Un premier roman dont la lecture est un vrai bonheur.
Dans les années 80 et 90, dans un lotissement en périphérie d’un village près de Lyon, Bassou, Olfa, Jihane et les autres grandissent entre la culture de leurs parents venus en France pour travailler et celle de ces Français qui veulent bien se mêler à eux jusqu’à un certain point.
Loin des banlieues où les barres se dressent comme des remparts, on est ici au plus près de ce que pouvait être l’existence dans une campagne coupée de tout où chacun avait sa propre idée des valeurs à porter et tentait de capter un peu de l’écho des grandes villes qui paraissaient si loin.
Chroniques délicieuses d’une époque en pleine mutation, ces pages m’ont donné l’impression de revivre mon enfance et mon adolescence en ayant l’opportunité d’en apprécier toute les nuances grâce au recul que je peux maintenant avoir.
Le style est enjoué et souligne avec beaucoup de saveur les petits accrocs que la vie se charge de semer chez ces voisins qui se supportent plus ou moins au fil des années. Apprivoiser l’autre ou pas, faire des concessions ou rester sur des positions confinant parfois au ridicule, l’équilibre est difficile à trouver pour tout ce petit monde et bien souvent les moments de bonheur simple vont de paire avec des blessures profondes.
Ce roman est très émouvant, on sent toute la vérité qu’il concentre au-delà des scènes qui nous font si souvent sourire et une question s’impose à nous quand on le termine : que sont devenus tous ces enfants du lotissement ? On se sent tellement proche d’eux qu’on ne peut les imaginer prisonniers du papier, ils ont forcément poursuivi leur existence, ont continué leur route de héros ordinaire dans une société de plus en plus complexe.
Seule parution du Nouvel Attila pour cette nouvelle rentrée littéraire et assurément un des trésors qu’elle recèlera.
Aurélie.
Challah la danse, Dalya Daoud, Le Nouvel Attila, 256 p. , 19€50.