
« 1793. C’est le temps de la Terreur, de l’incertitude et du chaos. Tandis que Louis XVI est guillotiné, un peintre au regard tranchant fuit Paris pour regagner la campagne. Emporté, éloquent, redoutable à l’épée comme au pistolet, Lazare Bruandet ne poursuit qu’un but : peindre et dessiner la vérité de la nature, loin de la société et de toute quête de postérité. »
Depuis ma lecture de La Nuit de l’Inca (Dargaud 2003-2004 avec Fabien Vehlmann), j’essaie de garder un oeil sur les publications de Frantz Duchazeau et il faut bien reconnaître que je n’ai jamais été déçu jusque-là. Pertinents, originaux, ses bouquins sortent du lot sans forcer et l’homme y a fait ses preuves au dessin comme au scénario. Cette fois encore, il signe seul ce nouvel opus et se montre plus convaincant que jamais.

Le Peintre hors-la-loi revient sur le destin de Lazare Bruandet (1755-1804), peintre, révolutionnaire et meurtrier qui, s’il n’a pas laissé de trace inoubliable dans l’histoire, n’en bouleversa pas moins les codes et usages de la peinture.. De ce personnage haut en couleurs, on sait finalement assez peu de choses si ce n’est son tempérament bagarreur, sa passion pour la peinture de paysages et sa fougue révolutionnaire.

Après avoir défenestré sa compagne qu’il soupçonnait d’infidélité, Bruandet doit quitter la capitale et disparaître dans la forêt de Fontainebleau où il restera caché plusieurs années. De retour dans l’abbaye où il découvrit la peinture alors qu’il n’était qu’un jeune enfant, il va consacrer sa vie à son oeuvre, auteur de cette éclairante déclaration de foi :
« Jamais un peintre qui se respecte ne doit toucher un pinceau s’il n’a pas son modèle sous les yeux. »
Idéaliste dans son art, acharné dans son travail et sa quête de l’exactitude, Lazare Bruandet n’en est pas moins un personnage plutôt antipathique, brutal et égocentrique, persuadé d’avoir raison seul contre tous mais il est de ces figures plus grandes que la vie dont l’évocation force le respect.

Vif et coloré comme le fut la vie de Bruandet, le récit de Duchazeau, impeccablement illustré, est un vrai régal, une tranche d’histoire méconnue durant la Terreur, aussi instructive que distrayante.
Yann.
Le Peintre hors-la-loi, Frantz Duchazeau, Casterman, 93 p. , 20€.