L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
De mort lente, Michael Mention, une plongée dans le pouvoir des lobbies (Belfond Noir) — Nicolas
De mort lente, Michael Mention, une plongée dans le pouvoir des lobbies (Belfond Noir) — Nicolas

De mort lente, Michael Mention, une plongée dans le pouvoir des lobbies (Belfond Noir) — Nicolas

Un roman paru en numérique…

Ou plutôt, un roman reparu en numérique, puisque sa version papier est sorti sans attestation au moment de nos joyeux confinements, et que personne, ou très peu de lecteurs, y ont prêté attention…

C’est ballot.

C’est ballot parce que ce roman devrait être étudié dès le cours préparatoire, en même temps que l’alphabet (du Grec alpha bêta)…

Je sais que c’est pas vraiment possible, mais ce qui m’étonne, c’est qu’on n’en a pas plus causé dans les milieux autorisés à causer de la littérature engagée qui cause de notre société.

C’est un roman, j’ai du mal à dire thriller, tu me connais, un roman donc, quasiment hypnotique. Une tension presque palpable qui s’insinue entre les lignes, insidieusement, et Michael a joué avec mes nerfs et mes émotions pendant toute la lecture.

Rapide, la lecture, puisque j’ai eu du mal à le lâcher pour faire autre chose.

Tu n’auras pas de répit. Tu vas retenir ton souffle, puis tu vas haleter un peu, et tu vas te rendre compte que ce roman te parle d’une troublante réalité sociale.

Une plume ciselée, mais je le savais déjà, un vrai style, et je le savais aussi.

L’écriture de Michaël Mention est une gifle littéraire, et tu es au courant, puisque Seb t’en a parlé il y a quelques jours. Son style est sec, percutant, parfois brutal, mais toujours d’une efficacité redoutable. Loin des digressions inutiles, chaque mot est pesé, chaque phrase est un coup de scalpel qui taille dans le vif.

Le rythme est rapide (pour ne pas dire effréné), les chapitres sont courts, nerveux, et donnent au récit une dynamique quasi cinématographique.

Michael Mention ne s’encombre pas d’artifices, et préfère une narration brute et immersive qui sert parfaitement l’ambiance poisseuse (je pèse mon mot) et réellement anxiogène.

Il a un talent rare : celui de dire beaucoup avec peu.

J’en connais qui devraient prendre exemple, et encore une fois, je ne vise personne…

Chaque dialogue est acéré, chaque description taillée au couteau, donnant une impression de réalisme troublante. Il parvient à nous faire ressentir la moindre angoisse de ses personnages, la lourdeur d’une pièce close, la moiteur d’une atmosphère étouffante. Ce réalisme exacerbé rend la lecture immersive, au point que tu auras parfois l’impression d’être aux côtés des protagonistes, à sentir leur peur et leur rage te traverser.

Avec De Mort Lente, Michaël Mention nous entraîne dans une histoire où le suspense (mot français) est omniprésent. L’intrigue, parfaitement construite, se déploie comme un puzzle macabre où chaque pièce s’imbrique à la perfection.

Dès les premières pages, tu vas être agrippé et Mention ne te lâcheras plus. L’atmosphère sombre et trouble t’entraîne dans un engrenage infernal, où la violence, le doute et l’urgence se mêlent de manière saisissante.

Sans jamais céder à la facilité, il construit une intrigue aussi tortueuse que captivante. Les fausses pistes sont distillées avec une rare maîtrise, et chaque révélation vient relancer ton intérêt. Il joue avec tes attentes, et t’entraîne là où tu ne pensais pas aller, pour finalement t’asséner des coups de théâtre aussi inattendus que glaçants.

Rien n’est laissé au hasard, et la tension monte crescendo jusqu’à un final qui te laisse sans voix, et surtout sans voie…

Si l’intrigue est solide, ce sont essentiellement les personnages qui donnent toute sa profondeur à De Mort Lente. Loin des figures stéréotypées, Michaël Mention brosse des portraits d’une humanité brute, où chaque protagoniste, qu’il soit héros ou anti-héros, respire la complexité et la profondeur psychologique.

Le personnage principal est marquant, rongé par ses propres démons, tiraillé entre son sens de la justice et ses propres fêlures. Son évolution est fascinante, et le voir lutter contre ses propres contradictions rend son parcours d’autant plus poignant. Loin d’être un simple enquêteur ou un héros lisse, il est hanté par un passé douloureux qui alimente chacune de ses décisions. Ses zones d’ombre en font un personnage particulièrement crédible et attachant.

Les personnages secondaires ? Chacun d’eux apporte une couche supplémentaire de tension et de mystère. Qu’ils soient alliés ou adversaires, ils sont tous travaillés avec minutie, contribuant à l’atmosphère suffocante du récit. Mention excelle dans l’art de donner une voix et une âme à ses personnages, en faisant de chacun un rouage essentiel de son histoire.

Pour finir, De Mort Lente possède une profondeur de propos qui sous-tend l’intrigue.

Michaël Mention ne se contente pas d’écrire une histoire : il en profite pour dresser un portrait au vitriol de notre société, en abordant des thématiques fortes et dérangeantes.

Souviens-toi que ce roman est sorti en 2020. Est-ce que les choses ont changé ?

Est-ce que c’est pire encore ?

À travers le prisme du polar (le roman social si cher à Monsieur Manchette), il interroge des sujets brûlants, tels que la corruption, la manipulation, la violence latente et les failles du système judiciaire.

La critique sociale est acérée, sans jamais être moralisatrice, et s’intègre naturellement au récit. Il ne s’agit pas ici d’un simple décor, mais bien d’un moteur narratif puissant, qui confère au roman une portée bien plus vaste que celle d’un simple livre sur le pouvoir de l’argent.

Michaël Mention explore les recoins les plus sombres de la condition humaine, sans jamais tomber dans le voyeurisme. Son regard est à la fois lucide et désabusé, mais il laisse entrevoir, parfois, une lueur d’espoir, aussi ténue soit-elle, et même si tu sais forcément que d’espoir, il n’y a pas.

Cette dualité entre noirceur et résilience rend la lecture encore plus captivante et marquante.

Pour finir, De Mort Lente est un roman qui secoue, qui bouscule et qui marque durablement. Avec son écriture tranchante, son intrigue implacable et ses personnages d’une intensité rare, Michaël Mention te balance un coup de poing dans la tronche, et c’est à la fois glaçant et captivant.

C’est un de ces livres que tu vas lire d’une traite.

De Mort Lente est un incontournable.

Michaël Mention est une plume incontournable.

À lire sans hésitation, mais en sachant que tu n’en sortiras pas indemne, et que tu vas forcément regarder ton verre et ta brosse à dents d’une manière différente. Ils nous empoisonnent depuis des décades, on le sait, et on ne sait pas quoi faire contre ça.

Et c’est tout ce que j’ai à dire sur ce roman.

Nicolas

De mort lente, Michael Mention, Belfond noir, 416 p., 20 €

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