
Presque vingt ans après avoir terminé l’écriture du Garçon en pyjama rayé que tant de personnes ont lu depuis, John Boyne a ressenti le besoin d’écrire la suite de la vie de Gretel, la grande sœur d’un héros bouleversant.
Cela aurait pu tomber complètement à plat tant les suites peuvent être périlleuses, mais ce nouveau roman apporte vraiment un complément très important à l’histoire de son frère et de sa famille tout en ajoutant un fil narratif brillant.
Gretel nous laisse entrer dans son intimité. Elle qui a tenu presque tout le monde à distance durant toute sa vie se dévoile peu à peu. De la très vieille dame vivant une période un peu compliquée en 2022, on la découvre adolescente en 1946 puis jeune femme en 1953.
Les années passent et alors que le camp où elle vivait s’éloigne de plus en plus, la culpabilité s’installe de force dans une existence qu’elle avait pourtant pris soin de verrouiller.
L’auteur sait parfaitement doser l’empathie, la colère, le dégoût que Gretel peut inspirer au lecteur tout au long du roman. Il nous confronte à une héroïne qu’il nous est impossible de classer dans la case des gentils ou celle des méchants, nous poussant parfois dans de douloureux retranchements.
Sa note en fin de roman est essentielle et dit toute l’importance de la fiction pour rendre palpable l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui n’ont plus de voix.
Si vous n’aviez pas encore lu Le Garçon en pyjama rayé, n’hésitez pas à le faire mais vous pouvez si vous le préférez découvrir celui-ci directement tant les talents d’écrivain de John Boyne rendent le chemin limpide pour des personnes découvrant cet univers romanesque.
Bref, faites comme vous voulez mais lisez John Boyne !
Traduit de l’anglais (Irlande) par Sophie Aslanides.
Aurélie.
La Vie en fuite, John Boyne, 331 p. , 22€90.