L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Là où chantent les écrevisses, Delia Owens (Le Seuil) – Fanny
Là où chantent les écrevisses, Delia Owens (Le Seuil) – Fanny

Là où chantent les écrevisses, Delia Owens (Le Seuil) – Fanny

Il y a des romans comme ça qui vous arrachent des larmes et un sourire un soir, très tard, sous la pleine lune. Des histoires qui vous prennent au corps et qui vous disent que c’est pour elles que vous faites ce métier.
Là où chantent les écrevisses, de Delia Owens, sous la traduction de Marc Amfreville, en fait indéniablement partie.

Tout commence et tout finit dans le marais, le bayou.
« Un marais n’est pas un marécage. Le marais, c’est un espace de lumière, où l’herbe pousse dans l’eau, et l’eau se déverse dans le ciel. Des ruisseaux paresseux charrient le disque du soleil jusqu’à la mer, et des échassiers s’en envolent avec une grâce inattendue -comme s’ils n’étaient pas faits pour rejoindre les airs- dans le vacarme d’un millier d’oies des neiges. »
Voilà, Delia Owens vous prend dans sa poésie, et l’intensité de ce lieu, pour ne plus vous lâcher jusqu’à la toute dernière page.

Nous sommes en 1969 lorsqu’est découvert le corps de Chase Andrews dans un marécage. Tout porte à croire à une simple chute du haut de cette vieille tour de guet. Mais l’absence totale de traces ou d’empreintes sème le doute dans l’esprit d’ Ed Jackson, le shérif de cette bourgade du Sud profond. L’ enquête démarre donc, au rythme des plats et des saveurs typiques du coin qui défilent lors des conciliabules entre Ed et son adjoint.
Parallèlement à cette histoire, une autre débute en août 1952, au sein du marais. Une petite fille voit partir sa mère au bout du chemin. Elle essaye tant bien que mal de se dire qu’elle reviendra… un jour.

C’est ainsi que commence l’histoire de Kya, se déroulant au milieu des oiseaux, des plantes sauvages, de la violence d’un père alcoolique, des abandons, des belles rencontres, des amibes, des remarques assassines, des hérons, des crabes, des amours.

Avec un sens inné du rythme et de la formule, Délia Owens nous transporte fabuleusement dans son univers. J’y ai plongé mon regard et n’ai plus eu envie d’en ressortir, absorbée par ce personnage féminin fort, dense et magnifique.
Le marais devient la mère nourricière de Kya, il lui donne, la nourrit, l’inspire, la fait grandir, la confronte tandis que le monde autour observe cette « Fille des marais » méfiante et craintive qui a le goût de cette solitude immense, parfois forcée, parfois voulue.

Kya vit, palpite et Owens nous tatoue à l’esprit la beauté sombre du bayou et de son enfant. C’est cela la force d’un grand roman : ce tissage sensible entre personnages, ambiance, écriture et nous, lecteurs-trices happé(e)s.

Là où chantent les écrevisses (« Where the Crawdads Sing ») est un chant d’amour pour les marais, c’est aussi une enquête qui vous surprendra par son amplitude. Comme un éblouissant roman polymorphe.

Kya est désormais une de mes grandes héroïnes littéraires de l’année 2020 qui s’en vient.
Immense coup au ❤️.

Fanny.

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