L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Chien 51, Laurent Gaudé (Acte Sud) — Nicolas
Chien 51, Laurent Gaudé (Acte Sud) — Nicolas

Chien 51, Laurent Gaudé (Acte Sud) — Nicolas

Je sais que les aficionados de Laurent Gaudé vont pousser des cris d’orfraie si je dis du mal de ce roman. Alors, je ne vais pas.

Dire du mal, je veux dire. Pas trop.

Pour intro, je suis, ou plutôt, j’étais, un lecteur assidu de SF il y a plusieurs paires d’années. À la poursuite des Slans et autres romans de Van Voght m’ont réjoui les neurones souvent. Très souvent.

Ray Bradbury et sa Foire des ténèbres, Isaac Asimov et Les courants de l’espace, entre des dizaines d’autres, Howard et la saga de Dune, et bien évidemment Philip K. Dick et Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?

Tu le connais ce roman, si tu as vu Blade Runner au cinéma.

Tous ces titres pour dire que je suis réellement et pour de vrai un lecteur de SF. À la base.

Laurent Gaudé, il a gagné le prix Goncourt en 2004, et je ne t’apprends rien. Le soleil des Scorta est, sans aucune hésitation, un très grand roman. J’ai été terriblement pas du tout convaincu par Terrasses, le fameux baiser si longtemps retardé. Vraiment beaucoup moins convaincu. Je me méfie toujours des surfages sur les vagues.

S’intéresser au polar, à travers la SF, donc de la dystopie, why not, comme disent les habitants du Royaume-Uni. Pas envie, donc, de juger de la pertinence de cette incursion. Et puis, qui suis-je pour juger de la pertinence des incursions ?

C’est pas parce que c’est à la mode que les auteurs doivent s’interdire de s’y incurser…

D’aucun, encore lui, nous explique quelque part que c’est un roman complexe. Et que c’est un polar de qualité, genre le roman a à lire absolument.

Why not, encore.

Il est évident que la qualité de l’écriture, la joliesse de la langue, concourent à nous faire aimer le roman, le style du roman et l’auteur du roman. C’est une écriture qui dit, qui raconte, et qui devrait nous donner à voir. Je dis bien qui devrait. C’est pas si fréquent, alors je le souligne. C’est donc, au premier regard, un bon roman dystopique. Au premier regard, ou à la première lecture.

Mais :

La littérature qu’on appelle blanche se targue, elle aussi, de nous entraîner dans l’imaginaire. Pourquoi pas, comme disent les francophones.

Pour faire court, et te donner l’idée de ce que tu vas trouver au milieu de ces pages, voila un petit pitch, comme ceux dont j’ai le secret.

On est en Grèce. Dans une grosse paire d’années. Zem Sparak vit dans une mégapole, privée, qui appartient à GoldTex. GoldTex, ils achètent des pays en faillite… Zem Sparak est flic. De ceux qu’on appelle « chiens », comme des gentils toutous au service du Maître. Il est chargé de faire les trucs que personne ne veut faire. Si ça te rappelle quelque chose, c’est normal. On vire les habitants, et on les regroupe dans des endroits genre mégapole (ou camps, c’est selon) où ils sont classés en fonction de leurs capacités à faire. Les élites (je sais…) sont dans une zone privilégiée. Les autres sont entassés ailleurs, dans une autre zone. Là encore, si ça te rappelle quelque chose, c’est normal.

Zem se drogue. Pas mal. Il veut retourner dans la ville qu’il connaissait avant tout ça. Quand il était encore un être humain. Et puis un jour, un meurtre. Je t’en dis pas plus, pas la peine.

Alors soyons franc du collier. Pas de bouleversement de la SF dans ce roman. Ça se lit bien, et c’est la moindre des choses quand on a lu Gaudé déjà. Parce que Gaudé écrit foutrement bien. Mais c’est tout.

Parce que tout est plat, convenu, sans surprise. L’histoire de la fille qui voudrait bien se taper le vieux flic… T’expliquer que le capitalisme n’est pas un système économique égalitaire…

Des dialogues à pleurer parce qu’à mille lieues de la vraie vie réelle de la réalité…

Je me souviens des piles dans les librairies de ce roman, parce que Gaudé.

Sérieux, les gens ?

Vous avez lu Blade Runner ? Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Je sais, je me répète.

Ce texte est juste un mélange de tous les thèmes de l’époque, le climat qui déconne, l’économie qui déconne, les gens qui déconnent… Et je n’aime pas trop la moussaka.

Relisez Gaudé, celui d’avant Terrasses, et vous allez comprendre pourquoi c’est un véritable écrivain. Là, il m’a perdu…

Un point de détail : Cédric Jimenez vient de sortir un film, un genre d’éponyme… Nonobstant le fait que j’ai souvent du mal avec les films français, avec les acteurs français (dont Lelouche), j’aurais pu faire un effort… Mais non. Jimenez est balèze en courses de bagnoles et autres actions nécessaires (à son avis sans doute) pour faire un bon film. Quant à rivaliser avec Blade Runner…

Et c’est tout ce que j’ai à dire sur ce roman.

Nicolas

Chien 51, Laurent Gaudé, Actes Sud, 304 p., 22€


 

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