L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Katie, Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture) — Nicolas
Katie, Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture) — Nicolas

Katie, Michael McDowell (Monsieur Toussaint Louverture) — Nicolas

Il y a quelques mois, la maison d’édition qui s’appelle Monsieur Toussaint Louverture, cette maison qui porte le nom du héros de la révolution haïtienne, a mis entre nos mains, et de fort belle manière, la saga Blackwater de Michael McDowell, ou encore Swan Song de Robert McCammon.

McDowell, quant à lui, et si tu ne le sais pas (ce que je peux comprendre), c’est lui qui a inventé Beetlejuice, c’est un Monsieur qui militait pour les droits des homosexuels (pas comme certains de nos ministres et autres députés), et qui collectionnait des objets funéraires. King, Monsieur King, le considère comme un maître de la littérature horrifique. C’est du sérieux.

Il faut savoir que Swan Song de McCammon, donc, est considéré comme un roman culte de la littérature post-apocalyptique au pays du clown des burgers, au même titre que La Route ou Le Fléau. C’est dire que Monsieur Toussaint Louverture nous envoie du lourd.

La particularité de Michael McDowell, c’est de mettre en scène des histoires qui mêlent notre quotidien parfois banal à des choses auxquelles tu croyais quand t’étais qu’un môme… Tu te souviens, toi aussi, du monstre qui se cachait sous ton lit, celui qui t’obligeait à mettre ta tête sous le drap…

Quand Blackwater est sorti, tous les 15 jours, je guettais le facteur qui déposait, religieusement (je déconne), le tome suivant dans la boite aux lettres. C’est un bon souvenir. Et quand tu commandes un roman chez Monsieur Toussaint Louverture, tu reçois un joli paquet, avec un joli mot dedans. C’est sympa quand tu n’as pas de librairie à côté de chez toi…

Tu vas forcément admirer cette couverture, mise en forme et créée par Pedro Oyarbide, et y découvrir plein de choses que tu vas retrouver tout au long de ta lecture. Ce mec est un véritable artiste.

Dans Katie, tu vas rencontrer Philomela. Et puis Katie. Et quelques autres. Tu vas y croiser des situations parfois abracadabrantes (j’aime bien ce mot) et à la limite du possible, mais c’est ce que j’aime chez McDowell.

L’abracadabrantesque.

Un roman sur l’argent, le pouvoir et la condescendance (je sais, ça te rappelle quelqu’un), la toute puissance (je sais, ça te rappelle aussi quelqu’un). Alors un roman sur la société d’aujourd’hui, mais qui se déroule au 19ᵉ siècle ?

Peut-être, mais pas que.

Le pouvoir lié à l’argent, ça ne date pas d’aujourd’hui, ni d’hier. De tout temps, depuis les Médicis et Jacques Coeur, l’argent a fabriqué des inégalités. Ça n’est pas près de changer, et on en sait quelque chose.

Tu vas aussi croiser la folie. Forcément. Katie est folle. Elle n’a aucune émotion quand elle décide de défoncer le crâne d’une visiteuse à coups de marteau… Comme une impression de délectation dans la plume de McDowell quand il nous en offre une description presque comique. J’ai adoré ça.

Un des secrets de McDowell, c’est de nous emporter vers une autre perception du Mal. Et surtout, de le lier au Bien, à travers les visages des deux personnages principaux. L’autre secret, c’est créer des personnages secondaires et des lieux qui finissent par exister. Des images qui apparaissent derrière le miroir sans tain des pages du roman.

Michael McDowell raconte des histoires, et c’est magique.

Parfois, ces histoires sont cruelles, et les défenseurs des animaux vont hurler au scandale à la lecture de certains passages. C’est ballot d’oublier que nous sommes face à des feuilles de papier, avec des mots écrits à l’encre dessus.

C’est pas la vraie vie Madame.

Les mômes qui se font déchiqueter dans le Moyen-Orient, ça, c’est la vraie vie. Même si ceux qui sont grands (parce que nous sommes à genoux) ont tendance à fermer les yeux devant cette horreur sans nom (sans nom ?)…

C’étaient les dix secondes politiques de Monsieur Nicolas.

Si tu as, toi aussi, une envie forte de mettre un coup de marteau à quelqu’un pendant la lecture de ce roman, c’est que McDowell a réussi.

Et il est fort McDowell…

C’est tout ce que j’ai à dire sur ce roman.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Szlamowicz.

Nicolas.

Katie, Michael McDowell, Monsieur Toussaint Louverture, 455 p. , 12€90.

Cherche pas de lien avec la chronique, à part « quelques livres en bagage » et « Je suis le chroniqueur », il n’y en a pas.

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