L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Henua, Marin Ledun, un polar aux Marquises… (Série Noire) — Fanny
Henua, Marin Ledun, un polar aux Marquises… (Série Noire) — Fanny

Henua, Marin Ledun, un polar aux Marquises… (Série Noire) — Fanny

Henua est un voyage intense aux Marquises, une évasion façon polar pur jus, une histoire ilienne, multiple, haletante, marquante.

Prendre le temps long d’une enquête, comme le pouls de l’archipel, apprendre d’un territoire, bien loin de l’image convenue, voilà le pari totalement réussi de Marin Ledun.

J’ai aimé connaître la topologie des lieux, ses gens, la musicalité de la langue èo ènana, les rites et les usages sur Nuku Hiva, partir loin et rester proche du duo d’enquêteurs.

Le cadre du roman reste classique, comme le début d’une légende : un « colosse » gravit une montagne, chasseur de chèvres sauvages. Sur les flancs escarpés dominant le Pacifique, il découvre le corps sans vie d’une femme salement amochée, Paiotoka O’Connor.

Un « demi », Tepano Morel, est chargé de l’enquête, accompagnée par une ilienne du cru, Poerawa Wong.

Marin Ledun connaît les Marquises et c’est absolument délicieux.

Une île pouvant être tout à la fois une révélation et un retranchement volontaire — ou non- ; dans tous les cas, Nuku Hiva réunit différents mondes et Tepano Morel, cigarette Pall Mall quasi toujours au bec, va devoir tirer au clair les diverses vérités.

En prenant le temps de la gestation d’une enquête, l’auteur nous entraîne dans l’intensité des lieux, la diversité des rencontres humaines et le profond renouveau culturel marquisien.

Sauvegarde de la nature et résistance anticoloniale se glissent entre une morte à la liberté chevillée au corps et un vivant à la recherche de ses origines.

Henua est un polar précis, une enquête serrée au plus près des personnages, un hommage à l’archipel et ses voix puissantes.

« Morel saisit une graine de pôniu et la fait rouler entre son pouce et son index. Ovale et sans aspérité. (…) les yeux brillants, la femme lui raconte plusieurs anecdotes à propos de ces graines, leur symbolique, l’importance qu’elles revêtaient aux temps anciens dans la culture ènana. (…) Elle désigne sa bouche, puis sa tempe du doigt —Mon livre, c’est ma mémoire, et ma voix sert à transmettre à la mémoire de quelqu’un d’autre pour que rien ne se perde. (…) « 

🖤

Fanny.

Henua, Marin Ledun, Série Noire, 418 p. , 19€.

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