L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Watership Down, Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture) — Cédric
Watership Down, Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture) — Cédric

Watership Down, Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture) — Cédric

Nous les hommes, souvent, on se compare à des moutons ou à des loups.

À des pigeons parfois.

Mais s’est-on jamais demandé à quoi se comparent les lapins ?

Dans Watership Down, nous suivons une bande de lapins qui décident de quitter leur garenne natale, car une menace approche.

Le meneur naturel, le courageux, le costaud, le timide… Chacun aura sa part à accomplir.

Parce qu’on comprend très vite qu’il faut s’adapter ou périr.

Impossible de ne pas penser à La Communauté de l’Anneau. C’est la même structure, la même dynamique :

– Le voyage périlleux.

– L’équipage fait de bric et de broc dont chaque membre a un rôle à jouer.

– L’amitié et la loyauté pour surmonter les épreuves.

– Le combat contre le mal.

– Une mythologie et un langage dédié.

Sauf que tout ne se joue pas à l’échelle de l’Anneau magique et de l’épée. Ici nous descendons à l’échelle du brin d’herbe.

Tout se déroule dans une tension contemplative permanente. Les moments de repos bucoliques, le bonheur simple de marcher dans l’herbe nappée de rosée matinale, la joie de découvrir un carré de trèfle bien frais, de profiter d’un rayon de soleil, sont vite malmenés par le retour à la réalité.

Il faut donc se faire violence. Car si l’aventure est au coin d’un pré, la mort aussi.

Dès lors, ce n’est pas facile de mener l’épopée quand on est au menu de la moitié du règne animal.

Pas facile quand on est un lapin, avec des mœurs de lapin et des habitudes de lapin.

Pas facile de s’éloigner de ce que l’on croit être un endroit sûr, même quand on pressent la menace qui approche.

Il faut à la fois planifier et improviser, être audacieux et stratège

Il faut s’ouvrir aux opportunités et surmonter les épreuves en s’inspirant des récits épiques des héros populaires.

Et tout ça pour des lendemains qui chantent.

Pour le bien commun.

C’est une épopée à hauteur d’herbe, mais chaque foulée est une lutte

Comme le disait Al Pacino sous les traits de Tony D’Amato dans L’enfer du dimanche :  »Soit nous guérissons aujourd’hui en tant qu’équipe, soit nous mourrons tous en tant qu’individu ».

Photo : Greenwood/ANL/Rex/Shutterstock.

Ceux d’entre vous qui se souviennent de la série The Walking Dead trouveront la même chose dans les grandes lignes. Doit-on composer avec des communautés utopistes qui se voilent la face ou subir le joug de régimes strictement militaires ?

Peut-on bâtir une société libre et juste, ou faut-il se résigner à la loi du plus fort ? En qui placer sa confiance, quand notre survie dépend de ceux qui nous entourent ?

La force de ce livre, c’est qu’on y retrouve des thèmes immenses et éternels (tyrannie, mort, liberté, destin collectif), autant de choses fondamentales pour les lapins comme pour les hommes.

Alors nous continuerons à nous prendre pour des loups, des lions ou des aigles, mais nous aussi, nous vivons dans nos  »garennes », quelles qu’elles soient, persuadés d’être en sécurité, jusqu’à ce que le monde extérieur nous rattrape.

C’est comme ça depuis le tout début.

Depuis la garenne originelle.

Depuis le ventre de nos mamans.

Traduit de l’anglais par Pierre Clinquart et Hélène Charrier.

Cédric.

Watership Down, Richard Adams, Monsieur Toussaint Louverture, 480 p., 20€50.

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