous les cas, puissant.

Maria est mère amer remarquable. Quinze ans auparavant, un policier tue son jeune fils Ray Ray, une bavure puis une famille décimée. Depuis, chaque année, elle réunit les siens autour d’un grand feu pour évoquer la mémoire de celui qui leur manque tant, malgré les douleurs : une fille, Sonja, se brisant dans des relations toxiques, un autre fils, Edgar, perdu dans les limbes de la meth et un mari atteint par Alzheimer.

Le tableau paraît sombre pourtant cette histoire plurielle se révèle être une remarquable pulsation de vie.

Par le prisme du jeune Wyatt, enfant placé, une guérison est offerte à leurs cœurs meurtris tandis qu’au loin résonne encore ce que fut, intimement, la Piste des Larmes pour les natifs américains, cet exil forcé où des milliers d’hommes, femmes et enfants moururent de froid, de faim, d’épuisement, de maladies.

En maniant deux événements traumatiques, Hobson te révèle le lien indestructible et vivace entre les générations. En appelant la mémoire collective de son peuple, il extirpe les douleurs et y déploie une histoire multiple, saccagée mais survivante, fière et non victime, toujours ostracisée mais jamais effacée.

«  » Suis le chemin bordé de cerisiers, me dit-il. Ce n’est pas une « piste des larmes », mon petit. C’est une piste en direction de l’ouest, sans tristesse, maladie ou mort. C’est une piste qui mène chez toi.  » Il me serre la main, et je lui dis au revoir. Après m’être mis en marche, je me retourne et lui demande, » Qu’est-ce que vous écrivez ? Je ne vous l’ai jamais demandé.  » Il me crie, » J’écris des histoires cherokees, mon fils, des histoires de vengeance et de pardon. » (…)

Dans l’écho lointain de nos voix est un conte moderne, une lumière vive dans l’obscurité et, pour s’y tenir chaud, je te conseille d’y plonger.

Une merveille.

Fanny.

Dans l’écho lointain de nos voix, Brandon Hobson, Albin Michel / Terres d’Amérique, 292 p. , 22€90.

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