Les fresques historiques c’est tout ce que j’aime ! Grande chance pour moi, celle-ci est écrite par un auteur dont j’avais déjà beaucoup apprécié un roman (« Jusqu’à la bête ») il y a quelques années, je suis donc entrée plus que confiante dans ce nouveau texte et, bien sûr, je n’ai pas été déçue !
De 1938 à 2017, Timothée Demeillers nous propose de vivre l’évolution d’une ville des Sudètes, frontalière de l’Allemagne, à travers une galerie de personnages très différents de par leurs origines et leurs penchants politiques qui vont subir les changements de régimes et les mutations de la société tchèque au gré des caprices de la Grande Histoire.
Deux personnages nous collent particulièrement à la peau, Sieglinde et Mirko, leur amour impossible nous hante tout au long du roman mais il y a aussi Michal, Ivetka, Tonu, Tereza et tous les autres. Ils font valser ou subissent les codes qu’on leur impose dans l’ombre écrasante d’une ville qui semble tout dévorer au fil des années.
Comme souvent en littérature, ce texte trouve un écho tout particulier dans notre actualité. Qu’il est difficile de ne pas se laisser glisser vers un extrême ou un autre, de ne pas se perdre non plus dans les dédales du capitalisme. Qu’il est dur d’assumer ces choix qui n’en sont pas vraiment et ces positions qui peuvent gangrener vie familiale et amoureuse. Pas de stéréotypes pour autant, tout est parfaitement nuancé dans ces 500 pages qui se dévorent grâce au romanesque impressionnant que l’auteur déploie dans une langue envoûtante.
Je serais tentée de dire que c’est son Grand Roman mais je me méfie, nul doute qu’il nous réserve encore de bien belles surprises littéraires pour les années à venir ! Bravo à Asphalte, sa maison d’édition qui a su découvrir ce talent et l’encourager jusqu’à ce livre.
Aurélie.
Le Tumulte et l’oubli, Timothée Demeillers, Asphalte, 544 p. , 24€.