Un récit comme une humeur à la Nino Ferrer lorsque sa « maison couverte de vignes vierges et de toiles d’araignée » devient la nôtre, cette teinte douce et bienheureuse.
Dans ce Alors c’est bien, Clémentine Mélois applique son don de laisser place tout à la fois à l’émotion vive et au sourire en coin par la grâce de cette humour délicieux dont le père, Bernard Mélois, est la figure de proue.
Alors c’est bien est un récit pour partager des fantaisies artistiques, un bout de campagne ensoleillé, des confidences émouvantes de sincérité, un don de soi, un enterrement comme œuvre d’art, une larme bleue tombant sur un bouton d’or lumineux.
Bernard Mélois et sa Michèle ont choisi les champs et les bois, loin de tout parisianisme, pour y faire grandir leur famille. Choix de vie, choix d’artiste, on s’y entraide, s’y secoue les puces et on s’y aime d’une telle tendresse, c’est tellement beau à lire.
La générosité de l’auteure est de nous inviter dans ce Alors c’est bien puis de vagabonder dans différents temps narratifs pour y comprendre le présent grâce au passé, pour tomber en amour de petits détails d’un quotidien magnifié, prendre avec la famille Mélois la poudre d’escampette et de perlimpinpin, mettre de l’art et de la beauté à chaque instant, avec cette note nécessaire d’esprit et d’espièglerie.
Puis d’assister à la mort d’un grand pharaon. Un tissage d’une grande finesse.
Alors c’est bien est encore mieux que bien, c’est un chemin de vie partagé, émaillé de souvenirs et de sourires, d’une mort actée dans un cocon d’amour et de créations. Clémentine, Barbara et Michèle.
Du bleu à l’âme au bleu teinté sur les mains, c’est la vie d’un homme, d’un artiste, d’un père, d’un amoureux, par la plume de celle qui l’aimera toujours, portée sur cette luge glissant dans ce décor immaculé.
« -Tu aimes beaucoup Paul Valéry ? » Tu le cites souvent.
-Oh, oui. C’est lui qui a écrit la phrase, tu sais, au fronton du palais de Chaillot : »Il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor, que je parle ou me taise. Ceci ne tient qu’à toi. Ami n’entre pas sans désir »….
« Ami n’entre pas sans désir » ; j’aimerais qu’on écrive ça à l’entrée de mon atelier. «
Fanny.
Alors c’est bien, Clémentine Mélois, Gallimard / L’Arbalète, 208 p. , 19€50.