Haïr la France ou bander pour elle. Les uns ont appris à la détester, les autres ont baigné dans son exaltation. Pays au passé raciste ou flamboyant ? Tout ça à la fois, c’est ce qui fait la nuance de l’Histoire, mais ils s’en foutent. Entre les descendants d’immigrés et ceux qui se disent Français de souche, l’heure est à l’action. Lames, battes de base ball, flingues… l’arsenal utilisé des deux côtés est à l’image de la rage déployée, débile. D’autant plus qu’ils sont tous enfants de la République, ce qui aurait dû les réconcilier en ces temps tragiques.
Des années que tout était fait pour que rien ne change. Des années que leur haine réciproque était attisée par des médias et des politiciens irresponsables. Il y avait parfois des émeutes çà et là, mais chaque fois, les flics sonnaient la fin de la récré. Parfois, on n’avait même pas besoin d’eux, une Coupe du monde suffisait. L’incendie éteint, la vie reprenait son cours et l’on s’accommodait de cette paix sociale aux relents de répit, mais les braises perduraient. Sournoises, elles couvaient le prochain incendie, jusqu’à l’embrasement final. »

La 4ème de couv. Matt, jeune père de famille, savoure une bière en terrasse à Paris, quand se produit un étrange phénomène : toutes les feuilles des arbres tombent instantanément, avant qu’une onde de choc surpuissante ébranle la capitale. Attentat ? Séisme ? Explosion nucléaire ? À la suite d’un mouvement de panique sans précédent, et en l’absence d’informations, le président décide de confiner les habitants. Matt, Clem et leur fils de quatre ans se retrouvent prisonniers de leur immeuble en banlieue et tentent d’organiser le quotidien avec leurs voisins. Jusqu’à ce qu’une terrifiante épidémie gangrène la population…
Entre solidarité, lâcheté et sacrifice, jusqu’où Matt et Clem iront-ils pour survivre et protéger leur fils ?
Pas facile de te causer de ce roman. Parce qu’il est riche, autant que Bernard Arnault, c’est dire. Beaucoup de thèmes abordés, sans jamais que ce soit indigeste, parce que Michael Mention a du métier, il sait doser. Mais je me triture le cerveau pour trouver l’angle d’approche tout en conservant le suspense, parce que ce roman noir a un beau profil de thriller, bien coupant, tranchant, haletant. Le genre de texte qui te tient par les testicules (mais ça marche aussi avec les ovaires, enfin j’imagine). Il te tient parce que c’est admirablement bien fichu, et que le gars a du métier (quoi ? je me répète, je sais). Le genre de texte qui est un véritable enfer pour les librocubicularistes du monde entier, ceux qui se mentent chaque soir en se disant à la fin du chapitre « allez, un dernier et j’éteins ». Mais si tu as Qu’un sang impur entre les pognes, tu n’éteins pas. Et le lendemain, au boulot, tu as une gueule de lotte qui aurait passé deux jours en plein soleil sur un étal du port. Déjà que fraîche c’est admirablement moche une lotte, imagine un peu. Mais comme je suis un malin, ce roman je l’ai lu en plein jour, comme ça pas de problème de gueule de lotte le lendemain. De toute façon je n’ai jamais de gueule de lotte le lendemain au boulot…étant donné que je suis à la retraite. Je me rends compte que je digresse. Digresser peut nuire gravement à la santé.
Je disais donc que ce roman était riche, très riche. Il est construit sur une symbolique forte, je ne te dis rien, tu trouveras toute seule, ou tout seul. Une chose est sûre, Michael Mention est en colère. Il a posé sa colère sur le papier, il l’a ordonnée, sculptée, travaillée et façonnée au maximum de ce que l’art permet. C’est-à-dire qu’il y a dans ce texte, le sens et le son, le sens et le beau ainsi qu’une vision et un regard.
L’auteur te parle de la société, il te parle de nous aujourd’hui, de nous demain. De ce que nous sommes à deux doigts d’être, que nous sommes déjà pas mal, en fait. En se servant du piège redoutable du huis-clos il tend son embuscade au lecteur curieux que nous sommes, et une fois dans le goulet, quand nous sommes sans issue, il décoche ses flèches. Autant dire que ça pique.
Fort.
Souvent.
Toujours à propos.
Jamais gratuit.
Si j’ai écrit de la sorte les quatre dernières phrases c’est parce que Michael Mention a utilisé ce procédé pour travailler le rythme, imprimer une allure, par moments bien choisis. Ça marche fort bien.
Dans ce huis-clos, il met en scène une douzaine de personnages. Les habitants de l’immeuble où vivent Clem, Matt et Téo. Tu trouves que ça fait beaucoup ? t’inquiètes pas, ça va se réduire… Chaque personnage est un miroir tendu à l’un d’entre nous, ne vous bousculez pas, il y en aura pour tout le monde. Pas vraiment de bons et de gentils, juste des gens normaux qui réagissent comme ils peuvent à un évènement qui les dépasse. Cela les rend terriblement humains dans leurs failles et leurs défaillances, leur courage, leurs secrets qui pèsent lourds dans les moments difficiles, leurs petites lâchetés, leurs éclairs de bravoure. Si on a un tantinet de lucidité sur soi on se met aisément à leur place, parce que ça pourrait être nous. Alors sans qu’on s’en soit aperçu, on s’est attaché à eux, on s’intéresse, on se met à détester untel, à aimer un autre, à lui trouver des excuses, à juger un peu trop vite, comme dans la vie.
Il y a dans ce roman atypique et cinglant quelque chose qu’on ne rencontre pas dans chaque roman, loin s’en faut. C’est l’utilisation de l’hors-champ. Une technique très bien connue dans le cinéma. Faire du hors-champ en littérature c’est tout le contraire de simple. Rendre présent dans la tête du lecteur quelque chose qui n’est pas montré. L’auteur est un gros amateur de cinéma, un cinéphile, disons-le. Pas étonnant qu’il ait transposé cet élément technique terriblement efficace à l’écrit. Et ça marche à merveille. Longtemps il retient l’action, comme un maître de chien retient son animal prêt à bondir en rugissant, ou comme Johnny retient la nuit (non, là je déconne). Et il lâche quelques infos, des bribes, mais nous maintient dans l’ignorance, nous sommes traités comme les personnages. Et nous mesurons ainsi l’impitoyable douleur de l’ignorance.
Michael Mention plonge sa plume (mais si j’avais voulu filer la métaphore j’aurais écrit sa lame) dans les tares de notre société, dans les absurdités de notre monde, de ses systèmes, dans sa folie. Il se montre caustique, sarcastique, souvent drôle, décapant. Pas mal en prennent pour leur grade, tu verras.
À travers des scènes hallucinantes de réalisme (on s’y voit), par le truchement de la folie collective en temps de panique (ce temps où surgissent les monstres), il dissèque notre mode de vie, l’impasse vers laquelle nous filons compteur bloqué au max et enceintes crachant des décibels absurdes, gavés de calories et les yeux rivés à nos sacro-saints écrans qui nous remplissent de nous-mêmes.
Mais l’auteur aime ses personnages, tous. Et il se garde bien de donner des leçons. Il fait son métier de romancier, c’est-à-dire qu’il montre. Libre à toi de regarder ou pas, et si tu regardes, tu y vois ce que tu veux. Comme le disait Jean-Patrick Manchette dans une lettre « je montre des choses, le lecteur est libre de regarder ou pas, je ne suis pas chargé de l’évangéliser » – ce n’est pas la phrase exacte mais l’idée est là –
Un jour de plus à macérer dans le purin entretenu par la télé, la radio, le Net, tout ce cirque dont il est impossible de s’extraire.
Tu as lu cette phrase ? Simple en apparence. Juste en apparence. Mais il y a un travail de dingue. Chaque mot choisi avec soin et méticulosité, et en plus ce mot est à sa place. Combien de temps pour parvenir à cet équilibre ? combien de réécritures ? Il faudra le demander à l’auteur à l’occasion d’un salon ou d’une rencontre, une table ronde. Dans cette phrase, il y a cinq mots qui tiennent le tout. Macérer, purin, cirque, impossible, extraire. Des mots forts qui se font la courte échelle. C’est beau.
Michael Mention est un romancier, et un romancier est une personne qui observe beaucoup, des détails souvent, mais qui donnent de l’autorité à une scène, un passage, rendent le tout réel :
…blasé, il descend l’escalier, dépasse les apparts, les paillassons, l’extincteur et ses toiles d’araignées qui frémissent à l’ouverture de la porte.
Cette scène courte existe et se déploie uniquement grâce à la toile d’araignée qui frémit. Je sais que tu as l’image dans la tête.
Un autre exemple (après j’arrête, je ne veux pas te soûler)
Yazid et Fatima, tous deux musulmans. Voile, burqa, abaya… on parle d’eux tous les jours aux infos, mais ils ont su rester simples malgré la célébrité. Simples et gentils. Un peu trop, même. Réflexe sans doute hérité de leurs parents, pour lesquels « intégration » rimait avec « soumission ».
Quatre phrases, un contexte sociétal, social, de l’humour et une flèche décochée.
Quand tu liras ce roman, tu penseras par instants à des films, mais ça n’a rien à voir. J’ai pensé à The thing, de John Carpenter, j’ai pensé à 28 jours plus tard, de Danny Boyle, j’ai pensé aussi à Soleil vert, ce qui, en matière de cinéma est quand même le haut du panier.
Je rame pour te parler de ce roman tellement il y a des choses à dire. Ce serait vraiment dommage que tu passes à côté. J’ai l’impression de ne pas avoir fait le job. Mais je tiens à ne rien dévoilgâcher alors je marche sur des œufs.
Ah oui, si tu es une habituée ou un habitué de l’auteur, tu sais déjà qu’il y a pas mal de musique dans ce roman, et de la bonne. Pas coupée.
Je n’ai pas de conseil à donner, mais je le fais malgré tout : File te procurer Qu’un sang impur, avant qu’il n’en reste plus une goutte.
Pour l’heure, il se détend en musique, observe la rue, les mollets des passantes dont les chevilles aux contours délicats l’éloignent de ce siècle étrange. Mondialisation. Précarité. Covid. Attentats. Repli communautaire. Jul. Réchauffement climatique. Ukraine et cette guerre qui n’en finit pas. Drôle d’époque où des starlettes du Net vendent l’eau de leur bain 5 000 balles tandis que des agriculteurs crèvent la dalle en bossant 20 heures/24. Heureusement, dans ce merdier anxiogène, il y a Stevie. Matt se relâche, pensif. Ni macho ni déconstruit, il vit depuis douze ans avec Clem, instit ascendant féministe. Partage des tâches, éducation de Téo… leur couple trace sa route rock et végane. Chacun sa vision des choses. Et si certains se disent antivax, non- binaires, salafistes, si certains croient réécrire l’histoire en virant des statues, ça les regarde. Matt s’en fout, la vie est trop courte pour la gâcher en idéologies. Quant au grand remplacement, il ne le voit que dans les CDD de trois mois, n’en déplaise aux droitards.
Seb

Première chose à propos de ce livre : ne pas le laisser à porter de main des âmes sensibles ! Il ne serait d’ailleurs peut-être pas inutile de délimiter un périmètre de sécurité en librairie autour de lui pour éviter que ce concentré de violence explose au visage de personnes trop peu préparées à ce qui les attend…
Par contre, pour ceux qui ont le cœur bien accroché, qui sont fans de scénarios catastrophes et d’horreur, pas de problème, vous y trouverez tout cela et plus encore, prévoyez un passage chez votre libraire préféré dès le 6 mars !
Matt dégustait tranquillement sa bière à la terrasse d’un café quand tout a basculé. Onde de choc énorme, panique partout, aucune info sur ce qu’on croit être l’explosion d’une centrale nucléaire. Rentré de justesse chez lui sans se faire tuer, il retrouve sa compagne et son très jeune fils. Commencent des heures d’angoisse qu’ils vont vivre avec leurs voisins en attendant d’en apprendre un peu plus sur ce qui ressemble à la fin du monde…
Le roman commence extrêmement fort mais on comprend vite qu’il va falloir apprendre à gérer nos émotions parce que l’auteur prend un malin plaisir à nous plonger toujours plus loin dans la sidération. Rien ne nous est épargné. Quelques petits moments de calme relatif où les personnages et nous-mêmes reprenons notre souffle ne servent finalement qu’à préparer le retour de scènes horribles et angoissantes qui nous font écarquiller les yeux en nous demandant où cela s’arrêtera.
La construction du roman fonctionne à merveille : d’un petit immeuble aux occupants tous différents et bienveillants, on s’enfonce peu à peu dans un chaos où chacun révéle sa part sombre…
Je ne vous en dis pas plus, à vous de vous confronter courageusement à ce que l’imagination machiavélique de l’auteur nous a réservé !
Aurélie.
Qu’un sang impur, Michael Mention, Belfond Noir, 336 p. , 20€.
L’entretien avec Michaël Mention
Bonjour Michael Mention, le 6 mars 2025, les éditions Belfond publient ton nouveau roman Qu’un sang impur dans la collection Belfond Noir. Ton précédent roman, Les gentils, a reçu des prix, notamment le prix Méditerranée ainsi que le prix Dora Suarez. Il a été finaliste pour le prix du meilleur roman francophone au festival de Cognac. Comment appréhende-t-on l’écriture d’un roman quand on est un peu attendu au tournant ?
Ça fait des années je suis attendu au tournant car les lecteurs savent que je change régulièrement d’univers. Je suis très heureux de partager enfin Qu’un sang impur, je pense que c’est l’un de mes plus aboutis, j’ignore comment il sera reçu mais ça ne me préoccupe pas car je suis déjà dans le prochain roman avec enthousiasme, comme à chaque fois.
Ton nouveau roman, Qu’un sang impur, traite de plusieurs thèmes, en particulier sociaux et sociétaux, au début on y fait la connaissance d’une dizaine de personnages situés dans un périmètre très restreint, comment tu organises cela ? Y a-t-il un plan d’attaque, ou laisses-tu les choses se faire ?

Tu es bien placé pour le savoir : chaque auteur/autrice a sa méthode, ses propres rituels. Certains misent sur la spontanéité, d’autres ont besoin de planifier au maximum. En ce qui me concerne, je fais un mix des deux : je structure 30-40% en amont et, quand le « terrain » me paraît suffisamment solide, je me lance à l’instinct. Avec le temps, j’ai appris à me faire un peu plus confiance car je sais que beaucoup d’idées viennent en cours d’écriture et qu’on ne peut pas tout prévoir à l’avance. À moins, bien sûr, d’être dans une stratégie uniquement commerciale avec un bouquin hyper calibré sans spontanéité, mais ça, c’est un autre sujet.
Sans dévoilgâcher quoi que ce soit, il y a dans Qu’un sang impur, une forte symbolique, c’est une manière, dans le roman noir, assez peu utilisée pour raconter une histoire. Comment es-tu arrivé à cette idée de construction ?
En effet, c’est à ce jour mon roman le plus symbolique. Les Gentils l’était lui aussi : sous couvert de traque, il s’agissait surtout d’explorer la dérive d’un homme à travers les codes du roman d’initiation avec un mélange de réalisme et d’insolite voire d’absurde. Cette fois, je me suis embarqué dans un récit encore plus symbolique avec, toutefois, une volonté d’inscrire mes personnages et leurs trajectoires dans un réalisme permanent. Hommes-femmes, juifs-musulmans, conservateurs-progressistes… notre pays est déchiré et une grande partie de la population s’entredévore en permanence, alors la symbolique s’est imposée d’elle-même (on ne va pas spoiler, hein) ainsi que Matt, Clem et les autres personnages : à travers leurs actes, leurs choix, chaque lecteur se retrouvera forcément un peu. Se confronter à soi est parfois pénible ou douloureux, mais ça a toujours du bon, j’en sais quelque chose.
Quand on lit ce roman on comprend que tu es un homme en colère, mais tu transformes cette colère en quelque chose de positif en la métabolisant dans le récit par le biais de l’humour, de la causticité et de l’ironie. Était-ce prévu ou est-ce arrivé durant l’écriture ?
Je suis comme ça au quotidien. L’humour est ma béquille, celle qui me permet d’avancer sans trop pâtir de la noirceur du monde, de réinjecter de la légèreté là où elle manque le plus. J’aime l’humour frontal de Hara Kiri, de Blanche Gardin, les parodies implacables des Inconnus et du Palmashow car cet humour-là pulvérise les aberrations et les hypocrisies. Quand t’apprends que Trump veut bâtir des hôtels sur les ruines de Gaza, on atteint un tel niveau d’obscénité qu’il faut de l’humour sinon tu pètes un câble. On retrouve cette même obscénité dans le discours de certains ministres : quand quelqu’un qui n’a jamais travaillé de ses mains, qui ne sait pas ce qu’est récurer des chiottes ni tirer une palette de 80 kilos m’explique que je vais devoir bosser plus longtemps, je me raccroche à mon humour : ça vaut mieux qu’une condamnation pour violences avec torture et actes de barbarie !
Au collège, j’avais déjà le sens de la dérision (il fallait bien car j’avais le kit « maigreur-lunettes-appareil dentaire »), un humour devenu au fil du temps assez sarcastique. Si j’aime autant le roman noir, c’est qu’il est – à mon sens – la seule littérature qui permet d’aborder des sujets sérieux sans se prendre au sérieux. Il y a dans le roman noir un humour bien particulier, à la croisée du premier et du second degré, un mélange subtil teinté d’une certaine tendresse désespérée. Du moins, c’est comme ça que je le ressens. Autant de nuances qui permettent de dézoomer pour avoir un autre regard sur les personnages et leurs émotions, leurs actes. Le roman noir est la littérature des vaincus et des lâches, de ceux qui cherchent à s’en sortir par tous les moyens, et c’est pourquoi j’ai pris autant de plaisir à écrire Qu’un sang impur.
En 2018, dans une interview, j’avais dit que je n’écrivais pas à la colère mais aujourd’hui j’écris davantage en réaction. Racisme, inégalités sociales, trahison des élus… face à certains sujets, je suis comme toi, je réagis en écriture sans pour autant adopter une posture d’auteur « engagé » comme on en voit parfois. En débutant le roman, j’étais très en colère contre beaucoup d’aspects de notre société. « Trop en colère », m’a dit mon éditrice Carine Verschaeve après avoir lu les trente premières pages, et elle avait raison : à ce stade, je n’avais pas encore trouvé la tonalité, j’étais écrasé par la symbolique du récit. Puis, j’ai tout repris depuis le début, j’ai réécrit, relu, affiné durant des semaines suite aux conseils judicieux de Carine, et j’ai fini par trouver le bon équilibre entre gravité et ironie, dureté et sarcasme. Cet équilibre-là me vient sans doute du cinéma de Carpenter qui sait si bien extraire le cocasse du contexte le plus anxiogène.

Encore une fois, sans dévoilgâcher, tu plonges tes personnages dans une sacrée histoire de fous, et la grande différence avec la plupart des romans qui racontent des histoires de fous, c’est que la tienne engage l’Humanité tout entière. Pourquoi ce postulat ?
Pour cette histoire, je voulais que l’intime et l’international cohabitent, j’étais convaincu que le ping-pong entre ces deux prismes apporterait une énergie particulière au roman. L’idée d’un survival et d’un roman catastrophe a germé il y a six ans, quand j’écrivais De mort lente, et j’ai gardé cette envie quelque part dans ma tête… puis, il y a eu le Covid, la guerre en Ukraine et d’autres sujets qui ont maturé et ont fini par dessiner l’axe narratif de Qu’un Sang Impur, un récit hybride comme je les affectionne : un mélange de roman choral, de dystopie, de chronique sociale et de survival post-apocalyptique, le tout saupoudré d’ironie et de musique. En ayant toujours à l’esprit de rester au plus près des personnages, dans l’action la plus banale de leur quotidien comme l’arrosage du basilic ou une caresse au chat. Ce genre de détails en apparence anodins renseigne bien plus sur un personnage qu’un traumatisme du type « flic-brisé-par-la-vie-car-son-fils-est-mort-alors-il-a-sombré-dans-l’alcool ».
En te gardant de donner des leçons, tu pointes une société fracturée, divisée, dont chaque partie est rendue inaudible par la cacophonie des réseaux sociaux, il en résulte à la lecture de ton roman un grand sentiment d’impuissance en tant qu’individu. Ce constat change-t-il ton rapport au monde ?
Non. Je fais juste comme la plupart des gens : j’essaie de trouver ma place dans ce monde d’aberrations et d’injustices tout en restant intègre, sans avoir à trahir mes valeurs. Chaque jour, je veille à rester cohérent au maximum avec moi-même, que ce soit avec mes proches, au boulot ou en écriture. J’ai bien des défauts mais pas celui d’être opportuniste ou calculateur.
Quant aux réseaux sociaux, c’est comme l’I.A. et la charcuterie, il faut savoir doser. Pour ma part, j’ai décidé de rester – pour l’instant – sur Facebook afin de garder le lien avec certaines personnes (lecteurs ou pas). Ça me permet de partager avec eux, de faire de la pub aux potes etc. Le reste, TikTok et compagnie, ça ne m’intéresse pas. Le peu que j’en connais me renseigne bien assez sur notre époque et ses symptômes mortifères, de « Voilà ma vie sexuelle » à « Regardez-moi, j’existe ». Il n’y a pas que ça sur les réseaux sociaux, je sais, mais il y a tout de même une sacrée dose de connerie, une médiocrité telle qu’elle en devient romanesque. Tout ça a quelque chose de fascinant car c’est sans fin et qu’on peut toujours faire pire : entre polémiques ineptes, leçons de morale et vexations permanentes, il y a de quoi être consterné 24h/24 (oui, j’enfonce des portes ouvertes).
Heureusement, on peut encore partager des choses saines comme de la musique, des sketchs, des infos vérifiées et pertinentes. Et il ne faut pas oublier qu’avant, quand t’étais coupé du monde, tu le restais et cet isolement a fabriqué des décennies de solitude aliénante, des tas de suicides. Aujourd’hui, une personne au fin fond de la cambrousse la plus isolée peut être en contact avec d’autres personnes grâce aux réseaux sociaux. De même que, pendant le confinement, les réseaux sociaux ont à la fois généré du négatif (fake news, paranoïa etc) et du positif en nous permettant de garder le lien, de rester soudés face à l’inconnu. Bref, c’est cette ambivalence qui rend les réseaux sociaux intéressants malgré tout et j’ai tenu à les aborder sous tous leurs aspects dans Qu’un sang impur.
Ton histoire débute gentiment, tes personnages ont la belle vie. La première scène plante le décor. Mais ça va assez vite se dégrader pour basculer dans quelque chose d’extrêmement violent, mais pour y arriver tu nous fais passer par une phase d’incertitude que tu décris fort bien et qui fait office de sas avant de nous plonger dans des évènements qui dépassent les personnages. Ce moment de basculement est très travaillé, pourquoi prends-tu le risque de retenir ainsi l’action ?
C’est un jeu avec le lecteur : tu plantes le décor, tu avances tes pions, tu les recules un peu, tu les avances de nouveau… j’adore cet aspect ludique de l’écriture. J’ai revu récemment le film La Poursuite impitoyable qui est un modèle de crescendo : durant deux heures, le réalisateur Arthur Penn fait monter la sauce et arrête juste à temps, pour passer à la séquence suivante où il refait monter la sauce encore et encore, et d’un coup, ça pète avec le climax. C’est du grand art (et encore, j’ai pas évoqué Brando et les autres !) Voilà le genre d’énergie que j’essaie de retranscrire dans certains passages comme celui que tu évoques : j’aime découper l’action, la déstructurer pour faire émerger les détails à retravailler (comme un regard, un cri, une chute) pour qu’ils s’articulent entre eux, gagnent en efficacité et en émotion.
J’ai plus grandi avec l’image que les mots, et si la littérature m’a accompagné dès l’adolescence (j’étais un grand lecteur de Stephen King, de Christine à La Part des Ténèbres pour ne citer que ces deux-là), j’ai toujours été plus cinéphile que lecteur. Cette première scène, je l’ai vue bien avant de débuter le roman. Les feuilles des arbres, le silence dans la rue, les premiers murmures… j’ai pitché ce passage à Carine dans ses moindres détails. C’était si évident, si clair dans ma tête que c’est venu tout seul face à l’écran. Le reste, ce n’était « que » du détail et du rythme qu’il a fallu affiner encore et encore. Et ça, cette réécriture permanente, cet affinage méticuleux, c’est vraiment ce que je préfère dans l’écriture. Surtout à la fin, quand tu sens que tu es allé au bout de tout ce que tu pouvais produire comme peaufinage… même si c’est une illusion et qu’on peut toujours faire mieux.

Ceux qui te connaissent et te lisent apprécient ton style et cette voix singulière, avec notamment beaucoup de références musicales. Dans les évènements terribles qui surviennent tout le long de ton roman, la musique est une nouvelle fois présente. Que veux-tu faire passer grâce à elle ?
J’ai découvert la musique vers 10-11 ans à travers AC/DC, Dire Straits et Police, et ça a été une véritable révolution dans ma vie. Jusqu’alors, je n’étais pas malheureux mais je n’étais pas spécialement heureux non plus. J’ai pourtant eu une enfance assez cool, j’avais une famille plutôt sympa, des potes, mais la découverte de la musique m’a procuré des émotions encore jamais ressenties. Ça s’est accentué avec Nirvana, les Who, Rage against the Machine. Ado, je pouvais passer toute une journée enfermé dans ma chambre à dessiner en écoutant mes groupes préférés, puis il y a eu la découverte du métal et du prog des 70’s avec King Crimson, Genesis, Magma… ma passion pour la musique a totalement redéfini mon rapport à la solitude. Aujourd’hui, ayant la chance d’être publié et d’être lu, je partage avec les lecteurs ma passion pour la musique, tous ces groupes que j’ai découverts seul ou grâce à des tas de personnes. Je suis très attaché aux notions de partage, de transmission.
Mais j’ai beau être un mélomane viscéral, je n’ai jamais casé un morceau dans un roman pour faire « joli » car ce qui prime, c’est le récit. Une musique, une chanson, c’est avant tout une énergie, et chaque note est un vivier d’émotions. Ce matin, en allant au boulot, j’ai écouté Starless de Crimson et, à partir de 4mn29, il y a une partie instru d’une noirceur incroyable et je me suis dit « J’ai un passage pour ce morceau dans le bouquin », puis je me suis rappelé qu’il illustrait déjà un moment décisif dans De mort lente… en général, je n’utilise un morceau qu’une seule fois. En ce moment, j’écoute en boucle The national anthem de Radiohead dont la boucle de basse saturée m’inspire des images qui s’affinent un peu plus à chaque écoute : un truc qui serpente dans l’obscurité, à peine lumineux comme la mèche allumée d’une bombe… je vais écrire ce passage cette nuit et j’ai hâte car je le ferai en écoutant au casque ce morceau que j’adore. Dans chacun de mes romans, chaque musique ou chanson a un sens, même dans ce passage des Gentils, quand Franck retrouve ses esprits après l’explosion et que le refrain des Gondoles à Venise lui revient (quand je te dis que j’adore le second degré !)
Sans jamais juger tes personnages, tu appuies sur les innombrables fissures qui fragilisent notre société et mettent à genoux ce qui à une époque pas si lointaine se définissait par l’expression « Vivre ensemble ». Lorsqu’on examine la psychologie de tes personnages, qu’on les regarde évoluer et réagir aux différentes situations de crises, on se dit que cet idéal n’a peut-être jamais été une réalité et qu’il n’a jamais paru aussi utopique qu’aujourd’hui ?
Je crois au vivre ensemble. J’y crois tellement que j’ai choisi un job qui tourne autour de ça (je bosse au pôle médiation culturelle d’un réseau de médiathèques où nos anims mélangent les âges, les origines, les classes sociales) mais j’y crois pour ceux qui veulent y croire eux aussi. C’est comme ce slogan Le pouvoir au peuple : dans l’absolu, je suis pour, mais il y a des gens dans « le peuple », t’as pas vraiment envie qu’on leur file du pouvoir… eh bien, là, c’est pareil, le vivre ensemble a ses limites, ce que j’ai voulu montrer dans le roman. On le constate chaque jour : tout est fait pour nous diviser et nous opposer les uns aux autres avec des politiques drastiques, des médias partisans, des idéologies de tous bords, des conditions de travail de plus en plus rudes, et paradoxalement, plus la vie se durcit et plus on nous parle de bien-être, de vivre-ensemble. On parlait d’humour noir, et là, il en faut : on nous prend tellement pour des cons qu’il vaut mieux en rire. Il ne nous reste que ça. Alors, oui, comme tu le dis si bien dans ta question, le vivre ensemble est avant tout une expression. Pour moi, c’est un rêve noble, une utopie séduisante en partie réalisable, mais c’est aussi un concept fabriqué, subventionné, teinté d’une grande hypocrisie de la part de ceux qui nous en parle le plus.
Tu alternes des scènes et des chapitres extrêmement nerveux et tendus avec des moments de retour au calme, des portions narratives durant lesquelles on oublie presque la gravité de la situation. Que trouves-tu d’intéressant dans ce procédé ?
Je suis lecteur avant tout et ce qui m’emmerde particulièrement, ce sont ces livres qui se contentent de raconter en mode « rédac CM2 », les narrations en pilote automatique avec des dialogues surexplicatifs… bref, quand ça ronronne. Si tu ajoutes à ça un tueur qui tue, un enquêteur qui enquête et un premier degré permanent sans le moindre humour, tu as le prototype du bouquin-calvaire pour moi. Ce que j’attends d’un récit, c’est qu’il me surprenne, qu’il bouscule mes habitudes, qu’il m’arrache à ma zone de confort, et ça passe par le fond et la forme, les petites audaces en début et en fin de chapitres qui peuvent être courts ou longs. J’aime les cassures de rythme et les ruptures de ton, c’est toujours risqué, mais écrire est une prise de risque, non ? En tout cas, ça devrait l’être pour nous tous.
On s’attache très vite à Clem, Matt et leur fils de quatre ans Téo. Ils sont au premier plan mais il y a une grande homogénéité en ce qui concerne la galerie de personnages, j’ai l’impression qu’ils sont tous des premiers rôles. Est-ce que ça n’a pas été complexe à organiser ? J’ai eu la sensation qu’avec chacun d’eux tu tendais un miroir à chacun de nous ?
Qu’un Sang Impur est le roman dans lequel je respecte le plus mes personnages jusque dans leurs pires travers, sans les juger. Dans Matt et les autres, il y a bien évidemment un peu de nous tous au détour d’un acte ou d’une réplique. Et donc beaucoup de moi dans les petites lâchetés, les contradictions du quotidien.
À plusieurs reprises, tes personnages font des allusions à un passé très récent, celui du covid et des confinements. Ils retrouvent d’ailleurs dans leur situation, des points en commun avec cette période, mais, s’ils ont toujours ce moment en mémoire, on a l’impression qu’ils n’en ont pas tiré les leçons. C’est désespérant ?
Si on tirait les leçons du passé, ça se saurait.
Dans Qu’un sang impur, tu as écrit des scènes d’une rare violence, et simplement la situation elle-même est violente et brutale, mais rien n’est gratuit et on ne tombe jamais dans le voyeurisme. Est-ce une manière de te démarquer d’ouvrages qualifiés de « thrillers » dans lesquels la surenchère dans la barbarie, le sang et les tripes à l’air est une règle de base ? Avec ton roman, tu sembles vouloir rappeler ta conception qui est que le thriller fonctionne d’abord et avant tout sur une mécanique narrative, un rythme évènementiel élevé et la faculté d’un auteur à faire ressentir à des lectrices et lecteurs des sentiments tels que l’empathie et la compassion, la colère et la frustration, mais aussi la peur de la perte, de la séparation, de la mort, de l’inconnu ?
Il existe de très bons thrillers (je pense notamment à plusieurs confrères), des romans haletants tout en sobriété avec un véritable travail sur l’écriture, mais en effet, il faut beaucoup trier. Quant à cette surenchère de violence… tu l’as constaté toi aussi : en festivals, certains lecteurs nous abordent en nous disant « Il y a du sang dans vos livres ? J’aime quand c’est trash » et je n’ai aucune envie de répondre à cette envie-là. Une envie qui est aussi un besoin alimenté par toutes ces émissions racoleuses sur les tueurs en série, les séries les plus sanglantes etc… Notre époque est déjà bien assez vulgaire et violente, alors pourquoi en rajouter ? Le sang pour le sang ne m’intéresse pas, je n’en vois pas l’intérêt et, comme toi, je laisse ça à d’autres. Qu’un sang impur comporte de nombreux passages violents, mais c’est une violence furtive qui s’exécute par flashs, on est bien plus dans la symbolique que dans la description insistante : il y a des tas de passages où j’aurais pu développer, insister sur le sang qui coule et la chair qui se déchire, mais rien que d’en parler, je trouve ça inepte et malsain. Le troisième volet de ma trilogie (… Et justice pour tous, chez Rivages/noir) traitait du réseau pédophile qui a ébranlé la BBC en 2012, et si j’ai une fierté, c’est de n’avoir décrit aucune scène entre un adulte et un enfant. Un regard, un poing serré seront toujours plus efficace : c’est le grand pouvoir de la suggestion, celui qui te donne l’impression de lire un truc alors qu’il ne figure pas dans le roman.



Dans ce nouveau roman dont on ne ressort pas tel qu’on y est entré, pas mal de monde en prend pour son grade. Les complotistes, les hyènes qui hantent les réseaux sociaux, le monde politique, les individualistes forcenés, les fachos ou ceux qui sont en train de se laisser gagner par des idées nauséabondes, les justiciers à la petite semaine ou les délinquants de bas étage. C’est un florilège de petites lâchetés, de veulerie et de trahisons, de mensonges et d’omissions commises par des gens ordinaires dont nous faisons partie. Heureusement, il y a des fulgurances d’entraide, de solidarité, des actes de bravoure et encore un peu d’amour. Voulais-tu nous dire que nous n’allons pas vers le beau mais que nous avons encore les cartes en main ?
Oui, à chaque instant, mais il me semble que ces cartes sont déjà en train de brûler… Et dans ta liste, je me permets d’ajouter les donneurs de leçons qui pullulent un peu partout.
Dans Qu’un sang impur, il y a des passages où l’écriture se fait épidermique, le rythme change, c’est saccadé, parfois une succession d’un ou deux mots et tu vas à la ligne, tout cela pour une décrire une scène ou un sentiment éprouvé par un personnage. C’est « disruptif » comme dirait l’autre et c’est extrêmement cinématographique, j’ai parfois pensé à The Thing, 28 jours plus tard ou Alien. Je sais que tu es un gros amateur de cinéma, quel rôle joue-t-il dans ton écriture ou ta préparation à l’écriture ?

En effet, il y a un clin d’œil à The Thing dans le roman et je me suis beaucoup amusé à « tordre » cette référence du cinéma fantastique. Je n’en dis pas plus mais je me suis vraiment amusé dans ce chapitre-là car j’avais la possibilité de faire cohabiter la paranoïa des personnages et l’aspect totalement absurde de leur situation. The Thing est l’un des films que j’ai les plus vus avec Aliens le retour et Pink Floyd The wall. Le cinéma et moi, ça remonte à l’adolescence : à 17 ans, j’avais déjà vu la plupart des films de Scorsese, Carpenter, Friedkin… et je ne m’en suis jamais remis, sans compter qu’après, il y a eu les films de Cameron et McTiernan, puis ceux de Kubrick, Boisset, Malle, Sautet, Melville etc. Au-delà du rythme et de la caractérisation des personnages, ce que j’ai appris du cinéma américain, c’est le sens du détail et le découpage de l’action : je ne suis jamais autant heureux en écriture qu’en écrivant un grand moment d’action car c’est un torrent d’émotions – complémentaires ou contradictoires – constitué d’une multitude de détails qu’il faut harmoniser, rendre fluide au maximum pour suggérer au mieux la simultanéité de toutes ces actions.
Dans ton roman, le monde bascule soudainement dans la barbarie et la folie. Tout va très vite et c’est crédible. On sent que tu as fait des recherches et que tu es documenté. Contrairement à d’autres romans qui ont plus ou moins mis les pieds dans ce thème d’effondrement, tu montres une chose assez agaçante, c’est l’incroyable résilience du capitalisme. Je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir des personnages incapables de modifier leur mode de vie et de pensée et qui par conséquent, sauvent la mise à ce système qui est pourtant leur premier prédateur. Syndrome de Stockholm ? Servitude volontaire ? Puissance de la propagande ?
Un peu tout ça à la fois. À l’époque du Covid et du confinement, beaucoup prédisaient l’effondrement du capitalisme et j’en rigole encore, car il ne s’est jamais aussi bien porté que pendant cette période-là. Tu te souviens ? En mai 2020, Uber a licencié 3 500 employés en visioconférence. Un clic, et hop ! 3 500 chômeurs de plus avec des gamins, des familles. Le capitalisme a cette férocité-là, ce qui lui garantit hélas une longue vie. Et encore, je dis « hélas » alors que je suis l’un de ses acteurs au quotidien, comme toi, comme nous tous. On est tous tenu par le capitalisme, même ceux qui prétendent le contraire. Mais si on est tous tenu par lui, on peut faire l’effort de rester cohérent avec soi et de ne pas se fourvoyer. C’est à nous de trouver comment composer avec lui : acheter d’occasion, pratiquer le troc, prendre en compte l’obsolescence programmée pour ne pas racheter du matos aussi cher, acheter les légumes au producteur ou les cultiver nous-mêmes si on en a la possibilité… il existe plusieurs façons de résister au capitalisme, qui reste éternellement lié au roman noir : plus le monde est en crise, plus il est féroce, plus il nous inspire des récits. Toujours ce paradoxe du « système » qui te fournit les armes pour pouvoir l’attaquer. Entre le capitalisme et l’humanité, c’est un jeu ambigu et sans fin : un jeu qui est au cœur de Qu’un sang impur.
Merci Michael d’avoir répondu à ces longues et nombreuses questions, je rappelle Qu’un sang impur est en librairie depuis hier.
Merci à toi. J’ai hâte de rencontrer les lectrices et lecteurs.
Je te renvoie le ballon… Superbe chronique, entretien au top, avec de vrais mots dedans. Bravo camarade, et merci !