L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
La Nuée des âmes : Un Voyage à Travers l’Obscurité, Mike McCormack (Grasset) — Margot
La Nuée des âmes : Un Voyage à Travers l’Obscurité, Mike McCormack (Grasset) — Margot

La Nuée des âmes : Un Voyage à Travers l’Obscurité, Mike McCormack (Grasset) — Margot

Encore un roman d’un auteur irlandais, surprenant dans la forme et le propos.

Encore un roman qui nous emporte en vortex intérieur, collectif, sans frontières tant il nous parle de la fragilité de la vie, des liens aux autres, au réel, aussi, du chaos intime et sociétal (pris en étau entre illusions, agitation de fantômes, mensonges et autoritarisme). Encore un texte qui frôle la dystopie au point de nous rappeler que c’est le réel qu’il nous décrypte pour mieux éclairer nos âmes torturées, inquiètes, impuissantes et désemparées.

Ayant adoré lire D’os et de lumière qui emportait les lecteurices par son souffle, étourdissant par sa sincérité et sa profondeur, on se sent obligé de se laisser à nouveau emporter par ce roman. Aussitôt vu, aussitôt fait.

D’entrée, je crois qu’on est beaucoup à penser à des films de David Lynch, pour les liens fous entre les choses, le dédoublement de soi et du temps, sans forcément mensonge ou schizophrénie, hantises incarnées et pensées hantées, paradoxes fantomatiques, folie furieuse et folie douce mises en mots qui atteignent nos plus profonds états d’âmes.

La lecture de ce roman noir qui traite tout en mystère et démultiplication du réel, de la parano à grande échelle, est-elle nécessaire ? À vous de juger…  Mais on ne peut qu’être intrigué.

Et une fois ouvert, oui, il est difficile à lâcher ! Car on se sent envoûté par ce langage pur, simple, mais acéré, plein de philosophie, de rage, de poésie, sans besoin de chronologie linéaire, ajusté à l’atmosphère noire ambiante – oui, celle du roman, mais celle du réel aussi, il faut bien l’avouer.

Et cette lecture peut être une saine descente dans les ténèbres de la pensée, dans un labyrinthe d’états d’âme d’un protagoniste hanté par son passé et qui, sous la pression d’appels d’un inconnu, de forces extérieures, de petits fragments d’autres vies essaie de donner un sens à ce qui s’est passé avant et à ce qui est à venir, avec en fond le conflit politique et l’Irlande.

La quatrième de couverture sait, il faut bien l’avouer, dire quelles nuances et méandres vont nous alpaguer.

Six ans après la publication de son chef-d’œuvre D’os et de lumière, nous retrouvons le grand écrivain irlandais avec un roman inoubliable, entre thriller psychologique et évasion poétique.
Lorsque Nealon rentre chez lui, sa maison est vide et son téléphone se met à sonner. L’homme au bout du fil prétend le connaître, il aimerait le rencontrer pour discuter face à face. Mais alors que Nealon s’apprête à mettre fin à cette discussion absurde, le mystérieux interlocuteur lui fait comprendre qu’il est actuellement en train de l’observer. Qu’il devrait éviter de rester ainsi, assis dans le noir.

À partir de ce moment, l’homme ne va plus arrêter d’appeler Nealon pendant que celui-ci erre de pièce en pièce dans cette maison devenue étrangère. Un lieu presque vide, mais qui cache pourtant les souvenirs d’une vie déjà lointaine : sa femme Olwyn, leur fils Cuan, la routine d’une famille avant que Nealon ne soit arrêté et mis en prison.
Le téléphone sonne à nouveau, l’homme semble connaître tous les détails de ce quotidien brisé. Les disputes du couple, les motifs de l’incarcération, puis la libération après l’acquittement. Nealon nie en bloc, même s’il est intrigué, et il accepte finalement de le rencontrer pour en savoir plus. Cependant, alors qu’il est en voiture pour le retrouver, un flash à la radio annonce une attaque terroriste imminente sur le sol irlandais. Est-ce vraiment une coïncidence ? La vérité peut éclater à tout moment, surgir du hasard ou du plus profond de nos âmes, ou encore de la longue discussion que Nealon se prépare à avoir avec l’étrange inconnu…

À la croisée des genres littéraires, La nuée des âmes est à la fois un roman à suspense et une introspection mystique à la quête de sens. Mike McCormack met en œuvre tout son talent de styliste et de conteur pour jouer avec ses lecteurs le temps d’une expérience romanesque unique.

Quelques mots :

Il y a ce qu’on sait qu’on sait, dit-il, et ce qu’on sait qu’on ne sait pas, le connu connu et l’inconnu connu. Mais il existe d’autres choses qui présentent des problèmes très réels, il s’agit de l’inconnu inconnu, tout ce que nous ne savons pas que nous ne savons pas.

…rester silencieux n’est pas aveu de culpabilité.

Parfois on n’est pas conscient des choses qu’on sait ou de la valeur de ces choses. Mais je vais te dire : il y a une grande pénurie d’imagination, tu ne peux pas le sous-estimer.

– Comment le saurais-je ? J’ai constaté qu’il n’y avait pas pénurie de bêtise.

Et le labyrinthe devient lumière crue en un twist final où chaque pièce de ce puzzle mis en récit tient sa place et fait sens.

Traduit de l’anglais (Irlande) par Nicolas Richard.

Margot

La nuée des âmes, Mike McCormack, Grasset, 224 p., 20€90.

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