Rose a traversé sa vie comme une ombre. Tout d’abord dans sa famille adoptive puis en retrait de Paul-Dominique, ce mari épousé si jeune. Des fils qui se sont empressés de poursuivre leur vie ailleurs, une fille qui a disparu, son quotidien est morne loin de sa Corse natale, dans cette petite maison à Toulon, tout près du bidonville.
La lumière arrive dans sa vie en 1957, alors qu’elle a déjà plus de 50 ans, sous les traits de Farida qui y vit. Une rencontre improbable, une amitié qui va enfin la faire naître au monde.
Le quotidien de Rose passe alors de l’ennui et de la répétition du quotidien à la découverte d’une autre culture et de l’actualité politique brûlante qui concerne directement Farida et sa famille.
Peu à peu elle s’intéresse à ce qu’il se passe en Algérie et se sent de plus en plus concernée par les injustices qui s’étalent jusque sous ses yeux. Grâce à Farida, elle apprendra que la maîtrise des mots peut lui ouvrir des portes insoupçonnées…
Inspiré de la figure de sa grand-mère et de sa propre enfance à Toulon, ce roman (ré)affirme le talent de l’auteur pour parler des petites gens qui, sous sa plume si juste et délicate, occupent le devant de la scène à travers leurs existences simples, dures mais profondément lumineuses.
J’ai adoré me laisser emporter par Rose, lui tenir la main dans son intense solitude, la voir s’épanouir aux côtés de Farida, la soutenir dans ses combats. Une grande héroïne pour un grand roman qui fait la part belle à la force d’émancipation des femmes.
Aurélie.
L’Oeil de la perdrix, Christian Astolfi, Le Bruit du Monde, 240 p. , 21€.