L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Tumiqa, Nicolas Di Meo : l’harmonie des glaces (La Veilleuse) — Fanny
Tumiqa, Nicolas Di Meo : l’harmonie des glaces (La Veilleuse) — Fanny

Tumiqa, Nicolas Di Meo : l’harmonie des glaces (La Veilleuse) — Fanny

Il existe de petites perles, de petits espaces de vagabondage, dans une rentrée littéraire toujours dense, comme Tumiqa de Nicolas Di Meo aux éditions La Veilleuse.

En mars 2023, l’auteur suisse fait une résidence d’écriture sur un ancien remorqueur, Le Manguier, un nom plutôt exotique pour ce bateau pris par les glaces sur cette côte ouest du Groenland.

Nicolas Di Meo ne repousse pas les frontières comme une Ella Maillart, il ne cherche pas à se confronter à l’inconnu.

Le Manguier est une base pour explorer ses souvenirs, rencontrer les légendes inuites, se caler sur la beauté nue d’un territoire, se laisser éclairer par les aurores boréales puis dire au revoir à tout ce qu’il lui reste de son héritage parental, du père ouvrier, de la mère aventurière puis évanescente, de leur maladie, de leur amour, de son adolescence écorchée.

Il n’y a rien de glorieux à s’enfiler une combinaison orange comme un Casimir délavé pour marcher jusqu’à Aasiaat, acheter de quoi faire des lasagnes à l’équipage. Pourtant l’écrire, c’est se mettre à nu, sans artifice, ne pas chercher à impressionner dans un monde qui aime tant ça, cette image de l’aventurier.

Il y a dans Tumiqa cette resplendissante harmonie composée de ses rencontres, du rythme des glaces, de ce qui reste du passé, de ce que les belles gens de la baie de Kaasarfik lui apprennent directement ou indirectement.

Tumiqa est l’empreinte sensible d’un passage sur une partie mouvante du monde, c’est un deuil filant entre les glaces, d’un auteur pris dans la gratitude de cet instant.

« (…) J’avais fait le tour de la ville, puis du canton, puis plus loin encore. En été, c’était le bonheur absolu. Je partais voir les lacs, les forêts et les bancs de pierre encastrés au bord des routes que personne n’utilisait. C’est à ce moment précis que s’est forgé mon besoin d’expression. Il y avait eu tant de situations frustrantes où j’avais courbé le dos, où j’avais voulu devenir invisible, que cela avait créé en moi un besoin irrépressible de rattraper le temps perdu et de me redresser. « 

Fanny.

Tumiqa, Nicolas Di Meo, La Veilleuse, 154 p., 17€.

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