
Rosalie entame cette année 1917, loin d’une guerre qui fait rage. Elle vit dans le château de ses parents, au milieu d’un domaine viticole près de Perpignan. Sa mère l’a retirée de pension, elle reste à l’abri du monde, laissant passer les jours monotones tandis que sa mère a pris en main le vignoble, que son père et son frère se battent sans relâche. À presque 19 ans, sa vie lui semble bien trop protégée et déjà fanée.
Pourtant, un événement va bouleverser le cours de son existence. Un soldat en fuite demande asile au château, sa mère refuse et la jeune fille va être confrontée à une situation compliquée…
Avant d’ouvrir un livre de Gaëlle Nohant, on se demande toujours de quelle époque, de quel coin du monde, elle a décidé de s’emparer, quelle atmosphère elle va sublimer. C’est ici avec des mots parfaitement choisis, de ceux qui nous font voyager à travers le temps en une magie déconcertante, qu’on plonge dans ces destins malmenés par la Grande Guerre. L’émancipation féminine est au cœur de ce texte follement romanesque, elle côtoie la folie d’un conflit si absurdement meurtrier, les restes d’une société corsetée qui se fendille de plus en plus devant l’évidence de l’essoufflement du vieux monde.
Rosalie grandit enfin, portée par l’art qui tient en ces pages une place lumineuse et essentielle, par les épreuves qui se succèdent durement et par la force que lui donne une rencontre inattendue.
Gaëlle Nohant emprunte aux romans victoriens la mélancolie, l’innocence et les grandes aspirations de Rosalie tout en allant piocher du côté des petites gens qui faisaient les héros de Zola. Pour moi, grande amoureuse de ces deux genres, c’est vraiment le cocktail parfait pour porter une histoire aussi belle que celle qui nous est offerte.
Ce fut un vrai bonheur de retrouver une nouvelle fois la plume si délicate de l’autrice. J’ai lu tous ses romans et me réjouis de voir que son œuvre continue à se construire dans une diversité de thèmes joyeuse où perce toujours l’exigence de Gaëlle Nohant envers elle-même pour un enchantement toujours plus grand de ses lecteurs.
Aurélie.
L’Homme sous l’orage, Gaëlle Nohant, L’Iconoclaste, 21€90.
